Au Saguenay, on peut attendre jusqu'à trois mois avant qu'un plombier réponde à l'appel. En Abitibi, au Témiscamingue et sur la Côte-Nord, c'est encore pire. En plus d'un manque de main-d'oeuvre, le territoire est si vaste qu'il n'est pas rare de devoir patienter encore plus longtemps.

Au Saguenay, on peut attendre jusqu'à trois mois avant qu'un plombier réponde à l'appel. En Abitibi, au Témiscamingue et sur la Côte-Nord, c'est encore pire. En plus d'un manque de main-d'oeuvre, le territoire est si vaste qu'il n'est pas rare de devoir patienter encore plus longtemps.

Comment expliquer cette pénurie? Les métiers de la construction ont connu un creux de vague historique en terme d'heures travaillées entre 1992 et 1997. Durant cette période, plusieurs plombiers ont décidé d'abandonner le métier et de se recycler.

«On a perdu beaucoup de main-d'oeuvre pendant ces cinq années inoubliables», se souvient Robert Brown, directeur général de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ). Incidemment, moins de jeunes ont eu le goût de devenir plombier et les écoles se sont vidées.

Juste retour du balancier, la situation de l'emploi dans le secteur de la construction a été inversée dès le second semestre de l'année 1997. La demande s'est alors corrigée, faisant un bond fulgurant, qualifié de record historique.

On avait dès lors un besoin urgent de plombiers dans toutes les sphères d'activité. Presque tous les secteurs, à l'exception du lucratif segment commercial et industriel, ont été touchés. Dans le domaine du génie civil et de la plomberie résidentielle, on a fortement écopé.

«Nous ne disposons d'aucune baguette magique pour inculquer les rudiments du métier à vitesse grand V aux candidats de la relève», confie le porte-parole du CMMTQ. Former de nouveaux candidats au DEP en plomberie prend du temps. Et une fois le diplôme en poche, l'apprenti-plombier doit travailler, à titre de compagnon, 8000 heures avant d'aspirer au titre et à un classement. Ce protocole, bien que pleinement justifié par le CMMTQ, a cependant freiné l'entrée en fonction de plombiers sur les chantiers.

Afin de garantir leur avenir sur le marché du travail, beaucoup d'étudiants en plomberie ont préféré choisir un champ d'expertise les mettant à l'abri des cycles de l'économie. Le secteur commercial et industriel procure cet avantage. La demande dans ce secteur demeure en tout temps élevée.

Mais il y a un hic. L'expertise acquise dans cette concentration n'est pas exportable. Le plombier du secteur commercial et industriel ne peut exercer son métier dans le secteur résidentiel.

Selon M. Brown, il faudra attendre huit bonnes années avant que la situation revienne à la normale. Amplement le temps pour les bricoleurs de se faire la main...