La tragédie de Lac-Mégantic a profondément changé la perception du transport ferroviaire, remettant en question la sécurité aux abords des voies ferrées. Alors qu'une diversification des activités et une plus grande densité sont encouragées près des gares, de nouvelles pratiques sont envisagées.

Observant la transformation accrue de propriétés à vocations industrielle et commerciale en propriétés résidentielles, près des voies ferrées, la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et l'Association des chemins de fer du Canada (ACFC) se sont penchées sur la question afin de faciliter le bon voisinage.

Les deux organismes ont mis à jour leurs lignes directrices en ce qui concerne les aménagements résidentiels à proximité d'installations ferroviaires. Celles-ci ont été présentées en mai 2013, quelques semaines avant le déraillement du train qui a dévasté le centre-ville de Lac-Mégantic.

Ce guide de référence propose des normes d'aménagement et de construction afin de réduire les nuisances générées par les activités ferroviaires, comme le bruit et les vibrations, et assurer la sécurité. Des marges de recul sont ainsi suggérées, allant de 30 m pour une voie ferrée principale jusqu'à 300 m à proximité de gares de triage pour tout nouvel usage sensible (bibliothèque, centre d'hébergement et de soins de longue durée, centre de réadaptation, école, garderie, etc., dont la clientèle a besoin d'assistance en cas d'évacuation).

Dans le cas du Train de l'Est, le tronçon nord-est est la propriété de l'AMT. Le trajet d'environ 13 km reliant les gares Repentigny, Terrebonne et Mascouche est donc réservé au transport des passagers de l'AMT, confirme Fanie St-Pierre, porte-parole de l'organisme de transport métropolitain de la région de Montréal. Le tronçon montréalais de la ligne est la propriété du CN, à l'exception des voies aux abords et à l'intérieur du tunnel Mont-Royal, qui appartiennent à l'AMT et servent également à la ligne Deux-Montagnes.

«Il y a un gros bémol sur le potentiel de l'implantation des fameux TOD près des voies ferrées après ce qui s'est passé à Lac-Mégantic, observe Pierre-Jacques Lefaivre, vice-président au développement du Groupe Mach, propriétaire entre autres de terrains à proximité des gares Saint-Michel-Montréal-Nord et Saint-Léonard-Montréal-Nord. Cela a créé une douche froide auprès du Centre de sécurité civile.»

Des projets pourraient même être mis sur la glace, appréhende-t-il.

Un par un

Les lignes directrices de la FCM et de l'ACFC sont méconnues, tempère Russell Copeman, maire de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce et responsable notamment de l'habitation et de l'urbanisme au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal. «Certaines mesures de mitigation sont proposées pour des usages sensibles, pas une interdiction de construction, précise-t-il. Elles suggèrent une analyse projet par projet, sur la viabilité de constructions près de voies ferrées.»

«Il faut éviter le mur à mur, poursuit-il. Si la ligne du chemin de fer est droite et qu'il n'y a pas de pente, il est possible de construire du résidentiel à moins de 30 m. C'est à nous de l'évaluer.»

Ce débat soulève la question de la gestion du transport des matières dangereuses, qui ne relève pas des instances municipales, indique-t-il. Le schéma propose donc de faire des représentations auprès des gouvernements et de transporteurs afin, notamment, de resserrer la réglementation, réaliser des plans d'intervention d'urgence et formuler des exigences minimales en matière de sécurité applicables à l'ensemble du territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.