À Montréal et en banlieue, les tours d'habitation sont attrayantes avec leurs piscines, leurs terrasses et leurs centres de conditionnement physique bien équipés. Loin de se ressembler, ces endroits de mieux en mieux aménagés deviennent des lieux de rassemblement très appréciés. Tour d'horizon des espaces communs qui font tourner les têtes.

Jenyfer Maisonneuve a acheté son condo dans la cinquième phase du Solano, dans le Vieux-Montréal, deux ans avant que l'immeuble ne soit construit. Heureuse qu'il y ait une piscine intérieure et une piscine sur le toit, c'est surtout le futur jardin qui a capté son intérêt.

La jeune femme a opté pour un studio de 500 pi² au rez-de-chaussée, donnant sur la cour intérieure. Elle s'en félicite aujourd'hui, car elle ne se sent pas à l'étroit sur sa terrasse privée, ouverte sur le jardin aménagé pour tous les copropriétaires. C'est pratiquement devenu une pièce supplémentaire l'été. Et cela ne la dérange nullement lorsque des voisins viennent profiter des lieux.

«C'est très agréable, dit-elle. Cela me permet de discuter avec eux.»

Au cours des 10 dernières années, les espaces aménagés à l'intention des copropriétaires, dans les complexes d'une certaine importance, ont évolué à mesure que les logements ont rapetissé, constate Mathieu Collette, directeur des études de marché du condo au sein du Groupe Altus.

«Ils sont perçus comme l'extension des appartements, précise-t-il. Les acheteurs sont prêts à concéder des pieds carrés pour avoir des aires communes intéressantes.»

Variant d'un endroit à l'autre, celles-ci sont directement reliées à la clientèle ciblée et à l'envergure du projet.

«S'il y a à peine 35 condos, les espaces communs ne pourront pas être très élaborés, indique Stéphane Côté, président de DevMcGill, qui réalise notamment les complexes M9et Castelnau, à Montréal. Le coût à l'achat et les charges de copropriété seraient très élevés.»

Ce qui est recherché? Une salle de conditionnement physique, d'abord et avant tout, constate-t-il. Une piscine, une terrasse avec des barbecues pour manger dehors et un salon des copropriétaires pour lire, relaxer et socialiser sont aussi très populaires.

«Cela devient comme à l'hôtel, précise M. Côté. Les gens ne restent pas dans leur appartement et profitent des services offerts dans l'immeuble. Ceux-ci, par contre, doivent être bien faits, avec des équipements de qualité et une belle vue ou un bon ensoleillement, pour que ce soit agréable. Sinon, ils seront peu utilisés.»

Chercher le bon équilibre

Les 11 immeubles du complexe Lowney, dans Griffintown, ont connu du succès en grande partie grâce à leurs terrasses sur les toits et leurs chalets urbains, qui se sont raffinés au fil des phases, souligne Jacques Vincent, coprésident de Prével.

Il poursuit donc sensiblement dans la même veine avec le Lowney sur Ville, qui comptera à terme environ 500 condos répartis dans 4 immeubles.

«Ces espaces sont devenus incontournables, note-t-il. Les jeunes, autant que les acheteurs expérimentés de 45 ou 55 ans, les recherchent. Il faut par contre tenir compte des coûts. Le secret est de les répartir sur plusieurs unités. On ne fera pas une piscine intérieure, par exemple, s'il n'y a pas assez de monde, alors qu'une piscine extérieure, ouverte quelques mois par année, ne coûte pas très cher.»

Le Lowney était situé à ses débuts dans un secteur où tout était encore à faire. Les espaces communs ont permis d'attirer une clientèle jeune un peu pionnière au budget serré, qui a accepté d'habiter dans des microcondos abordables, parce qu'elle n'y était pas confinée.

Dans Le Triangle, près des stations de métro Namur et De la Savane, les promoteurs ont aussi rivalisé d'imagination pour compenser pour le vide ambiant. Quand les premiers condos du complexe Rouge ont été mis en vente, rue Jean-Talon Ouest, près du boulevard Décarie, il n'y avait pas grand-chose autour, se souvient Sam Scalia, président de Devmont.

«Il y avait un plan de revitalisation, mais nous étions trois ou quatre ans en avance, indique-t-il. Nous avons attiré une clientèle âgée de 25 à 40 ans avec notre pavillon Fusion, de deux étages et une terrasse de 3800 pi² sur le toit. Quand il a été inauguré en décembre 2011, les gens avaient une place pour faire de l'exercice, relaxer et se divertir.»

«On s'inspire de ce succès pour créer des espaces communs encore plus spacieux et un peu différents pour les phases 5 et 6 à venir», poursuit-il.

Leur propre personnalité

Il n'y a pas de recettes toutes faites. Dans Griffintown, par exemple, les espaces communs du District Griffin sur Peel différeront de ceux du District Griffin sur le Parc, situés à quelques rues l'un de l'autre. Chaque complexe a en effet sa propre identité, que les espaces communs contribuent à forger.

«Sur Peel, l'environnement sera très dynamique avec une multitude de services, indique Marco Fontaine, directeur principal des ventes et du marketing pour le volet résidentiel de Devimco. Sur le Parc, l'environnement sera plus tranquille pour plaire à des gens qui désirent vivre dans un environnement plus zen. Il y aura évidemment une piscine sur le toit. C'est devenu une norme dans Griffintown.»

Le phénomène se propage de plus en plus loin en banlieue, à mesure que s'y multiplient les complexes en copropriété.

À Mirabel, le fait d'offrir une piscine extérieure et un chalet urbain avec une salle d'entraînement a permis au complexe Cité 7 de se distinguer, estime Frédéric Dankoff, président de Construction Danam Bonzaï. «Si on construit plus de 100 condos, ces installations valent l'investissement, qui est d'environ 750 000$», dit-il.

Aussi une piscine et un chic chalet urbain baptisé Glämm font-ils partie intégrante du complexe Luxxcité, en construction dans la Cité de Mirabel, qui englobe le complexe commercial Premium Outlets. Attrayants, ils promettent la touche de luxe recherchée par une clientèle grandissante, de tous les âges.

Jenyfer Maisonneuve a acheté son condo dans la cinquième phase du Solano, dans le Vieux-Montréal, deux ans avant que l'immeuble ne soit construit.