Les constructeurs de bâtiments résidentiels de trois étages ou moins devront, dès le mois de juillet, se conformer à de nouvelles exigences d'efficacité énergétique qui rejoignent, grosso modo, les normes Novoclimat.

Ces nouvelles pratiques permettront une économie d'énergie de 25% comparativement à une construction traditionnelle.

Mais attention, soulignent les spécialistes: les nouvelles normes ne sont pas assorties d'inspections. La vigilance est donc plus que jamais de mise.

«La force du programme Novoclimat repose sur les inspections et le test d'infiltrométrie, soutient Olivier Bourgeois, porte-parole d'Option consommateurs en matière d'énergie. Si on veut que le parc immobilier possède cette norme de qualité, il faut un test fait par une partie neutre, au moins sur un certain pourcentage des nouvelles constructions. Les tests donnent une assurance de qualité.»

Le test d'infiltrométrie permet d'évaluer la qualité d'étanchéité d'une maison: le nombre de changements d'air à l'heure qui s'y effectue, mais aussi le degré de gravité des fuites d'air.

On veut des tests

Les gens d'Écohabitation demandent qu'un échantillonnage de 10% des nouvelles maisons passe au test d'infiltrométrie et que les contrevenants soient inspectés plus souvent. Le directeur Emmanuel Cosgrove craint que des promoteurs moins consciencieux nivellent par le bas. «Simplement avec une isolation accrue et de bonnes fenêtres, on n'a pas la recette de l'efficacité énergétique, explique-t-il. Ceux qui négligent l'étanchéité vont avoir des problèmes pires qu'avant. Ils vont poser du polystyrène extrudé pour couper les ponts thermiques, selon la nouvelle norme, et des fuites d'air non colmatées pourront apporter de l'humidité qui restera piégée sous ce matériau et feront pourrir la structure de bois.

«Par ailleurs, nous sommes déçus que la nouvelle norme ne concerne que les constructions résidentielles de trois étages et moins», ajoute M.Cosgrove.

Patrice Gingras, conseiller technique senior chez Legault-Dubois, experts en bâtiment, donnera des formations, d'une durée de trois heures, aux entrepreneurs désireux de bien comprendre les nouvelles normes. «Je leur conseillerai de procéder à des tests d'infiltrométrie par échantillonnage, confie M.Gingras, pour vérifier la performance énergétique de leurs constructions. Un promoteur pourrait tester une maison sur dix, par exemple, ou encore les nouveaux modèles de maisons.» La visite du technicien en efficacité énergétique demande du temps? «Pas plus que celle du plombier ou de l'électricien, répond M.Gingras. D'autres pays le font, pourquoi pas nous?»

André Bourassa soutient que le pas en avant du ministre Arcand, tout positif qu'il soit, doit être suivi d'autres avancées encore. «On devrait exiger qu'une maison ait une cote énergétique raisonnable, plaide-t-il. Les maisons surdimensionnées et très fenestrées ne sont pas efficaces énergétiquement. Si quelqu'un veut beaucoup de fenêtres, il devrait compenser par des murs plus épais ou une maison plus petite.»

Bon coup: la ventilation

Un des bons coups de la nouvelle réglementation, souligne Patrice Gingras, c'est l'installation obligatoire d'un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC), une pratique qui était jusqu'ici laissée à la discrétion des municipalités. La moitié seulement en faisaient une obligation.

Olivier Bourgeois renchérit: «Nous souhaitons aussi l'obligation de fournir à un nouvel occupant l'information sur l'entretien du système de ventilation, trop souvent négligé.»

Sachez ce que vous achetez!

L'idéal est encore d'acheter une maison dûment «certifiée» Novoclimat, estiment les experts. D'autres certifications sont tout aussi fiables, comme Leed Canada, qui signifie que les maisons sont 30% à 70% moins énergivores, ou Passihaus, encore très rare, environ 90% moins énergivore. Si la maison n'est pas certifiée, on peut demander au vendeur s'il a fait un test d'infiltrométrie. On peut aussi lui demander la cote énergétique de la maison.