Vu la rareté des terrains sur le territoire de la Ville de Québec, il devient judicieux de bien penser les espaces qui restent, d'y créer des unités d'habitation respectueuses de l'environnement, mais qui offrent en même temps une grande qualité de vie aux occupants.

C'est du moins dans cet esprit que travaille l'architecte Éric Pelletier, à qui l'on doit entre autres la bibliothèque de Charlesbourg, conçue il y a quelques années en collaboration avec son associée de l'époque, Marie-Chantal Croft. Aujourd'hui, Éric Pelletier possède sa propre firme d'architectes.

 

Le projet de cinq unités de condo qu'il est en train de réaliser rue Turgeon, au centre-ville de Québec, a été dessiné à partir d'une réflexion essentielle. «Qu'est-ce qui fera la qualité de cet espace de vie? Et cette question fondamentale est à la base de tous mes projets, qu'ils soient grands ou petits», précise-t-il.

En entrevue, l'architecte explique qu'il y a toujours un défi à intégrer une construction récente dans un pâté d'immeubles où les maisons datent de 100, 150, voire 200 ans. Dans la portion de la rue Turgeon comprise entre Christophe-Colomb et Arago, «l'architecture en place s'est faite avec une économie de moyens, dit-il, parce qu'à l'origine, il s'agit d'un quartier ouvrier où l'on a construit de simples maisons à toit mansardé et des blocs de deux étages à toit plat».

Facture contemporaine

Or, l'immeuble de cinq condos dont il finalise les plans est de facture contemporaine, tout comme le loft Cournoyer, à deux pas de là, qu'il a aussi dessiné. «Quand on m'a confié ce mandat, j'ai tout de suite su qu'il y aurait une parenté de style entre les deux immeubles parce qu'ils sont à angle dans la rue. Sans être un copier-coller, mon approche a été de maximiser les espaces, d'y faire entrer la lumière, car je préfère une grande fenêtre qui donne sur un jardin qu'une toute petite fenêtre pour donner de la place à un écran plasma. Mais, au départ, tout projet de construction en est un d'exploration et de réflexion, ajoute l'architecte. Dans celui de la rue Turgeon, nous avions des contraintes de hauteur, de largeur, d'aire de stationnement, de budget. Et ce sont tous ces éléments qui nous ont amenés à produire quelque chose d'unique en lien avec la richesse du quartier.»

De plus, pour favoriser la mixité des clientèles, Éric Pelletier a choisi d'inclure deux condos de trois chambres à coucher qui se partagent le rez-de-chaussée et un sous-sol surélevé. Au deuxième étage, il a prévu un studio et un logement de quatre pièces et demi, alors que le dernier étage est réservé pour un loft. Ce qui signifie que des familles trouveront à se loger au rez-de-chaussée, et que des célibataires et des couples sans enfants pourront occuper les étages.

Une donnée intéressante dans un quartier où se regroupent désormais des familles de longue date, des immigrants, des étudiants ainsi que de jeunes couples.

Des styles authentiques

En matière de design, Éric Pelletier dit aimer tous les styles pourvu qu'ils soient authentiques, et ce, même si sa préférence va au contemporain. À ses yeux, le style contemporain s'intègre partout quand on prend la peine de marier les matériaux, les finis, les teintes avec l'environnement.

Le mot écoresponsabilité fait aussi partie de son vocabulaire. «Un projet réussi ne se résume pas à une belle architecture, dit-il, ça suppose une réflexion sur les matériaux, la qualité des lieux, de l'air et de la lumière. Et construire vert ne se conjugue pas nécessairement avec la certification LEED, souligne Éric Pelletier. On peut très bien s'imposer de très hauts standards écologiques sans suivre toute la démarche LEED.»

Les projets auxquels lui et son équipe se consacrent s'articulent autour de préoccupations provenant de plusieurs ordres : l'analytique, le littéraire et le cinématographique, le sensible et le matériel. Et ces constructions s'inscrivent dans une recherche contextuelle qui tient compte aussi bien de la ville et de son histoire, du paysage et de son impact que des impératifs du design lui-même, dans toutes ses formes et à toutes les échelles.

lfournier@lesoleil.com