L'Estérel, un des hôtels les plus populaires des Laurentides dans les années 70, devient une copropriété hôtelière. Propriétaire du domaine, la famille Simard-Zarbatany a décidé d'agir pour stopper le déclin de l'établissement. Avec de nouveaux associés et l'apport d'investisseurs, qui achètent les chambres, elle veut lui donner une seconde vie.

«La définition du luxe a changé, explique Shawn Zarbatany, le petit-fils de Fridolin Simard, qui a fondé la ville d'Estérel en 1959 et construit l'hôtel Estérel sur les bases du Sporting Club Estérel, conçu dans les années 30 par l'architecte Antoine Courtens.

 

«Être à la campagne au bord d'un lac ne suffit plus, précise l'homme d'affaires de 39 ans. Les vacanciers désirent des chambres spacieuses et des grandes salles de bains. Et ils veulent avoir accès à divers services, dont ceux d'un centre de santé.»

La société Simco, détenue à parts égales par Shawn Zarbatany, son père Donald Zarbatany et sa mère Hélène Simard-Zarbatany, ne pouvait seule donner le coup de barre nécessaire. Elle s'est donc associée à Gestion hôtelière Revpar pour métamorphoser l'hôtel et tirer profit de son emplacement privilégié au bord du lac Dupuis.

«Le potentiel est extraordinaire, croit Luc Desmarteau, un des trois partenaires au sein de Gestion hôtelière Revpar. Un site comme celui-ci, bordé par deux lacs et un terrain de golf, à une heure de Montréal, on n'en trouve plus. Il comprend tous les éléments d'une formule gagnante.»

L'ambitieux projet de revitalisation comporte cinq phases. La première, dont les travaux devraient débuter ce mois-ci, prévoit la métamorphose du bâtiment original. La structure, de style moderne, sera conservée et épurée. Mais l'intérieur sera méconnaissable, avec ses chambres entièrement rénovées et ses suites donnant sur la plage. Un centre de santé avec un spa nordique s'ajoutera au nouveau centre de congrès, à la salle de banquet et au restaurant, qui auront une vue splendide sur le lac.

Aux 94 chambres devraient se joindre, vers 2012, 80 autres chambres. Celles-ci seront aménagées dans un deuxième bâtiment, relié au premier. Une piscine surtout extérieure, chauffée à l'année, s'y greffera. «Il reste 80 acres à aménager, souligne Shawn Zarbatany. Au terme des deux premières phases, l'hôtel comprendra environ 170 chambres. Des suites et des résidences de prestige devraient ensuite être construites.»

Pour mener à bien un tel projet, des investissements majeurs, de l'ordre de 150 millions, sont nécessaires. Entrent en jeu Luc Desmarteau et ses deux associés, Jean Beaulieu et François Dallaire, qui ont transformé l'Auberge Estrimont, à Orford, en l'hôtel de villégiature Estrimont Suites&Spa. Ils ont mis au point leur propre formule de copropriété hôtelière, qui assure un revenu mensuel fixe aux copropriétaires. Ils appliqueront cette formule à l'Estérel.

La Ville d'Estérel accueille favorablement la rénovation de l'hôtel. Mais avant de recevoir toute demande de permis, elle a mis à jour sa réglementation de zonage pour le secteur commercial englobant l'hôtel et le golf, intouchée depuis les années 60. Car la renaissance de l'hôtel, même si elle bien vue par la population, doit se faire en respectant l'environnement et une certaine esthétique architecturale.

«L'hôtel est situé sur les berges d'un lac et il est important qu'il ne soit ni trop massif, ni trop illuminé la nuit, ni trop bruyant, explique le maire», André Nadeau.

Selon lui, le projet est très intéressant. «L'hôtel fait partie de l'histoire de l'Estérel et il est associé à son image, précise-t-il. Ce sera agréable pour les citoyens d'avoir accès à des services additionnels comme un bon restaurant, un bistro, un spa et des salles de réunion. Tous y trouveront leur compte.»