L’ancienne usine GM, à Boisbriand, n’est plus qu’un souvenir. À l’intersection des autoroutes 15 et 640, Cherokee et ses partenaires canadiens innovent en aménageant à la place un quartier résidentiel vert, lié de près à un secteur commercial et industriel. Le but: réduire la dépendance à l’automobile et fournir une excellente qualité de vie.

L’ancienne usine GM, à Boisbriand, n’est plus qu’un souvenir. À l’intersection des autoroutes 15 et 640, Cherokee et ses partenaires canadiens innovent en aménageant à la place un quartier résidentiel vert, lié de près à un secteur commercial et industriel. Le but: réduire la dépendance à l’automobile et fournir une excellente qualité de vie.

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Pour concevoir un projet résidentiel avant-gardiste, le promoteur s’est inspiré des principaux courants en urbanisme (New Urbanism, Smart Growth et Transit Oriented Development). Faubourg Boisbriand est d’ailleurs l’un des cinq projets pilotes québécois retenus par le Conseil du bâtiment durable des États-Unis pour mettre au point sa nouvelle grille d’évaluation des quartiers, LEED-Neighborhood Development.

 Cette nouvelle norme LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) poursuit plusieurs objectifs: réduire l’étalement urbain, diminuer la dépendance face à l’automobile, promouvoir une utilisation efficace de l’énergie et de l’eau, encourager les activités pédestres, améliorer la qualité de l’air et protéger l’environnement. Afin de former une communauté aux intérêts diversifiés, la construction de plusieurs types d’habitations, destinées à des clientèles variées, est également encouragée.

 «Grâce à l’interaction entre les différents milieux, les résidants auront à proximité tous les services dont ils auront besoin, a indiqué Hélène Gignac, chef de l’exploitation du Faubourg Boisbriand. Ils ne devront pas toujours se déplacer en voiture.»

 La construction d’une gare de banlieue, un projet inscrit au plan triennal d’immobilisations 2008-2010 de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), favorisera l’utilisation des transports collectifs. «C’est un de mes souhaits les plus grands», a souligné la mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean, qui suit de très près l’évolution des différents chantiers.

 Avec l’ouverture à proximité, au cours des deux prochaines années, de restaurants et de terrasses, d’un hôtel de la chaîne Marriott, d’un théâtre régional et d’un cinéma, le promoteur compte reproduire un mode de vie urbain, en banlieue. Parallèlement, dans le secteur résidentiel, il aménagera beaucoup d’espaces verts, des sentiers piétonniers et des pistes cyclables. « Nous avons voulu créer un environnement à échelle humaine », a précisé Mme Gignac.

 Un quartier pas comme les autres

 En pénétrant dans le secteur résidentiel du Faubourg Boisbriand, les visiteurs sont avisés : ils entrent dans un lieu qui vise la certification LEED-ND (Neighborhood Development). Sur les chantiers, la présence de bacs, dûment identifiés, témoignent d’une gestion organisée des déchets et des matières recyclables. Des trottoirs de béton blanc ont déjà été aménagés pour faciliter la marche tout en réduisant les îlots de chaleur.

 Le lac, qui recueillera les eaux de ruissellement à travers le site, a pris forme. Les voitures des résidants, par ailleurs, sont invisibles, car elles sont garées dans les stationnements souterrains. Et aucun fil, qu’il soit électrique ou téléphonique, ne dépare le paysage. Tous les fils, en effet, ont été enfouis.

 Faubourg Boisbriand est l’un des cinq projets-pilotes québécois retenus par le Conseil du bâtiment durable des États-Unis pour mettre au point sa nouvelle grille d’évaluation des quartiers, LEED-ND. Les quatre autres sont le Technopôle Angus, le Campus Outremont de l’Université de Montréal, le Quartier sur le fleuve, à l’Île-des-Sœurs et L’Éco-quartier, à Saint-Marc-sur-Richelieu.

 «Pour faire ce type de projet-pilote, il faut voir le développement durable comme nécessaire et incontournable, indique Claude Bourbeau, président de la section québécoise du Conseil du bâtiment durable du Canada, qui participe au projet du Campus Outremont, en attente de financement. Déjà, pour faire certifier un bâtiment LEED, cela demande un certain effort. Imaginez lorsqu’on contribue à développer un outil pour évaluer la performance environnementale de l’aménagement d’un quartier !»

 Des critères stricts

Pour recueillir les points nécessaires à l’obtention de l’accréditation LEED-ND, les promoteurs doivent rencontrer des critères bien précis. Pour se qualifier, Faubourg Boisbriand devait notamment occuper un emplacement stratégique, être à proximité d’infrastructures sanitaires et pluviales et préserver des terres agricoles. Il obtient d’entrée de jeux trois points pour avoir redonné vie à un terrain contaminé. Sur une possibilité de 106 points (selon une évaluation préliminaire), le projet-pilote compte obtenir 72 points, ce qui lui vaudrait une accréditation Or.

 «Le système LEED-ND nous permet de réfléchir à la façon dont on veut s’y prendre pour créer un quartier écologique, même en banlieue, souligne Lyse Tremblay, consultante LEED pour le Faubourg Boisbriand. On obtient des points, par exemple, lorsqu’on favorise le transports en commun, aménage des pistes cyclables et des sentiers piétonniers, favorise l’accès aux espaces environnants et propose divers types d’habitations.»

 Les constructeurs qui bâtissent les maisons en rangée, les condos et les triplex dans le secteur résidentiel se sont tous engagés à respecter certaines normes bien précises. Ils doivent par exemple capter l’eau de pluie et la réutiliser pour arroser les aménagements paysagers, composés de plantes indigènes. Pour réduire de 30 % la consommation d’eau, ils doivent installer des robinetteries à faible débit et des toilettes à double chasse. Pour réduire la consommation d’énergie, par ailleurs, toutes les habitations doivent être certifiées Novoclimat.

 Éric Boudreau, président des Habitations du quartier, a décidé d’aller plus loin en faisant certifier ses maisons en rangée LEED for Homes. Une première, au Québec.

 «Il faisait déjà plein de choses pour se conformer aux exigences du système d’évaluation LEED-ND, indique Emmanuel Blain-Cosgrove, responsable de la vérification du programme LEED for Homes au Québec. Sans être un écologiste jusqu’à la moelle, il a choisi de pousser plus loin sa démarche et d’atteindre l’excellence en habitation verte. C’est quelque chose !»

Le faubourg et ses projets

 Dans un premier temps, cinq constructeurs se sont engagés à construire des appartements en copropriété, des maisons en rangée et des triplex. Le but? Répondre aux besoins de clientèles variées, aux portefeuilles plus ou moins bien garnis. Deux des constructeurs ont rencontré de sérieux pépins. Mais la situation se rétablit.

 La densification du territoire se fait progressivement, explique Hélène Gignac, chef de l'exploitation du Faubourg Boisbriand. D'ici deux ans, cinq immeubles en copropriété de huit à 12 étages devraient être construits à proximité de la future gare. Une résidence pour personnes âgées verra aussi le jour.

 En tout, la construction d'environ 1700 logements est prévue.

 ROBERT LUSSIER

 Robert Lussier a dormi une nuit dans son triplex tout neuf, qui a été détruit lors d'un incendie. Il a tout perdu. Après avoir logé un mois à l'hôtel, il était fort heureux, le 4 novembre, d'emménager dans un des triplex épargnés par le feu. Il y demeurera jusqu'à ce que son immeuble soit reconstruit. Malgré le dur coup du destin, il est tout aussi enthousiaste face au projet. «Cela me ressemble, dit-il. C'est jeune, nouveau, et contemporain. J'aime qu'il y ait une seule rue et qu'il y ait à un moment donné, tout près, une gare pour le train de banlieue, une salle de spectacles et un aréna. J'habite en plus en face d'un lac! Je ne savais pas, avant d'acheter, ce qu'était une certification LEED. C'est un autre avantage.»

 PIMBINA

 Constructeur: Constructions Nomade

42 triplex

Tous vendus

Prix: 495 000$ (trois places incluses, dans le stationnement intérieur, taxes en sus)

Certification Novoclimat

 Les 42 triplex jumelés, répartis dans 21 bâtiments, se sont vendus en cinq semaines et demie, au début de 2007. Tous étaient construits ou en construction lorsqu'un incendie s'est déclaré le 3 octobre dernier. Seulement sept des bâtiments ont pu être sauvés. Quatorze doivent donc être reconstruits. Constructions Nomade voudrait qu'en juin prochain, ce soit chose faite. Pourquoi les triplex ont-il trouvé preneur si rapidement? Des acheteurs ont aimé avoir la possibilité d'y habiter et de louer les deux autres logements. Quelques familles se sont aussi mises ensemble pour acquérir un immeuble et demeurer les unes près des autres. Si désiré, les logements pourront être vendus par la suite en tant que condos. Une deuxième phase, comprenant six bâtiments (12 triplex) est aussi entièrement vendue. La construction devrait débuter bientôt.

LES LOGGIAS SUR LE PARC

 Constructeur : Groupe Alta-Socam

Sept édifices de quatre étages

Chacun comprendra 44 condos

Superficie : de 745 à 1503 pieds carrés

Prix: de 186 000$ à 436 000$ (taxes et une place dans le stationnement intérieur inclus)

Première phase : 40% des condos vendus

Certification Novoclimat

 Les sept immeubles seront construits autour d'espaces verts et d'un lac, qui sera alimenté par les eaux pluviales captées sur les terrains. L'hiver, le lac se transformera en patinoire. Les condos seront tous dotés d'une loggia (une pièce vitrée). Chacun des édifices comprendra un gymnase, deux ascenseurs et des stationnements intérieurs. Trois piscines extérieures à l'eau saline, chauffées, seront aménagées au fil du projet. La construction du premier édifice a commencé en septembre. Après avoir réalisé les Lofts Quai des éclusiers, le long du canal de Lachine, le Groupe Alta-Socam cible les baby-boomers et les professionnels qui désirent vivre près de la nature et de Montréal, et ne veulent pas toujours dépendre de leur voiture. Les premiers copropriétaires devraient emménager en juillet 2009.

 LES HABITATIONS DU QUARTIER

 Constructeur : Les Habitations du quartier

80 maisons en rangée en copropriété, regroupées par groupes de quatre unités

12 des 16 premières maisons sont déjà habitées

Les quatre autres, encore en construction, devraient être certifiées LEED for Homes. Ce sera le cas des 64 autres maisons à bâtir

Maisons de deux étages, avec une vaste pièce au troisième étage en option

Prix: de 295 000$ à 355 000$ (taxes en sus)

 Les travaux vont bon train pour commencer la construction des huit prochaines maisons en rangée, qui sont presque toutes vendues. Chacun des copropriétaires a accès, de son sous-sol, à un garage double. Tous ont aussi une terrasse privée, à l'arrière. Celles-ci sont aménagées au-dessus des garages souterrains. La clientèle cible? Les baby-boomers et les professionnels qui désirent vivre dans unemaison, sans consacrer beaucoup de temps à l'entretien du terrain. Ils veulent voyager, l'esprit en paix. Le fait que le projet soit LEED for homes ne constitue pas encore un argument de vente, reconnaît Éric Boudreau, président de l'entreprise. Les acheteurs apprécient toutefois que les maisons soient inspectées de fond en comble par un organisme indépendant. «Cela les rassure», indique-t-il. Ce qui plaît? La proximité du lac et d'une piste cyclable, de même que la possibilité de faire ses courses à pied et de se promener dans un environnement vert, exempt de fils de toutes sortes. Le tout, à deux pas des autoroutes 15 et 640, et des magasins.

 MAISONS EN RANGÉE USINÉES

 18 maisons en rangée

Neuf sont à différents stades de construction

Certification Novoclimat

Le chantier est inactif depuis la faillite de Maisons Marcoux. Cela devrait changer sous peu.

BRITANIA

 Constructeur: Constructions Nomade

Phase I : 20 maisons en rangée regroupées par groupes de cinq unités

Plus de 80% sont vendues

Phase II : 20 mai sons en rangée

Près de 50% sont vendues

Superficie : environ 2200 pieds carrés

Prix: de 250 000$ à 295 000$ (taxes et stationnements intérieurs inclus)

Certification Novoclimat

 Les maisons en rangée possèdent chacune une terrasse. Celle-ci se trouve au- dessus du stationnement intérieur. De deux à quatre chambres peuvent être aménagées dans les habitations de quatre étages, dotées d'une vaste pièce à l'étage supérieur.

 La construction des 20 premières maisons en rangée a débuté à la fin de septembre. Les premiers propriétaires devraient emménager en janvier. La construction de la phase II devrait débuter à la fin du mois pour être complétée l'été prochain. La clientèle cible? Les familles avec des enfants qui ont le goût d'être dans un projet vert.

 COMPLEXE ÉVOLUTIF POUR RETRAITÉS

 Constructeur : Groupe Alta-Socam

Environ 500 logements

La location des appartements et la vente des condos débuteront au printemps.

La construction devrait commencer en même temps.

Les logements seront répartis dans trois ailes, qui répondront à divers besoins. Les résidants seront tout près des commerces.

CONDOS-BOUTIQUE SAINT-GERMAIN

 Promoteur : NC4 Dimensions

Constructeur : Constructions Devlor

63 appartements en copropriété

Superficie : de 700 à 1775 pieds carrés

De 189 000$ à 492 000$ (place de stationnement et taxes inclus)

Environ 30% des logements sont vendus

La construction devrait débuter en février ou en mars prochain

 Le complexe immobilier de quatre et six étages se trouve au coeur du Faubourg Boisbrand, à la jonction du secteur commercial et du secteur résidentiel. Une partie de l'immeuble en forme de L longera la Promenade Saint-Germain, où s'installeront des petits commerces et des terrasses. L'autre section, plus élevée, donnera sur la future esplanade, où devrait s'établir un théâtre régional. Un hôtel de la chaîneMarriott sera construit à proximité et ouvrira au printemps 2010. Les appartements, de style contemporain, seront d'une grande diversité. Ceux qui se trouveront au-dessus des commerces, boulevard Saint Germain, seront en retrait et seront dotés, pour la plupart, d'une terrasse privée. Au-dessus, les appartements seront répartis sur deux étages. Plusieurs auront une terrasse sur le toit. Les appartements dans la section de six étages, face à l'esplanade, seront quant à eux dotés de grands balcons. Une piscine et un spa seront aménagés sur le toit. La clientèle visée? Les boomers urbains qui ont le goût de vivre dans un environnement animé et les jeunes couples urbains qui ne sont pas mûrs pour la tondeuse.

 

Photo Rémi Lemée, La Presse

Le Pimbina