Les résidences coopératives pour personnes âgées ont ceci d’ennuyeux qu’elles sont occupées par des personnes âgées. Facteur aggravant, plus le temps passe, plus elles vieillissent.

Les résidences coopératives pour personnes âgées ont ceci d’ennuyeux qu’elles sont occupées par des personnes âgées. Facteur aggravant, plus le temps passe, plus elles vieillissent.

 Expliquons-nous. Les règles habituelles d’attribution des subventions réservent les logements en coopératives pour aînés aux personnes de 75 ans et plus, sauf cas de perte d’autonomie. Avec une moyenne d’âge aussi élevée dès la première année d’existence, il suffit de peu de temps pour que se pose le problème de la relève aux postes administratifs et au soutien communautaire. C’est d’ailleurs là un des principaux écueils sur lesquels risque de se jeter le navire coopératif.

 «Chez les personnes âgées, ce ne sera pas tant un problème de motivation que de capacité à assumer ces responsabilités», prévient François Des Rosiers, professeur titulaire de gestion urbaine et immobilière à l’Université Laval.

 Pour pallier cet inconvénient, la coopérative du Bourg St-Antoine, à St-Jérôme, veut mettre sur pied une résidence dans laquelle une certaine proportion des logements serait réservée à la tranche des 55 à 65 ans.

 Pauline Filiatrault, l’initiatrice du projet, les appelle les jeunes vieux: les retraités précoces, mais surtout les exclus et les sans emploi de 55 ans. «Les femmes seules, particulièrement, ont énormément de difficultés à se rendre à 65 ans avec leur revenu», dit-elle.

 «Si on accepte toutes ces personnes, on rend un grand service à la société parce que les gens de 55 à 65 ans sont capables, ont encore des ressources, et peuvent véritablement aider les personnes de 70 ans et plus. En les mettant ensemble, on crée une force de support mutuel. Si on ne regroupe que les personnes de 75 ans, on ne rend service à personne.»

 Travailleuse sociale retraitée, Pauline Filiatrault a conclu sa carrière dans les centres d’hébergement de longue durée. Depuis trois ans, avec un comité de huit personnes, elle développe ce projet de résidence coopérative. L’immeuble comptera 40 logements de trois et quatre pièces. On vise des loyers de base d’environ 500$ pour un 31/2, et de 600$ pour un 41/2.

 «Ce qui est très difficile, indique-t-elle, c’est d’obtenir un terrain propre aux besoins des aînés, donc près des services.» C’est souvent avec le support de la municipalité que la coopérative réussira à réserver ce précieux terrain – une entente que la coopérative du Bourg St-Antoine a pu conclure avec la ville de St-Jérôme.

 En attendant que le projet obtienne le feu vert de la SHQ, les personnes-ressource ne touchent aucune rémunération – l’architecte qui dessiné le projet préliminaire, le conseiller de la Fédération des coopératives d’habitation. «Eux-aussi travaillent actuellement dans un contexte de risque financier», conclut Mme Filiatrault.