Le marché des chalets au Québec a suivi la courbe ascendante de l’immobilier et les prix ont explosé. Même avec un budget de 150 000 $, on ne trouve plus grand-chose. C’est un peu moins pire en région, comme l’ont constaté les journalistes du groupe Gesca, mais pas partout.

Le marché des chalets au Québec a suivi la courbe ascendante de l’immobilier et les prix ont explosé. Même avec un budget de 150 000 $, on ne trouve plus grand-chose. C’est un peu moins pire en région, comme l’ont constaté les journalistes du groupe Gesca, mais pas partout.

 «On cherchait un chalet au bord de l’eau dans les 100 000 $, mais on va ré-aiguiser nos crayons», se désolait le couple de boomers montréalais rencontré lors d’une visite de chalets au début mai.

En effet.

 Le couple devra réviser son budget à la hausse ou diminuer ses attentes. Alors qu’en 2000 on pouvait acheter un chalet en bordure d’un lac pour 50 000 $, c’est presque impossible huit ans plus tard. Surtout si on ne veut pas s’éloigner de la ville, si on n’a pas envie de tout rénover ou si on cherche une résidence quatre saisons. «Les prix ont doublé, sinon triplé», affirment en chœur les chambres immobilières des régions périphériques de Montréal.

«Il se trouve encore des maisons en bordure d’un plan d’eau à moins de 150 000 $, mais elles n’ont rien à voir avec les maisons de campagne des magazines de décoration!», sourit Gaétan Durocher, agent immobilier de Exit Immobilia Courtier. Autrement dit, ne cherchez pas les comptoirs en granit ou la deuxième salle de bains. Les quelques chalets que nous avons visités à ce prix affichent rusticité et petit confort!

 M. Durocher travaille dans le secteur du lac St-François, un immense plan d’eau relié au réseau des Grands Lacs du St-Laurent. Dans ce coin campagnard, moins connu des Montréalais, on trouve des centaines de chalets au bord de l’eau, des deux côtés de la rive. Même quand ils sont plus modestes, ceux de Côteaux-du-Lac et de St-Zotique, à 45 minutes de Montréal, coûtent 15 à 25 % de plus que leurs voisins d’en face. À Sainte-Barbe ou à St-Anicet, il faut ajouter une demi-heure de route en provenance de Montréal. Même là, avec un budget de 150 000 $, le choix est limité. Le propriétaire d’un petit chalet (moins de 700 pi2 avec 25 pieds en bordure de l’eau) vieux de 40 ans, demande 144 000 $. L’obtiendra-t-il? «Probablement», estime M. Durocher.

Dans les Laurentides, à moins de 90 minutes du centre-ville, les chalets à ce prix exigent des soins et comptent rarement plus de deux chambres. Leurs lacs, parmi les plus petits de la région, sont rarement navigables. Les propriétaires tolèrent les pédalos et les kayaks mais pas question d’endurer les motomarines et autres hors-bord tapageurs. Ces petits lacs tranquilles éloignent les amateurs de vitesse, mais attirent la clientèle des 45-65 ans qui sont prêts à payer pour la quiétude.

 Dans la région de Lanaudière, surtout dans la partie sud, on trouve encore quelques bons achats à faire. L’explosion des prix a suivi la courbe immobilière de la province, mais comme on partait de plus loin… On peut donc dénicher un charmant petit chalet riverain (qui demande un minimum de rénovations) pour moins de 150 000 $. Surtout que dans la seule région de Saint-Calixte, on répertorie près de 40 lacs. D’autres, des dizaines dit-on, existent mais ne figurent pas sur les cartes. Mais il faut chercher et trouver le bon agent. Un d’eux nous a même dit qu’il ne se déplaçait pas pour 150 000 $! «Pas assez payant!».

La mort du petit camp

 «Cette année, les acheteurs auront plus de choix, les prix ont atteint leur maximum, estime Marjolaine Châteauneuf, agent immobilier de Sutton à Sainte-Agathe, Dans certains secteurs, il y a plusieurs propriétés à vendre, et les prix s’en ressentent.» Mais, préviennent les agents, il faut être patient. Cela peut prendre des mois voire une année avant de dénicher le chalet idéal. Les propriétés de villégiature font souvent partie du patrimoine familial. Elles sont léguées sans jamais apparaître sur le marché.

Sauf quand une calamité s’abat sur la région. L’an dernier, au plus fort de la crise des cyanobactéries, plus de 80 propriétaires ont mis leur chalet en vente autour du lac Archambault, dans les Laurentides. Un seul a trouvé acheteur. Et cette année? «On verra, il n’y a pas encore eu d’avertissement», confie un vendeur.

 Les terrains riverains à vendre sont si rares que des acheteurs préfèrent acheter un petit camp pour le rénover ou le démolir, ou construire une oasis quatre saisons qui deviendra leur résidence permanente. Nous en avons visité qui faisaient résolument plus banlieue que villégiature. Ce qui dérange parfois. «Autrefois, on se cordait à 15 dans un camp aux lits superposés, sans télé ni radio. On jouait aux cartes pendant que les enfants couraient après les ménés. Aujourd’hui, les bords de lac sont remplis d’immenses maisons où deux adultes se cherchent», soupire Carolyn Trudeau, une nostalgique des camps.

Les rénos, c’est bien beau mais les normes gouvernementales, surtout au bord des plans d’eau, sont sévères. On peut rarement démolir pour reconstruire en plus grand malgré ce que laissent entendre certains agents qui veulent boucler une transaction. «Il faut se renseigner auprès des municipalités, prévient Chantal Saint-Laurent, inspectrice en bâtiments et responsable de l’urbanisme et de l’environnement de la municipalité de Sainte-Barbe. Un acheteur risque d’avoir de mauvaises surprises.» S’il n’y a pas de service d’aqueduc et d’égouts, ce qui est le cas pour la vaste majorité des chalets, il faut 40 000 pi2 de terrain pour agrandir au sol une propriété existante.

Nouveau phénomène: la vue!

 «Même s’ils peuvent s’offrir un bord de l’eau, je rencontre des acheteurs qui préfèrent acheter un panorama», constate Mme Châteauneuf. Comme dans vue panoramique. Au haut d’une montagne, loin des voisins, près d’une falaise. «Ils veulent que ce soit vaste à leurs pieds».

Elle cite le cas du Domaine Chanteclair à Sainte-Agathe-des-Monts. Un grand projet domiciliaire érigé en pleine montagne à la fin des années 60, où toutes les propriétés ont un look bavarois. «Les gens du domaine ont accès à une grande plage qui leur est réservée au bord du lac à la Truite. En plein mois de juillet, un dimanche après-midi, on voit à peine une vingtaine de personnes. Il semble que l’eau les intéresse moins que la vue du lac.»

 Pourquoi alors choisir un chalet au bord du lac alors que les propriétés en deuxième rangée coûtent généralement 40% de moins? «Pour les petits-enfants, pour la quiétude de la nature, pour la plus-value», croit Marjolaine Châteauneuf. Et pour le plaisir de dire qu’on a une résidence secondaire… au bord de l’eau.

La saison, nous a-t-on répété, ne fait que commencer. «À cause de la neige cette année, on est en retard de deux semaines», note Maryse St-Laurent, agente immobilier de La Capitale. Bonne chasse!

Nature, tranquilité...

 - En 2002, la SCHL indiquait que 10 % des ménages de 45 à 64 ans possédaient une résidence secondaire. La même proportion désirait en acquérir une au cours des cinq années suivantes et 20% des Montréalais aux revenus de plus de 80 000$ songeaient à en acheter une.

- Ce groupe représente 40 % des ménages vivant dans le Grand-Montréal, soit 650 000 ménages

- Plus du tiers dit chercher la nature, la tranquillité et la convivialité de la localité.

 Source: Centre d’analyse de marché du Québec (2002)

De gros sous

Prix moyen d’un chalet au bord de l’eau:

 - Montérégie: 250 000 $

 - Laurentides: 300 000 $

- Lanaudière: 225 000 $

 Note: Selon la Chambre immobilière du Grand-Montréal, il n’existe aucune donnée pour fixer le prix moyen des résidences de villégiature. Les variables sont trop importantes.