Le 400e de la ville de Québec favorise-t-il le marché immobilier? Assisterons-nous à une augmentation des nouveaux résidants et, surtout, investisseurs en raison des festivités? Oui et non, disent les gens du milieu, qui remarquent un intérêt, une curiosité, mais encore rien de tangible dans les faits.

Le 400e de la ville de Québec favorise-t-il le marché immobilier? Assisterons-nous à une augmentation des nouveaux résidants et, surtout, investisseurs en raison des festivités? Oui et non, disent les gens du milieu, qui remarquent un intérêt, une curiosité, mais encore rien de tangible dans les faits.

«L'année devrait être bonne, estime Paul-Henri Everell, surtout dans la rue Saint-Pierre. Il y a beaucoup d'intérêt pour les condos.» Selon le courtier chez Royal LePage, cet intérêt s'observe depuis deux ans, surtout provenant des Français et des Américains qui cherchent ou investissent soit pour des condos dans le Vieux-Québec ou des résidences à Lac-Beauport. Mais il n'est pas certain que la fête de la capitale en soit responsable. «Je pense que oui, mais surtout en raison de la publicité qui est faite... Ça dépend, il faut d'abord savoir si la publicité a été énorme en France par exemple.»

Que la ville célèbre ses 400 ou 425 ans en 2008, ça importe peu pour les investisseurs, mais c'est peut-être l'image qu'elle projette, image davantage diffusée depuis un certain temps, qui attise. Mais cette affirmation reste à être vérifiée puisque l'année est encore jeune, «il est trop tôt, rappelle M. Everell. En ce moment, avec la température, j'ai l'impression que les gens ont autre chose en tête».

C'est d'ailleurs l'avis de la Chambre immobilière de Québec. Sa présidente, Sylvie Champagne, croit que l'effet positif se fera surtout sentir dans le tourisme. «Je ne vois rien pour l'instant. Mais s'il y a une différence, ça ne se fera peut-être pas sentir cette année», souligne-t-elle.

Pourtant, Evelyn Péladeau, courtière immobilière agréée, observe une nette augmentation depuis quelques mois. Presque exceptionnelle. «En 10 ans, je n'ai jamais vu ça. Depuis octobre, je vends de tout, des condos, des résidences.» Est-ce le fruit de la célébration? Elle n'est pas certaine.

Facteurs économiques

Certains souhaitent que le rayonnement de Québec engendre une activité accrue, d'autres se font plus réalistes et atténuent l'impact d'une publicité à saveur festive.

«Je ne vois pas le rapport vraiment entre une hausse du marché immobilier et le 400e», tranche, quant à elle, Patricia Deguara, agente immobilière affiliée chez RE/MAX. «Québec est déjà une plaque tournante, les Européens aiment le Québec, ça reste un point de mire.» Mais un point de mire qui a des limites, évoque-t-elle. «Il faut se rappeler que Québec reste un gros village. C'est d'abord et avant tout une ville de fonctionnaires.» Si les investisseurs se présentent aux portes au cours de 2008, elle estime que la fierté des gens de Québec pourrait y être pour quelque chose. Ce petit crescendo d'estime pouvant faire briller la capitale à l'étranger.

Jean-François Dion, analyste à la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), dissèque la situation autrement, en parlant plutôt de santé de l'économie locale qui a un certain poids dans la balance. L'emploi, les investissements dans les infrastructures, la ville paraît prospère, surtout qu'elle présentait le taux de chômage le plus bas dans la province en 2007. «Par ricochet, le milieu du logement est stimulé.» Mais de façon indirecte, induit-il.

En fait, comme envisage Mme Champagne, 2009 pourrait être plus importante que l'année en cours, selon la couverture médiatique, l'image que le 400e laissera derrière lui. Chose qui ne pourrait s'observer qu'au 401e anniversaire!

 Qui cogne à la porte?

 Comme toujours, les Français sont les plus friands de la capitale québécoise, qui rappelle l'architecture du Vieux Continent. Lorsqu'ils investissent ou s'y établissent, ils veulent vivre le Canada, avec sa sécurité et, surtout, ses grands espaces. Et la vie dans le Vieux-Québec : pas tellement.

 «On s'est installés à Saint-Raphaël, sur le bord d'un lac. On voulait un grand terrain.» Comme beaucoup de ses comparses français, Pierre Faye a opté pour le coin tranquille de la banlieue québécoise. Et c'est après une première visite en 2006 que lui, sa conjointe et leurs deux enfants ont déménagé leurs pénates dans la région. «On a acheté peu de temps après, en juin 2007, et on a emménagé en juillet. On devrait démarrer une business bientôt.» Bonne nouvelle, un de ses copains fera de même parce qu'il a lui aussi eu le coup de foudre pour la région. Ce n'est qu'une question de temps, indique-t-il.

 «La majorité (des acheteurs) vient ici pour visiter. Les gens reviennent pour faire le deuxième pas et se choisissent un coin, soutient Paul-Henri Everell de chez Royal LePage. La majorité des Français, c'est pour y rester, et environ 70 % des Américains veulent un pied-à-terre.»

 Contrairement aux Européens, les Américains, qui formaient une grande partie des nouveaux résidants, se massent de moins en moins aux portes de la ville. Une conséquence, souligne l'agente immobilière Evelyn Péladeau, de la situation économique chancelante des États-Unis et du taux de change défavorable pour l'achat de biens aussi importants qu'un condo ou une résidence.

 «Avant, je devais parler anglais tous les jours, défend-elle. Les courriels, les téléphones étaient en anglais. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.» Mauvais signe? «Oui, mais attention, ce ne sont pas tous les Américains qui vendent.»

 Et ces acheteurs «déserteurs» sont remplacés par d'autres, des Québécois. Ils quittent Montcalm, Sillery pour se payer un condo «pas en bas d'un million de dollars aujourd'hui».

 Les Roumains

 Les plus grands acquéreurs restent donc sans contredit les gens du coin. Quant aux investisseurs et acheteurs étrangers, ils proviennent d'un peu partout : de l'Algérie, de la Chine. Et si on prédisait une recrudescence des Russes il y a quelques années, ce sont plutôt les Roumains qui se sont pointés dans le Vieux-Québec et dans la région. D'ailleurs, les Chinois, les Colombiens, les Marocains, les Congolais et les Mexicains constituent les cinq principaux groupes d'immigrants. À savoir s'ils investissent, achètent ou louent, il est impossible pour l'instant de s'en assurer.