La construction verte ne donnera pas encore lieu, en 2008, à un grand chambardement. Mais elle prendra plus profondément racine, selon le conseiller technique de l'Association des constructeurs d'habitations (APCHQ) de Québec, Guy Simard.

La construction verte ne donnera pas encore lieu, en 2008, à un grand chambardement. Mais elle prendra plus profondément racine, selon le conseiller technique de l'Association des constructeurs d'habitations (APCHQ) de Québec, Guy Simard.

 >> En complément: consultez notre dossier «Maison verte».

 À moins d'allonger 1 million $, impossible, selon l'APCHQ, de se faire construire une maison entièrement écolo. À défaut, des constructeurs offriront du «vert» à la carte. Des fenêtres à triple vitrage énergétique, un toit végétal ou un système de récupération des eaux domestiques usées, par exemple.

 Ce qui est touchant, selon Guy Simard, c'est que les gens qui réclameront du «vert» paieront leur maison neuve un peu plus cher, mais le feront surtout par altruisme, par solidarité humaine ou comme une façon de faire leur part en regard du Protocole de Kyoto.

 Symptomatique de cette tendance, continue-t-il, le prochain salon Expo habitat de Québec (du 20 au 24 février) réunira, dans une «vitrine», plusieurs produits d'habitation qui, de leur fabrication jusqu'à leur mise lointaine au rebut, sont «verts».

 De plus, la maison Expo habitat 2008, qui est déjà élevée à Beaupré, «porte du vert». Non seulement elle est bâtie suivant les normes éco-énergiques Novoclimat, mais les probabilités sont grandes, selon ce qu'a appris Le Soleil, qu'elle comporte des panneaux photovoltaïques (solaires).

 Écolo... nomique

 En revanche, chez de nombreux consommateurs, le «vert» n'a d'intérêt que dans la mesure où il fait économiser des sous. C'est pourquoi, par exemple, ils voudront isoler mieux la maison pour abaisser leurs coûts en énergie. Là, l'appât pécuniaire se drape de vert.

 «C'est une question d'argent, plus que d'éthique sans doute», a confié dernièrement au Soleil le président et directeur général de l'Association des marchands de matériaux de construction du Québec, Donald O'Hara.

 Encore que les plus accros de la construction verte sont les 30 à 35 ans. Ils sont si ardents, rapporte Geneviève Minguy, du cabinet d'architecture et de construction écologique Tergos de Québec, qu'il faut les stopper. «Car leur budget ne leur permet pas d'aller aussi loin qu'ils ne le voudraient», continue-t-elle, tout en rappelant leur grande inclination pour les maisons en ballots de paille.

 Néanmoins, le «vert» prend assez d'ampleur au Québec pour que les marchands Rona, à compter du printemps, débusquent, dans leurs stocks, leurs produits les plus écolos. De la peinture à l'entretien ménager en passant par les matériaux. Ils sont déjà à étudier tout ça avec le concours de la Chaire internationale en analyse de cycle de vie de l'École polytechnique de Montréal.

 Le «vert» est à la mode, concède Hélène Bégin, économiste au service du Mouvement Desjardins. «Mais nous sommes encore loin d'une économie verte», pondère-t-elle.

 Jardin en accéléré

 Finalement, dans le potager, «le vert n'est plus aussi patient qu'avant», déplore-t-on au Centre jardin Hamel. Chez de nombreux jeunes, en tout cas. En fait, semer au début de l'été et récolter à l'automne ne leur sourit pas. Ils veulent avoir beau, prêt à admirer et à cueillir tout de suite. Un plant de tomate qui commence à 1,75 $ ne les intéresse plus.

 «Ils préfèrent celui qui est feuillu, bien formé et prêt à donner du fruit. Qu'importe qu'il coûte 12 $», s'inquiètent Guylaine Lamarre et Louis Saint-Hilaire, conseillers en horticulture chez Centre jardin Hamel de L'Ancienne-Lorette. Les jardineries doivent donc envisager un changement de cap quant à la mise en marché des plantes potagères.