En 2008, pensent plusieurs observateurs, l'habitation à Québec sera encore en très bonne posture. À moins, comme l'appréhende le premier ministre du pays, que les secousses de l'économie américaine ne finissent par bouleverser la nôtre.

En 2008, pensent plusieurs observateurs, l'habitation à Québec sera encore en très bonne posture. À moins, comme l'appréhende le premier ministre du pays, que les secousses de l'économie américaine ne finissent par bouleverser la nôtre.

Dans la région de Québec donc, à la faveur d'une vitalité économique sans précédent, le courtage des propriétés de grand luxe s'organise tandis que les transactions sur le marché de la revente devraient croître, aussi bien que les dépenses de rénovation. Par ailleurs, on est porté à croire que les Fêtes du 400e de la ville de Québec tonifieront plus encore le marché. Quant à la construction verte, il est clair qu'elle montera d'un autre cran.

Le bas taux de chômage, la population en croissance, la natalité à la hausse, la forte demande de logements - le taux d'inoccupation des logements locatifs, descendu à 1,2 % dernièrement, en est le reflet - , l'augmentation du revenu personnel disponible (4,6 % au Québec, cette année) et les taux d'intéret abordables, bien qu'ils soient entraînés vers le haut (pour un terme de cinq ans : 6,50 % en mars dernier, 7,39 % environ actuellement), sont autant d'indicateurs qui laissent présager une année 2008 florissante. Du moins en ce qui concerne le marché de la revente. En tout cas, la directrice générale de la Chambre immobilière de Québec (CIQ), Gina Gaudreault, en est convaincue.

«Sans compter les Fêtes du 400e qui pourraient rendre la capitale nationale si séduisante aux visiteurs que plusieurs voudront s'y installer ou acquérir, tôt ou tard, une propriété», parie-t-elle.

Cela est vraisemblable, opine l'économiste et analyste de marché du bureau de Québec de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), Marie-Élaine Denis. Alors que l'économiste sénior du Mouvement Desjardins, Hélène Bégin, estime que cette probabilité est mince.

«Cela devrait au moins mousser la vente de certains logements en copropriété de luxe dans le Vieux-Québec, lents à trouver preneurs», concède-t-elle.

Cependant, la multinationale Sotheby's, la plus ancienne société de vente aux enchères de la planète, entend mettre à profit, mais discrètement, le 400e pour promouvoir l'établissement, à Québec, de sa branche immobilière de courtage résidentiel, Sotheby's International Realty (SIRQ). Cette dernière est maintenant présente dans toutes les localités économiquement très viables du pays, de Victoria jusqu'à Québec en passant par Toronto et Montréal.

En effet, la société de courtage, confiante en l'économie de la capitale et en sa pérennité, persuadée du potentiel de mise en marché de Québec, de ses attributs architecturaux et culturels, puis de la beauté tranquille du bord de mer de Charlevoix auprès des riches acheteurs de propriétés du monde entier, ouvre dès le 1er janvier un satellite, chemin Saint-Louis. Elle servira donc d'intermédiaire dans la vente et l'achat de propriétés résidentielles d'une valeur marchande minimale de 500 000 $, pour peu cependant qu'elles soient dans des rues, quartiers ou secteurs de prestige.

«Québec entre donc dans les grandes ligues du courtage immobilier», simplifie Marie-Élaine Denis. Alors que l'agent immobilier et directeur du développement des affaires de Sotheby's International Realty - Québec (SIRQ) dans la capitale, Cyril Girard, convient que cela entre dans le sillage du mode de vie de grand luxe, très avancé déjà en Europe, en Asie, aux États-Unis, dans l'Ouest canadien... de même qu'en Russie.

Transactions

Par ailleurs, pendant que nombre de transactions sur le marché de la revente, dans tout le Québec, devrait se replier de 82 000 (2007) à 76 000 (2008), il montera vraisemblablement de 7400 à 7600 à Québec. La prévision eut pu être plus avantageuse encore si la SCHL n'avait pas constaté la surconstruction, en 2007, de résidences pour les 75 ans et plus.

Ces derniers mois, l'organisme a dû mettre en garde promoteurs et constructeurs, car il se produit une flexion, qui durera quelques années, dans cette strate de la pyramide des âges puisqu'elle résulte d'un déficit de naissances durant les années d'incertitude et de misère consécutives à la grande crise économique de 1929.

«Et pendant que le prix des propriétés monte, la dette hypothécaire des particuliers s'élève proportionnellement. La baisse appréhendée du nombre de transactions au Québec en résulte donc», trouve Mme Bégin. La SCHL rappelle, de son côté, que les mensualités hypothécaires ont presque doublé de 1987 (640 $) à 2006 (1158 $).

D'une autre part, cet état de fait entraîne un refoulement de la hausse de la valeur des propriétés. Au Québec, le prix moyen était de 207 000 $ en 2007 (6,7 % de plus qu'en 2006). Il devrait atteindre 214 000 $ en 2008. «Soit une appréciation d'à peine 3,5 %», pronostique Mme Bégin.