Dans le temps, les gens se réunissaient sur le perron de l'église le premier de l'an, pour souhaiter la bonne année aux voisins et amis. Dans le quartier du Faubourg à Saint-Ferréol-les-Neiges, la tradition se poursuit, mais sur la glace de la patinoire de l'étang.

Dans le temps, les gens se réunissaient sur le perron de l'église le premier de l'an, pour souhaiter la bonne année aux voisins et amis. Dans le quartier du Faubourg à Saint-Ferréol-les-Neiges, la tradition se poursuit, mais sur la glace de la patinoire de l'étang.

 C'est Louis, un retraité qui préfère taire son nom de famille, qui fait la comparaison, bien assis à la table de son ami, Félix Bolduc. De là, on voit bien la patinoire, le fruit de leur labeur. Il y a plus de 20 ans, M. Bolduc a eu l'idée de profiter au maximum de l'étang gelé. Les deux bénévoles s'appellent à la blague les «président» et «vice-président» de la patinoire. Cette année, les abondantes chutes de neige leur ont donné un peu de fil à retordre, mais rien pour les arrêter. La Ville leur a donné aussi un bon coup de pouce.

 «On l'a notre paye quand on voit 150 personnes sur le lac», indique M. Bolduc. À les entendre parler, la patinoire de l'étang, dont les hôtels de la région font même la promotion, est sûrement l'attraction la plus populaire du coin, après les pistes enneigées du mont Sainte-Anne, bien sûr. Et encore! Louis se rappelle qu'une année, un père de famille en vacances dans le quartier lui a raconté que ses enfants n'étaient pas allés une seule fois skier, qu'ils avaient préféré jouer au hockey! C'est que l'aire de glace fait rêver petits et grands : elle mesure environ 600 pieds de long, par 200 pieds de large (environ 183 mètres par 61), et est entourée d'arbres et de charmantes résidences. Pendant le temps des Fêtes, Saint-Ferréol-les-Neiges vit à plein régime. Sa population d'environ 2500 âmes double.

 Le maire raconte même qu'il a fallu construire un autre puits pour suffire à la demande pendant cette période. Sur la patinoire se retrouvent des grands-parents, de jeunes enfants, des parents avec des poussettes et une horde de chiens. Les résidants permanents et non permanents ainsi que les visiteurs fraternisent. «La fin de semaine, c'est une carte postale féérique», constate M. Bolduc.

Saint-Ferréol-les-Neiges porte bien son nom. Il faut aimer la neige, mais si on se laisse charmer, c'est un véritable paradis pour les amants de sports d'hiver.

 «Avant, je subissais l'hiver», relate Louis. Maintenant, il se réjouit de n'avoir à faire que quelques pas pour être en pleine nature. L'accès à autant d'activités sportives se répercute aussi sur la santé des habitants, croit-il.

 Originaires de la Beauce, Félix Bolduc et Cécile Beaudoin ont fait construire leur maison jumelée il y a 21 ans. Au départ, ils n'y venaient que les fins de semaine d'hiver et pendant les vacances des Fêtes. Ils en louaient aussi une section à des étrangers. Depuis qu'ils ont pris leur retraite, il y a cinq ans, ils ont agrandi et modifié leur demeure pour y vivre à l'année. «Au début, on est venus pour le ski», se rappelle M. Bolduc, avant d'ajouter : «Je pense qu'on est encore ici pour le ski». Leur fils a maintenant une résidence secondaire à côté de chez eux et leur fille vient souvent les visiter.

 D'ailleurs, dans le quartier, les maisons côtoient les chalets. Certaines demeures sont des plus colorées, quelques-unes recréent le typique chalet suisse. Parmi les résidants, permanents ou pas, on trouve à la fois des Québécois et des gens de l'extérieur. Certains, comme Judy et Jeffrey Meek, s'intègrent très bien. Le couple d'Ontariens avait l'habitude de passer une semaine ou deux à Saint-Ferréol pour skier. Puis, à leur retraite, ils ont décidé d'y passer un hiver complet. À leur retour chez eux, ils mettaient leur maison en vente et décidaient de s'installer pour de bon à côté de cette montagne qu'ils aimaient tant.

Sept ans plus tard, ils ont de nombreux amis et apprécient d'être près de la communauté anglophone de Québec. Bien décidée à se mêler aux gens du coin, Mme Meek a d'ailleurs initié des rencontresentre femmes francophones et anglophones, pour que les deux groupes puissent pratiquer leur deuxième langue. «On a développé des amitiés», fait valoir Cécile Beaudoin, qui participe aussi à ses rencontres.

 Le secteur est très prisé par des retraités. Le maire, Germain Tremblay, indique que le quartier «est un milieu tranquille». Après une courte pause, il ajoute même «trop tranquille». Trop tranquille? «Oui, parce que les familles sont de moins en moins nombreuses», dit-il, quoique certains secteurs ont une forte concentration de jeunes familles.

 C'est le cas de la rue des Jardins, où Chantal Létourneau réside depuis deux ans, après y avoir habité temporairement pendant plusieurs hivers. Elle voit plusieurs enfants à l'arrêt d'autobus, mais ils sont plus jeunes que sa fille, qui a 13 ans. D'ailleurs, cette dernière est plutôt artiste dans l'âme et même cette belle nature ne lui a pas donné le goût de pratiquer des sports d'hiver.

Mais Mme Létourneau connaît très peu ses voisins, surtout parce que plusieurs ne sont là que rarement, notamment un couple qui vit à New York. C'est surtout l'été que les gens se voisinent, remarque Mme Létourneau. C'est alors à son tour d'être à l'extérieur de la municipalité, comme plusieurs autres. Pendant la belle saison, Saint-Ferréol n'est pas très achalandé. Mais Cécile Beaudoin a découvert que l'été a aussi son charme, avec le golf, le vélo de montagne et de route, la descente en canot ou encore la marche, notamment le sentier Mestashibo.

 Bien difficile de dire combien de résidants non permanents compte la municipalité, affirme le maire, Germain Tremblay. Mais ce serait entre 50 et 60 % de la population, au plus fort de la saison hivernale. Comment vont les relations entre résidants et non-résidants? «On ne les voit pas souvent», indique-t-il. «Les services demandés ne sont pas les mêmes pour les non-résidants que les résidants, c'est évident. Ça peut faire des conflits au niveau municipal, avance le maire. Les non-résidants, ils ne viennent pas ici pour les loisirs municipaux, eux ils en veulent le moins possible parce qu'ils payent pour des services qu'ils ont déjà payé dans leur municipalité.» Une situation qui n'est pas propre à Saint-Ferréol, dit-il. «C'est plus dur de développer un esprit communautaire avec des non-résidants qu'avec des résidants.» Mais selon Louis, il n'existe aucune tension entre les résidants permanents et non permanents.

 Quoiqu'il en soit, les résidants permanents s'impliquent beaucoup. Le bénévolat est fréquent dans la petite municipalité. La femme de M. Bolduc, Cécile Beaudoin, donne du temps à la bibliothèque. «Ici, il y a beaucoup d'entraide», conclut M. Bolduc.

 

Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil

Un signe que Noël s'en vient sur cette belle maison d'autrefois.