Rien ne semble décourager les Québécois à la recherche de l'endroit de rêve pour oublier les soucis de la vie quotidienne. Ni la hausse vertigineuse du prix des maisons secondaires, ni les taxes foncières à l'avenant, ni le coût en constante augmentation des déplacements à la campagne.

Rien ne semble décourager les Québécois à la recherche de l'endroit de rêve pour oublier les soucis de la vie quotidienne. Ni la hausse vertigineuse du prix des maisons secondaires, ni les taxes foncières à l'avenant, ni le coût en constante augmentation des déplacements à la campagne.

Le chalet est déjà bien ancré dans la culture québécoise, constate Claude Péloquin, analyste à la Chaire de recherche en tourisme de l'Université du Québec à Montréal. Le départ à la retraite de milliers de baby-boomers alimente le marché et pousse les prix à la hausse.

Selon une étude réalisée par Royal LePage, le prix des propriétés au bord d'un cours d'eau a augmenté en moyenne de 13 % au Canada en 2006, soit plus vite que le prix moyen des résidences en ville, qui a crû de 10 %.

Partout au Québec, les taxes foncières des propriétés riveraines ont bondi avec la valeur marchande, parfois de 50 à 70 % d'un seul coup, ce qui rend le chalet encore moins abordable. Avec le prix de l'essence qui ne cesse de grimper, le chalet est-il en train de devenir un luxe inaccessible ?

Il semble que non, selon les données recueillies par le Print Measurement Bureau et analysées par la Chaire en tourisme de l'UQAM.

Plus d'un demi-million de Québécois sont propriétaires d'un chalet ou d'une résidence secondaire. L'endroit rêvé est de moins en moins un chalet et de plus en plus une résidence secondaire, parfois luxueuse. Entre 2001 et 2006, le nombre de ceux qui possèdent un chalet d'été a augmenté de 8 %, tandis que ceux qui ont une résidence habitable toute l'année a crû de 14 %.

Le marché des condos à la campagne n'a pas la même vigueur, selon PMB.

Pendant la même période, soit entre 2001 et 2006, le prix moyen de l'essence ordinaire au Québec est passé de 73,5 cents le litre à 96,7 cents le litre, un bond de 32 %.

Mais loin de ralentir, le marché des résidences secondaires a continué d'accélérer. La demande pour les maisons de campagnes provenant des baby-boomers qui prennent leur retraite et de ceux qui projettent de le faire bientôt explique cette hausse soutenue de la demande, explique l'économiste Hélène Bégin, de Desjardins.

En plus, dit-elle, le nombre de propriétés au bord de l'eau, à distance raisonnable des villes, est restreint, ce qui contribue à faire augmenter les prix.

Dans ce contexte, «ceux qui sont assez fortunés pour faire l'acquisition d'une propriété sur le bord de l'eau ne se préoccupent pas beaucoup de l'augmentation du prix de l'essence», dit l'économiste de Desjardins.

Un sondage réalisé par Royal LePage à l'échelle canadienne indique que 23 % des propriétaires de chalets y iront moins souvent cet été à cause du prix élevé de l'essence et que 12 % songent même à vendre leur propriété si le prix de l'essence continue d'augmenter.

Ces données étonnent Claude Péloquin. «Quand on a les moyens d'avoir une résidence secondaire, on a de l'argent pour mettre de l'essence, dit l'analyste de la Chaire en tourisme de l'UQAM. On peut au pire repenser le choix du véhicule pour s'y rendre, mais pas s'empêcher d'y aller.»

Le coût de l'essence compte encore pour très petite partie des dépenses d'un ménage, explique pour sa part Hélène Bégin. Surtout de ceux qui ont chalet, qui ont souvent en plus un 4X4 et un bateau, ajoute-t-elle.

Attrait fort

En outre, contrairement aux jeunes familles, les baby-boomers ont souvent assez d'argent pour faire une bonne mise de fonds à l'achat d'une maison de campagne.

Mais le sondage de Royal LePage révèle aussi que l'attrait du chalet reste très fort. La moitié de ceux qui veulent acheter un chalet seraient prêts à déménager dans une maison plus petite pour pouvoir se le payer et 32 % seraient même prêts à avoir un deuxième emploi pour s'offrir une propriété en bordure d'un lac.