L'automne 2008, les premiers copropriétaires du Vistal, à l'Île-des-Soeurs, devraient emménager dans leur appartement aussi neuf qu'écologique. Ils profiteront, entre autres, d'un système géothermique, de fenêtres à haute efficacité énergétique et d'une finition intérieure à faibles émissions polluantes.

L'automne 2008, les premiers copropriétaires du Vistal, à l'Île-des-Soeurs, devraient emménager dans leur appartement aussi neuf qu'écologique. Ils profiteront, entre autres, d'un système géothermique, de fenêtres à haute efficacité énergétique et d'une finition intérieure à faibles émissions polluantes.

 Des avantages qu'ils paieront toutefois un peu plus de 625 000$ pour l'ensemble des condos. Plutôt que de financer les initiatives écologiques uniquement par la hausse du prix des appartements, Proment a plutôt pris un autre pari: les acheteurs pourraient payer la note à même leurs charges communes (frais de condo mensuels) pendant huit ans.

Le promoteur prévoit donc prêter environ 500 000$ au syndicat de copropriété, à un taux d'intérêt de 6%. L'ensemble des copropriétaires devra rembourser environ 78 000 $ par année.

«Si on avait inclus toutes les composantes vertes dans le prix d'achat des condominiums, on n'aurait pas été compétitifs parce que cette valeur-là n'est pas encore reconnue par le marché», affirme Louis-Joseph Papineau, directeur du développement vert chez Proment.

 Le promoteur Cortim, qui érigera Le Stella dans le quartier Villeray, utilisera lui aussi le prêt vert pour financer ses initiatives écologiques. Pas question là non plus d'offrir des appartements plus chers au nom de l'environnement.

Cortim laissera donc une dette de 100 000$ que les 17 ménages du Stella rembourseront en 10 ans. «Dès que l'on parle de hausse de prix, les acheteurs sont réfractaires, explique Samuel Dansereau, responsable du projet pour Cortim. Le prêt vert est un moyen de faire en sorte que les initiatives écologiques que l'on prend ne changent rien, au départ, pour les acheteurs.»

Ainsi, au lieu de profiter immédiatement de frais de chauffage moins élevés, les copropriétaires des deux édifices paieront une partie de leur dette. Le montant du remboursement équivaudra, d'après les promoteurs, au montant des économies d'énergie. Les charges communes ne seront alors pas plus élevées que dans un immeuble similaire sans composantes vertes.

Qu'en pensent les acheteurs? «Ils posent des questions, mais quand on leur explique qu'ils ne paieront pas plus que dans un bâtiment traditionnel pendant huit ans, et qu'ils vont par la suite profiter d'économies d'énergie substantielles, ils sont rassurés», explique M. Papineau.

La réponse est donc bonne malgré les interrogations. Depuis le lancement officiel du projet, au mois de septembre, une cinquantaine d'appartements sur 150 ont trouvé preneurs. À pareille date, Proment espérait avoir 25 promesses d'achat en poche.

«C'est comme acheter une laveuse certifiée EnergyStar, avance Louis-Joseph Papineau. Ça coûte un peu plus cher au départ, mais sur une longue période, c'est très intéressant financièrement.»

Un bémol

L'avocat expérimenté en droit de la copropriété Yves Papineau se questionne toutefois sur les avantages du prêt vert. «Les gens sont-ils à ce point dupes? se demande-t-il. Ajouter ce montant sur une hypothèque personnelle ou le rembourser chaque mois pendant huit ou 10 ans avec les charges communes, ça ne revient pas au même?

Vraiment, je ne comprends pas pourquoi, si on veut vivre dans un bâtiment vert, on n'accepte pas tout de suite de payer un peu plus.»

L'avocat prévient aussi les acheteurs: il ne s'agit pas d'un cadeau, mais bien d'un prêt que devra gérer le syndicat de copropriété de l'immeuble.

Et si, par malheur, les gestionnaires de l'immeuble ne remboursaient pas correctement le prêteur (Proment prêtera l'argent dans le cas du Vistal et une institution financière l'assumera pour Le Stella), qu'adviendrait-il du bâtiment? «Légalement, après un long processus judiciaire, le créancier pourrait saisir les charges communes des copropriétaires, explique Me Papineau. Comme les appartements n'appartiennent pas au syndicat de copropriété, les résidants de l'immeuble ne risqueraient pas de se voir saisir leur condo.»

STELLA VISE L'OR

Le promoteur Cortim caresse de grandes ambitions au sujet de son dernier-né, Le Stella. Il souhaite voir l'immeuble de 17 appartements obtenir la certification LEED or, une des plus hautes distinctions en habitation verte.

«Nous pourrions être le premier édifice de condos à obtenir la certification LEED or, affirme Samuel Dansereau, responsable du Stella pour Cortim. Nous espérons offrir l'immeuble résidentiel le plus vert sur le marché.» Plus volumineux, le projet du promoteur Proment à l'île des Soeurs vise quant à lui la certification LEED argent.

Le programme Leadership in Energy and Environmental (LEED) Design octroie des points aux constructeurs en fonction de leurs initiatives écologiques. S'ils obtiennent la certification, elle est accompagnée de la mention certifié, argent, or ou platine. Les qualificatifs or et platine sont particulièrement ardus à obtenir.

Les futurs résidants du Stella profiteront notamment d'un système géothermique (des tuyaux qui récupèrent la chaleur du sol l'hiver et la fraîcheur l'été), d'une isolation supérieure, d'un système de récupération de l'eau de pluie pour les toilettes et d'un toit vert. Le promoteur entend enfin donner la priorité aux matériaux recyclés ou fabriqués dans la région de Montréal.

Les acheteurs se montrent-ils séduits par autant d'efforts? «À la base, ils regardent où le projet est situé et à quoi ressemblent les appartements, constate M. Dansereau. Ensuite, le facteur environnemental peut jouer. Par contre, ce serait simpliste de penser que l'on construit vert seulement pour vendre davantage. Nous croyons sincèrement que les promoteurs n'auront, dans l'avenir, d'autre choix que de s'intéresser au développement durable. C'est une question d'éthique.»

Pour financer de tels investissements, Cortim léguera une dette de 100 000$ que le syndicat devra rembourser à même les économies d'énergie pendant 10 ans.

DÉTAIL DES CHARGES COMMUNES DU PROJET VISTAL

> Appartement de 675 pieds carré (195 000 $)

Charges communes de 2008 à 2016: 202,50$, dont 20,25$ pour le prêt vert.

> Appartement de 2700 pieds carrés (1 250 000 $)

Charges communes de 2008 à 2016: 810$, dont 81$ pour le prêt vert.