Guy Gervais a eu un gros coup de coeur quand il a visité la fameuse maison Miron à Ahuntsic, il y a huit ans. « En entrant dans le vestibule, je savais que je la voulais. Je suis resté debout pendant 40 minutes et j'ai fait une offre sur-le-champ. À 22 h 30, l'offre était acceptée. » Puis, il n'a pas dormi pendant trois jours.

La maison, un joyau qui expose pleinement l'architecture des années 60, avait été préservée et restaurée et n'avait besoin que d'être actualisée. Ce qu'a fait M. Gervais pendant les cinq mois qui ont suivi.

Histoire

Raymond Miron, un des frères de la célèbre famille qui a exploité la carrière et la cimenterie de Saint-Michel, avait commandé trois bungalows au jeune architecte Jacques Vincent. Celui de la rue Somerville était destiné à sa fille, Raymonde.

Influencé par une période faste en renouveau architectural, M. Vincent était un disciple de l'école de Frank Lloyd Wright. Son confrère, le Montréalais Roger D'Astous, qui avait passé une année dans l'atelier de Wright, était un inconditionnel de l'ardoise.

C'est en partie cet élément qui a séduit M. Gervais, lui-même connaisseur. « Dans cette maison, de l'ardoise, il y en a partout : au sol, d'Italie, et sur les murs, du Québec. C'est magnifique. »

Depuis 25 ans, le quinquagénaire président et fondateur de Céragrès, une entreprise de pierre et de carrelage, fréquente et affectionne les matières organiques.

Le charme des autres matériaux a aussi opéré : l'immense hotte en cuivre au-dessus du foyer et son unique assise aux lignes courbées en béton ; la cuisine aux revêtements en sapin de l'Ouest, rénovée par les propriétaires précédents, parfaitement adaptée aux plafonds en bois ; les mosaïques lumineuses et envoûtantes des salles de bains si actuelles qu'on croyait - à tort - qu'elles avaient été posées récemment. « Non, elles sont ici depuis 54 ans. » Et c'est sans parler de la piscine intérieure et son immense murale créée par Alfred Pellan.

La maison avait été restaurée par le propriétaire précédent qui avait dépensé 875 000 $ en réparation de toutes sortes. Des travaux très bien effectués et avec goût, affirme M. Gervais. « Le cuivre d'origine qui couvre le périmètre de la toiture a été réparé, la toiture elle-même est récente, le drain français aussi, les fenêtres ont été remplacées... Je n'ai eu qu'à actualiser la beauté des lieux. »

PHOTO FOURNIE PAR LA COURTIÈRE

Ouverte sur la rivière et sa terrasse privée, la chambre principale est également pourvue d'un mur ardoisé.

Sous-sol Kon-Tiki

Si le rez-de-chaussée a été préservé avec minutie, le sous-sol a été modifié considérablement. Outre les quartiers généraux de Claude et Marie Michèle, les filles de M. Gervais, il y a un bureau qui sert de lieu d'études, un gym, une salle de billard et un espace digne de la Polynésie. « C'était le bar Kon-Tiki ici, madame ! On raconte que M. Miron aimait prendre un verre au légendaire bar de l'est de la ville. Un de ses amis lui aurait suggéré d'en construire un ici même, ce qu'il a fait ! » On peut imaginer les cocktails à l'ananas et les fêtes autour de l'allée de quilles (qui ont cédé leur place aux chambres et à la salle de télé).

De l'espace d'origine, il reste le bar et les frigos sous le comptoir, les étagères, les murs en paille et bambou blanchis ; trois totems ont survécu aux rénovations. M. Gervais conserve les autres artéfacts décoratifs dans un des nombreux rangements de la maison. Le plafond en liège a disparu ainsi que les quatre ou cinq surfaces au sol. À la place, on trouve maintenant du carrelage aux tons de crème.

M. Gervais quitte sa maison parce que ses enfants ont grandi. L'espace est devenu trop vaste. Il a des projets : Petite Italie ? Laurentides ? Qui sait.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Du bar Kon-Tiki voici ce qu'il reste. Il y a 50 ans, ce lieu était recouvert de totems polynésiens, de bambou et de liège. Seules quelques sculptures totémiques ont survécu. Les autres sont entreposées. 

La propriété en bref

Prix demandé: 2 995 000 $

Année de construction: 1961

Pièces:  15 pièces comprenant 5 chambres, 4 salles de bains, 1 salle d'eau, piscine intérieure, foyer au bois, planchers radiants, terrasse de 2200 pi2

Superficie utile : 8000 pi2 

Superficie du terrain: 20 000 pi2 

Évaluation municipale: 1 845 500 $

Impôt foncier:  15 238 $

Taxe scolaire: 3275 $

Courtière: Céline Demers, Re/Max du Cartier, 514-731-7575

PHOTO FOURNIE PAR LA COURTIÈRE

Rénovée par les propriétaires précédents, la cuisine aux revêtements en pin de l'Ouest s'intègre bien aux ééléments architecturaux de la maison. À noter les fenêtres en bandeau au-dessus du comptoir, une particularité toujours contemporaine. L'espace lunch est éclairé par un puits de lumière.