D'abord, n'entre pas qui veut au Unity. Cela prend un code personnalisé pour accéder à chaque étage. Incluant, bien sûr, le 10e où se trouve l'appartement de Julie Charbonneau.

C'est le dernier étage, tout en haut. Nous sommes arrivés à la tombée du jour et les lumières de la ville s'éveillaient.

Comme disent les jeunes, Oh. My. God.

Les grandes fenêtres en arc du loft s'allongent presque du plancher au plafond qui lui, doit être à 20 pi du sol.

La ville, la nuit, est scintillante. La vue, envoûtante.

D'un côté, la basilique Saint-Patrick. De l'autre, au loin, le complexe Desjardins. Tout autour, des édifices, pour la plupart résidentiels. Dans cet espace urbain, autrefois occupé par des entreprises, les gens se sont emparés du quartier depuis une quinzaine d'années. Des résidants qui en ont les moyens, puisque les propriétés à 1 million et plus font légion.

Julie Charbonneau est designer d'intérieur. Ses clients habitent d'un océan à l'autre. Elle a un bureau dans le Vieux-Montréal et un autre à Toronto.

Son loft de Montréal lui sert de pied-à-terre quand elle revient dans sa ville.

L'immeuble art déco Unity hébergeait autrefois des entreprises d'imprimerie, de graphisme et d'édition. Durant les années 2000, des promoteurs l'ont recyclé en habitations. Classé monument historique par le gouvernement du Québec en 1985, c'est l'aspect du loft qui l'a séduit il y a près de trois ans quand elle l'a acheté.

«D'abord, il y a les hauts plafonds et les colonnes au fini en béton brut, puis les immenses fenêtres qui s'ouvrent sur la ville. En plus, j'avais l'option de créer une terrasse sur le toit. Je n'ai pas hésité.»

L'appartement appartenait à un couple âgé. Elle l'a modernisé. L'appartement, pas le couple.

Look urbain

Mme Charbonneau a la réputation d'être une designer classique, souvent inspirée de l'architecture et du design européens. Elle a voulu faire complètement différent ici.

Elle a d'abord enlevé le plancher en bois qui «était couvert de trous et irrécupérable» pour le transformer en surface blanche en époxy. Elle a retiré un foyer et ouvert la pièce pour en faire une grande surface ouverte.

La cuisine a été repensée. L'îlot, un grand bloc où on peut s'asseoir, procure une division entre les pièces communes où on lit, jase, mange ou regarde la télé. La surface de travail est divisée en deux: la partie blanche est en résine acrylique, l'autre est en bois, la même essence que les armoires du bas. La raison? L'îlot est tellement grand qu'il aurait été impossible de transporter un comptoir d'une seule pièce dans l'ascenseur!

Plusieurs artisans ont participé à l'élaboration de la cuisine. «Une oeuvre commune», insiste Mme Charbonneau, jeune quadragénaire au sourire facile.

Les cuistots seront comblés: deux frigos, deux lave-vaisselle, un congélateur tiroir, deux fours encastrés, une plaque italienne Smeg au gaz et quoi encore.

Chambres d'hôtel

Il y a deux chambres fermées dans le loft. Elles sont coupées du reste de l'appartement par des murs recouverts de bois (toujours le même) coupés de très hautes portes.

L'effet est immédiat quand on entre: on a l'impression d'être dans un hôtel-boutique. Est-ce dû aux éléments décoratifs? Aux meubles? Nous opterions pour dire que l'éclairage variable crée une telle impression de bien-être qu'il joue pour beaucoup. Les luminaires sont nombreux, mais même suspendus aux hauts plafonds, ils enveloppent la pièce d'une lumière douillette, légèrement ambrée et terriblement invitante. Malgré l'absence d'artéfacts (la devise de Mme Charbonneau est «less is more»), on ne veut plus quitter cet appartement.

La propriété en bref

> Prix demandé: 2 989 000$

> Année de construction: 1912et 1913, rénovée en 2005

> Pièces: Cinq, comprenant deux chambres, deux salles de bains. Vaste hall d'entrée.

> Comprend: Peut être vendu avec meubles

> Superficie utile: 3183 pi2

> Évaluation municipale: 1 955 400$

> Fraisannuels de copropriété: 13 368$

> Impôt foncier: 16 631$

> Taxes scolaires: 4367$

Courtière: Alfee Kaufman, Sotheby's International Realty