En 2002, Paul Beaudry et Diane Therrien cherchaient une maison. Une maison très semblable à celle qu'ils avaient dû vendre quelques années auparavant.

C'était probablement leur neuvième ou dixième résidence depuis le début de leur vie commune.

Voyez-vous, le couple n'a pas un parcours banal. Paul, comptable, a beaucoup, beaucoup voyagé pour le travail. Il a entraîné sa famille un peu partout dans le monde: Argentine, Côte d'Ivoire, Liban, Nouvelle-Écosse... Le petit clan (trois fils et les parents) a donc vécu dans plusieurs maisons. Certaines, très luxueuses, avec des sols en marbre et autres fioritures. Mais la préférée de la famille avait été une grande maison de Notre-Dame-de-Grâce, tout près du village Monkland. Une de ces belles propriétés aux boiseries luxuriantes et aux hauts plafonds. Dont ils avaient dû se départir à regret avant le séjour au Liban.

À leur retour, Diane lit dans La Presse un article sur une maison patrimoniale située à Pointe-aux-Trembles. Une maison similaire à l'autre et qui, en prime, donne sur le bord du fleuve, rue Notre-Dame.

Mais la maison construite en 1927 pratiquement au bout de l'île ne séduit pas grand-monde dans la famille. Oui, elle est bien située avec sa vue apaisante sur l'île Grosbois, mais les enfants sont inscrits à Brébeuf: ils la trouvent bien loin de leur école. D'autant que les garçons sont des escrimeurs d'élite et pratiquent plusieurs sports. Et comme si ce n'était pas assez, la maison exige énormément de travaux. Ce que Paul et Diane constatent rapidement.

Qu'à cela ne tienne, ils l'achètent. Et commissionnent une amie de Diane, l'architecte Marijo Giguère, de les aider dans la restauration de la propriété.

Car il s'agit bien ici de redonner à cette grande maison ses lettres de noblesse. Exit donc les rénovations entreprises dans le passé. Paul et Diane veulent retrouver le lustre auquel la propriété a droit. Et pas question de toucher aux boiseries!

Ils s'attaquent d'abord à la salle à manger, qu'ils dégarnissent complètement puis reconstruisent. En même temps, ils s'attaquent à la cuisine, qu'ils redessinent et repositionnent, tout comme une salle d'eau et l'espace lunch. Suit la restauration des murs des couloirs et du salon. «Le haut des murs était couvert de papier peint, explique Paul. Quand on l'a retiré, on a vu que le mur, en plâtre, était abîmé. On a fait venir un plâtrier spécialisé pour le lisser.»

Quant au matériau qui couvre la partie au bas de la cimaise, ils ont d'abord cru que c'était du métal en relief tellement il était remarquable. «Mais, après examen, on a compris qu'il était fait en papier peint burlap, une sorte de toile en jute aux motifs fleuris décorés par une dorure appliquée à la main. Un travail de moine», constate Diane.

Les luminaires, les calorifères et les vitraux sont d'origine et minutieusement entretenus par les propriétaires. «Quand on enlève un morceau de la maison, que ce soit une porte ou un caisson de calorifère, on le met de côté. On ne le jette jamais!»,

Au fil des travaux (qui ont duré six mois), ils ont découvert des surprises. La pièce qui est devenue leur chambre principale était en quelque sorte juchée au-dessus des autres. «Il fallait grimper quelques marches pour y accéder», se souvient Paul. C'était une grande pièce que les enfants avaient baptisée la salle de bingo. «En retirant le premier parquet pour l'abaisser, nous sommes tombés sur un autre parquet, puis un autre, puis sur des tuiles de toiture!» Cette pièce a été aussi complètement repensée: on a créé une grande salle de bains et un placard de type walk-in. Un accroc à la tradition... incontournable.

Une petite porte adjacente à la chambre intrigue. C'est une ouverture vers un joli logement de quatre pièces, mitoyen à la maison. On ne le soupçonne absolument pas de l'extérieur. Parlant de l'extérieur, la vue sur le fleuve est formidable. Le couple a fait construire un escalier qui le mène au terrain du bord de l'eau. Parfait pour le kayak.

Malgré toute l'affection qu'ils ont pour leur maison, le couple la quitte pour se rapprocher d'une certaine demoiselle Rose, quatre dents et un sourire à faire fondre les grands-parents qu'ils sont devenus.

LA PROPRIÉTÉ EN BREF

>Prix demandé: 1 200 000$

>Année de construction: 1927

>Pièces: 14 pièces, 5 chambres, 2 salles de bain, 1 salle d'eau

>Comprend: un logement de 4 pièces avec 2 chambres

>Revêtement en brique, cheminée en pierre, garage double.

>Superficie utile: 4600 pi2 (excluant sous-sol et grenier)

>Superficie du terrain: 25 900 pi2

>Évaluation municipale: 778 700$

>Impôt foncier: 7079$

>Taxes scolaires: 1391$

>Courtiers: Robert Savage et Alain Servant, Via Capitale Distinction. 514 353-9942