Il est rare qu'on voie une pièce si particulière. C'est une sorte de «maison longue» au travers de la maison, avec une porte d'entrée dans l'axe principal. Dans ce séjour magistral, qui fait plus d'une dizaine de mètres de long, les deux pans du plafond, lambrissés de cèdre, épousent la pente du toit à deux versants.

Son extrémité est entièrement occupée par une baie vitrée, dont le sommet triangulaire attire le regard vers le ciel comme une flèche qui signalerait: étendue d'eau droit devant! Le hall d'entrée offre ainsi une impressionnante percée visuelle sur la ligne d'horizon. «On se trouve du côté des "grands lacs"», dit le propriétaire de cette vaste propriété de L'Île-Cadieux.

Sa femme et lui habitaient Notre-Dame-de-Grâce quand ils ont eu le goût d'avoir un terrain à eux seuls et un bois à leur porte.

Ce couple (qui a requis l'anonymat) pensait l'avoir trouvé à Hudson, avant de tomber, au hasard d'une virée entre Hudson et Vaudreuil-sur-le-Lac, sur cette propriété bien plus vaste et mieux adaptée à sa passion pour la navigation.

Le terrain privé s'étale devant une petite baie, dans cet élargissement de la rivière des Outaouais qu'on appelle le lac des Deux Montagnes. «Ça me prend une heure pour faire le tour de l'île en aviron», indique la femme.

L'Île-Cadieux constitue l'une des plus petites municipalités du pays (128 habitants en 2006). Enfant, monsieur avait découvert ce lieu bucolique grâce à un oncle, et il s'était «finalement» décidé à y emmener sa femme pour le lui faire découvrir. Un endroit où les végétaux poussent en plus grand nombre que les néo-manoirs en d'autres lieux... Il faisait froid, le temps était gris, pluvieux. N'empêche: le charme avait fini par opérer, vu la promesse d'une meilleure qualité de vie, à commencer par un éloignement moindre de la grande ville qu'à Hudson.

Les enfants du couple avaient alors 7 et 9 ans. Les parents savaient qu'il y aurait beaucoup de travaux à faire pour rendre la maison habitable, pour eux comme pour leur progéniture. «Il y avait un petit côté Star Trek», rapporte madame. Moquette foncée, sanitaires turquoise, fluos par-ci, par-là. L'équipe de repérage du film I'm not There (sur la vie de Bob Dylan) serait passée sans toutefois retenir ladite maison comme lieu de tournage. «Ils avaient particulièrement aimé la salle de bains du sous-sol», raconte monsieur. Une atmosphère sixties imprègne toujours cette pièce, partiellement rénovée (les autres salles de bains ont été rénovées depuis 2004).

Six mois de travaux

Le couple avait cinq rénovations résidentielles au compteur avant d'entreprendre ce projet... spatial. Mission: moderniser l'habitat pour lui redonner des chambres convenables et surtout une cuisine du XXIe siècle. L'ancienne cuisine de fonction était coincée dans une aile - démolie depuis - qui accueillait également les cinq ou six chambres réservées aux domestiques et aux enfants des anciens proprios.

L'ancienne salle à manger a été transformée en cuisine, où un mur vitré s'arque doucement devant une grande terrasse ouverte sur le lac. Elle est dotée d'un large garde-manger, bien pratique, et d'un îlot. Dans cette pièce, le foyer au bois a été converti au gaz.

La salle à manger est maintenant située dans le vaste séjour central, d'où elle communique avec la cuisine. La pièce est garnie de bibliothèques encastrées et d'un foyer habillé d'un manteau en marbre.

L'autre aile a survécu. Elle abritait à l'origine une très grande chambre à coucher et une salle de bains. On y trouve maintenant trois chambres, pour loger les cinq membres de la famille, et une bibliothèque intégrée au mur d'un couloir afin d'enjoliver ce passage obligé vers la salle de bains. Décorée de céramique, de zebrano et de granit, celle-ci offre une baignoire et une douche séparées. Au plafond, l'éclairage fluorescent a fait place à une suspension horizontale dotée de spots réglables pour un éclairage plus flatteur.

À l'extérieur du vaisseau amiral, pierres et bois ont remplacé les clins d'aluminium d'origine.

Le vaste terrain comprend piscine creusée et aménagement paysager, ainsi qu'un ancien puits artésien désaffecté depuis que la petite municipalité est approvisionnée en eau courante. Un élagueur vient chaque année, et le bois récupéré est si abondant que les proprios ont changé le mode de chauffage de la piscine pour un chauffage au bois, afin d'écouler leur stock local.

Autres caractéristiques qui pourraient attirer les amateurs de grands espaces: la propriété inclut un quai en béton et un tennis privé. En somme, un petit domaine silencieux, mais plus près que jamais des grandes surfaces en raison de la croissance extraordinaire de Vaudreuil-Dorion à 4 km de là.

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La propriété en bref

Prix demandé: 1 995 000$.

Année de construction: 1966.

Nombre de pièces: 14, dont 4 chambres + 3 salles de bains + 1 salle d'eau.

Comprend réfrigérateur, plaque de cuisson au gaz, four à convection, lave-vaisselle, partie des luminaires, équipement de la piscine sauf chauffe-eau au bois.

Évaluation municipale (2012): 1 670 000$.

Impôt foncier (2012): 6275$.

Taxe scolaire (2012): 325$.

Courtier: Judith Bouthillier, Sotheby's International Realty Québec, 514-887-4032.