Ginette Handfield a acquis une maison à Westmount, rue Grosvenor, après avoir vécu deux décennies en Europe. «J'ai décidé de la rénover de fond en comble», dit la propriétaire.

Faite sur le long, la maison jumelée lui rappelait sa maison à Londres. «J'ai eu un coup de coeur pour les moulures et l'atmosphère britannique.» Vivement le lambris foncé aux murs du hall et dans l'escalier!

Les parquets sont en chêne et non en pin, souligne-t-elle. Il en est de même pour les boiseries, et il n'était pas question de peinturer le noble matériau.

La maison tout juste centenaire a conservé son charme d'époque. Les divisions sont demeurées en place. Seul changement: un vestibule ajouté à l'entrée principale (excentrée sur la façade avant).

Le grand hall dévoile à gauche un salon avec foyer au bois et à droite une élégante salle à manger avec lustre étincelant.

Avant et arrière contrastés

C'est une maison «bipolaire», pourrait-on dire: les pièces localisées à l'avant de la maison contrastent beaucoup avec celles situées plutôt vers l'arrière, côté jardin. Murs en plâtre à l'avant, murs en gypse à l'arrière. Foyers traditionnels en avant (chambre no 1, salon), foyers au gaz d'allure moderne dans les pièces donnant sur le jardin (chambre no 2, solarium).

Un plancher radiant, en pierre de Jérusalem, caractérise la cuisine dont l'aménagement s'inspire d'une cuisine «britannique»... repérée par Mme Handfield dans une autre maison de Westmount. Au salon? L'ambiance est plus fraîche et ancienne étant donné le plancher en lattes de bois, la présence de vitraux et l'orientation nord.

Les quatre foyers «aident beaucoup» à réchauffer cette maison dotée d'un système de chauffage radiant à l'eau chaude, soutient la Québécoise.

On trouve l'un des foyers dans le solarium adjacent à la cuisine. Un lieu inondé de lumière en après-midi. La propriétaire a rapporté du vieux continent une idée populaire, celle d'habiller le sol d'un tapis de sisal, une fibre naturelle. «Difficile à nettoyer» cependant.

Certaines pièces n'ont subi que des changements cosmétiques, comme la pièce de séjour du sous-sol. Il y a une chambre à ce niveau. La salle de bains a été la dernière des trois à être rénovées.

Trois salles de bains

Les salles de bains les plus somptueuses se trouvent à l'étage.

Il y en a deux.

Une fenêtre de toit éclaire un lavabo avec robinet rond en verre et chrome (Hansa) dans la salle de bains «d'en arrière». Celle-ci comporte une baignoire de même qu'un bain turc conçu pour deux personnes par la designer Michèle Bélair-Pagnetti. L'endroit est tout carrelé de blanc tel un hammam public. Il abrite un banc intégré assorti et un deuxième banc escamotable (en teck?). Des portes vitrées séparent cette cabine vapeur de la pièce adjacente, conçue pour être une salle de repos telle qu'on en voit dans les centres de thermothérapie. La propriétaire y a fait sa chambre.

L'autre salle de bains mélange influences italiennes et françaises dans un style bien plus classique. Douche vitrée en mosaïque pâle, petits carreaux grimpants derrière un lavabo sur pattes (de la collection Happy D de Duravit) et au sol, des carreaux de marbre de teinte pâle assortie, et une baignoire bateau en fonte du XIXe siècle français. Une reproduction.

Mme Handfield a étudié l'histoire de l'art à Paris et ramené dans ses bagages plusieurs reproductions d'oeuvres d'art, dont une baigneuse du sculpteur Falconnet posée ici sur un socle d'acrylique. «J'ai voulu emporter l'Europe dans ma maison!», dit l'ex-financière.

Le mariage désiré entre tradition et modernité se montre particulièrement heureux dans la cuisine. Les plans de travail en granit dépoli contrastent avec les armoires couleur crème, en merisier, pleine hauteur. Les boutons de portes sont incrustés de cristal Swarovski. Cristal que l'on retrouve dans la salle de bains italo-française sur un lustre Schonbek, une entreprise américaine dont le fondateur venu de Bohème vécut un temps à Montréal. Un destin croisé des deux côtés de l'Atlantique à l'image de la vie de Mme Handfield dont les ancêtres sont anglais, mais qui a été élevée à Contrecoeur, en français.