La propriété de Bedford, en Montérégie, fait penser à la maison craquante d'une matante. Dans le temps où on se berçait dans le boudoir en tricotant ou qu'on s'assoyait sur la galerie pour jaser.

La maison date de la fin du XIXe siècle. Elle est offerte à 299 000 $.

Son histoire et son architecture sont particulières.

La maison a hébergé une famille de marchands qui serait venue des États-Unis pour participer à la construction de chemins de fer. En 1890, la belle-fille du propriétaire en a hérité, et quelques années plus tard, la résidence a été saisie pour être vendue à un avocat, Zébulon Cornell, d'après la municipalité de Bedford. En 1925, la succession de M. Cornell l'a transférée à Damieri Kimmell et c'est à cette époque qu'une extension a été construite à l'arrière de la maison. Une couturière y tiendra son atelier de 1929 à 1967.

La maison n'a pas eu qu'une vocation résidentielle.

Dans les années 70, elle est devenue le bureau du jeune avocat Pierre Paradis et de son frère Denis, élus plus tard députés (fédéral et provincial) de Brome-Missisquoi. «Lorsqu'ils ont acheté, ils ont fait excaver pour faire une bibliothèque et une salle de conférence», indique Mme Houde. La petite cave d'environ trois pieds s'était alors transformée en un lieu chaleureux grâce à l'ajout d'un foyer au bois, dit-elle. On peut encore voir une partie des murs de pierre appuyés directement sur le roc; la construction semble assise sur un cap rocheux. Elle domine le village au 25, rue Principale.

Un B&B a accueilli des touristes sur ces hauteurs dès la fin des années 80.

Un restaurent de type «bouffe et frissons» a offert d'autres expériences à sa clientèle dans les années 90. «La salle à manger était au rez-de-chaussée et après le souper, on descendait dans la cave les yeux bandés, en suivant une corde accrochée au mur. La cave n'était pas éclairée, on avait seulement des lampes de poche», relate Roxanne Brault, une employée de la mairie de Bedford, village de 2800 âmes.

Architecture néogothique

Une crête de fer forgé couronne la cheminée de la maison, signe parmi d'autres styles en vogue à l'époque victorienne. Une lucarne-pignon (dans la chambre principale) témoigne d'influences néogothiques.

Kirk Witt, 48 ans, a longtemps vécu à San Francisco et il était sensible à cette architecture. Son rêve, inaccessible sur la côte Ouest, lui est apparu palpable en entrant ici, en 2009. Il a convaincu son conjoint Jean-Guy Rannou d'acheter cette maison pleine d'histoires avec lui.

«C'est une vraie maison villageoise», dit M. Rannou.

Du trottoir, il faut grimper quelques escaliers pour atteindre l'une ou l'autre des portes d'entrée donnant sur la galerie.

Le couple n'a fait que des modifications cosmétiques à la propriété. M. Rannou a planté devant la maison des cèdres, des mélèzes, quatre pommiers, deux pruniers, un érable japonais, des saules, trois sortes de rhubarbe, un noisetier, des cornouillers, «des hydrangées aussi». Une fontaine attire les oiseaux. Plusieurs batifolent à l'intérieur aussi...

Les planchers sont d'origine, des planches de bois, du pin probablement. Un esprit vieillot flotte dans l'air.

Des lustres antiques décorent plusieurs des 10 pièces notamment dans la pièce préférée des résidants: c'est la salle de séjour. Nous la découvrons à droite de l'entrée près du vieil escalier. Trois portes s'ouvrent de là sur la galerie.

Sans le vouloir, M. Rannou et M. Witt ont perpétué la tradition artisanale de la dame Kimmell puisque le premier est spécialiste aux costumes pour le Cirque du Soleil et le deuxième, styliste vestimentaire. Si leur solarium ne résonne plus sous l'aiguille d'une machine à coudre, cette pièce double grouille de chats, de chiens, de poissons et de nombreux oiseaux en cage.

Le couple garde aussi des poules dans une remise située plus haut sur la butte. Ils veulent déménager leur ménagerie dans une ferme.

Rempli d'objets trouvés chez des brocanteurs, le sous-sol témoigne de l'attachement des proprios aux choses «ayant vécu». Cette pièce au plancher de béton n'est plus chauffée, pour économiser sur les frais de chauffage. Une maison qui ne plairait pas aux frileux... de la rénovation! «Elle a besoin d'un amoureux de maisons anciennes prêt à mettre la main à la pâte», résume Sylvie Houde.

La propriété en bref

Prix demandé: 299 000 $.

Année de construction: circa 1873.

Nombre de pièces: 10, dont 3 chambres + 3 salles de bains.

Comprend le lave-vaisselle.

Évaluation municipale (2012): 221 500 $.

Impôt foncier (2012): 3002 $.

Taxe scolaire (2012): 576 $.

Courtière: Sylvie Houde, Re/Max Professionnel, 450-298-1111.