Une règle non écrite parmi les résidants de certains lacs limite la vente des propriétés riveraines aux proches. On veut garder les chalets «dans la famille», décider qui fera partie du voisinage. Dans Lanaudière, le 7e Lac n'échappe pas à cette tradition: plusieurs propriétaires préféreraient transmettre leur bien à des parents ou à des amis.

Jacques Charron, 57 ans, faisait partie du cercle des intimes. Son oncle possédait une maison en bordure de ce lac depuis 50 ans dit-il.

«Toute la famille était rassemblée chez lui, à l'extérieur, pour une épluchette de blé d'Inde et un barbecue», se souvient M. Charron, qui habitait alors à Sainte-Thérèse avec son conjoint, Rock Gilbert. Les deux recherchaient une maison de campagne et ont flairé la bonne occasion. Un verre de vin plus tard, l'affaire était presque dans le sac. En fin de compte, M. Charron a acheté deux terrains et un lot contigu, un domaine de presque 3 hectares.

La construction de la maison a commencé au printemps 2005. Elle s'élève sur un cap rocheux, des dizaines de mètres en surplomb de ce lac, le plus grand de Chertsey. La plupart des 11 pièces et la terrasse offrent une vue vertigineuse.

Il a fallu construire un chemin avant d'ériger le garage avec loft à l'étage, premier bâtiment que nous croisons en route, et l'habitation à trois niveaux bâtie plus bas. De là, le chemin privé descend abruptement jusqu'au quai.

Cette longue et tortueuse entrée en matière est à l'image de la route qui mène à ce lieu plutôt isolé. En effet, il faut se rendre au fin fond des bois pour apercevoir le 7e Lac, invisible de la route.

Des francophones fortunés de Joliette avaient commencé à le fréquenter dans les années 1800, selon l'association des résidants. À l'époque, le plan d'eau, convoité par les pêcheurs, n'était accessible qu'à cheval. Jaloux de leur petit coin de nature, médecins, juges et autres notables avaient procédé à un tirage au sort pour déterminer qui aurait le droit d'y acquérir des terres.

C'est demeuré silencieux, les motomarines n'y étant pas bienvenues (la puissance maximale des moteurs permise est de 9,9 forces).

Un design maison

Rock, le cuisinier du couple, a dessiné l'habitation et l'aménagement de la cuisine. Une section de cette pièce d'allure champêtre se trouve sous un plafond cathédrale. Pour leurs repas de tous les jours, le couple affectionne la vieille table qui s'y trouve, trésor familial que le Saguenéen de 46 ans a retapé. L'autre table de style réfectoire sert lors des réceptions.

Rock Gilbert souligne avec fierté qu'il peut voir la visite arriver en regardant par-dessus l'évier et, en pivotant de 180°, continuer de s'affairer à l'îlot tout en gardant un contact avec les invités. Armoires en bois, hauts tiroirs, niches et corniches permettent de ranger et d'exposer moult objets.

Les visiteurs découvrent la cuisine et la salle à manger après un passage obligé par le séjour, dominé par une cheminée en pierre. Les poutres de la structure sont bien en vue. Elles sont là pour accueillir un agrandissement éventuel de l'étage. «Jacques a deux enfants. Ils ont leur espace en bas, tandis que nous avons tout l'étage pour nous», indique M. Gilbert.

Quatre chambres

L'étage ressemble en fait à la suite d'un chic hôtel des Laurentides: séjour agrémenté d'un foyer au gaz, très grand lit, boudoir fenêtré et salle de bains avec douche et baignoire séparées. Le sanitaire est cloisonné. Une sorte de hublot regarde vers le lac. Un balcon dans la salle de séjour mansardée attenante à la chambre donne vers l'est.

Les trois chambres à coucher des invités ne sont pas en reste. M. Gilbert les a aménagées une à la fois selon trois thèmes. Il y a la romantique (décorée dans des teintes chaudes), la rustique (avec un lit en rondins) et la nautique, meublée de deux lits grand format superposés construits sur mesure, pourvus d'une échelle et de rangements intégrés.

Les deux hommes passent une partie de l'année en Floride. C'est la raison qu'ils invoquent pour la vente de cette propriété de près de 3 ha pour laquelle ils demandent près de 1 million de dollars.

C'est un prix fort pour la région parce qu'on voit beaucoup plus de petites habitations rudimentaires que de grandes maisons comme celle-ci. À Chertsey, qui compte quelque 4830 habitants, la proportion de ménages dont le revenu est inférieur à 15 000$ est l'une des plus élevées de la MRC de Matawinie...

Qui achètera cette propriété? «Probablement des baby-boomers», avance M. Gilbert, tandis que M. Charron berce Charlo, leur caniche, dans la salle de télé, une véranda quatre saisons bien aérée. C'est à cause du chien qu'ils ont choisi un couvre-sol de contreplaqué sablé, teint et verni pour une partie du rez-de-chaussée.

Propriété en bref

Prix demandé: 997 000$

Nombre de pièces: 11 dont, 4 chambres, plus 2 salles de bains et 1 salle d'eau.

Comprend réfrigérateur, cuisinière au gaz, lave-vaisselle, habillage des fenêtres, système d'alarme, garage double avec loft au-dessus, génératrice au gaz, quai.

Évaluation municipale (2012): 526 300$

Impôt foncier (2012): 4793$

Taxe scolaire (2012): 937$

Courtier: Éric Léger, Groupe Sutton Laurentides, 450-227-7474