Impression de déjà-vu? Vous n'avez pas la berlue: cette maison contemporaine a déjà fait l'objet d'articles dans La Presse.

C'est une construction récente. Érigée en 2010 dans le Sud-Ouest de Montréal, elle est à vendre depuis peu. Son intérieur avait remporté en 2011 le premier des Prix d'excellence de l'Ordre des architectes du Québec dans la catégorie «Aménagement intérieur résidentiel».

La première question qu'on se pose alors, pourquoi? Pourquoi deux jeunes propriétaires veulent-ils vendre si rapidement une résidence dans laquelle ils viennent vraisemblement d'investir nombre d'heures et de dollars?

Les principaux intéressés ont fait comme Hercule Poirot. Après mûre réflexion, ils en sont venus à la conclusion que... Ils sont mordus de construction, de design et de décoration! De beaux livres Taschen, Könemann et autres forment des piles bien alignées et colorées sur les étagères en acier de leur salle à manger (incluses dans le prix de 1,2 million).

«C'était le client idéal, passionné d'architecture et de design», indique l'architecte Stéphane Rasselet de l'agence _naturehumaine.

La petite histoire

M. Rasselet se souvient de sa première rencontre avec eux. C'était lors de l'activité Portes ouvertes de Design Montréal. «Il y avait eu un bon déclic à ce moment-là», raconte-t-il. Quelques semaines plus tard, ils se sont rencontrés avec l'objectif de créer une maison neuve sur un terrain vierge à Pointe-Saint-Charles.

Le couple habitait déjà le quartier. Cela a facilité le suivi des travaux, et ce, des deux parties. «Ils étaient là matin et soir, précise M. Rasselet. Ils m'ont aidé à suivre le projet, à corriger des choses, à apporter de bonnes idées.»

De fait ces passionnés se sont montrés «très pointilleux» et «assez exigeants sur l'exécution du travail».

La cuisine a été livrée en pièces détachées d'un fournisseur italien (Euromobile). Il fallait que le tout rentre dans l'espace bâti, au millimètre près. «C'est le genre de cuisine que, une fois montée, on a le goût d'ouvrir une bouteille de champagne», illustre l'un des proprios. Les armoires laquées blanches dissimulent deux réfrigérateurs, deux congélateurs, un lave-vaisselle. Le tout est inclus dans le prix de 1,2 milion. Idem pour les deux fours encastrés, la plaque de cuisson à induction et la magnifique hotte tubulaire (de marque MaxFire, si cela vous intéresse).

Chacun avait ses exigences. Atelier de peinture pour l'un, garage pour l'autre. Le garage a créé une contrainte assez importante dès le départ, dit Stéphane Rasselet, puisqu'il fallait l'intégrer au bâtiment.

Le garage occupe une bonne partie de l'avant de l'habitation, avec la salle d'eau et le rangement. Le couloir de l'entrée s'ouvre sur un grand espace orienté au sud. Ce séjour se prolonge dans une cour paysagée, aménagée franc sud. Un atout rare en ville. (En effet, vu l'axe de la majorité de rues, il est peu commun de trouver une cour orientée plein sud dans les quartiers centraux de Montréal.)

Ensuite, autre contrainte. L'ajout d'un escalier, dans ce bâtiment ne faisant que 20 pi de façade. «Un escalier complètement découpé et ouvert sur cet espace-là, comme mis en scène dans l'espace», voilà comment l'architecte de _naturehumaine décrit le résultat.

Des puits de lumière éclairent l'escalier et l'atelier aménagé à l'étage, côté nord.

Percées visuelles

Surprise! en arrivant à l'étage, une section du sol est en verre trempé; sous nos pieds on voit l'étage d'en dessous. Cette sorte de pont transparent permet à la lumière de traverser jusqu'au rez-de-chaussée. Une fois ce passage franchi, on arrive près de la salle de lessive et de la chambre principale munie de hauts placards intégrés.

La salle de bains adjacente est décorée d'un papier peint fleuri déniché chez Empire. Sol et douche plain-pied en ardoise constrastent avec l'émail de la baignoire. Une porte coulissante sépare le cabinet du reste de la pièce.

L'atelier de peinture pourrait être aménagé en troisième chambre. Le long du mur entre cette pièce et la salle de bains, des panneaux coulissants dissimulent un évier de travail et du rangement. D'autres portes de même facture, colorées, permettent d'isoler l'atelier en tant que tel du hall d'escalier.

Toutes les portes d'ailleurs sont pleine hauteur. Cela maximise l'impression d'ampleur sous plafond (environ neuf pieds à l'étage, dix pieds au rez-de-chaussée).

D'autres détails architecturaux séduisent l'oeil. Tels ces dispositifs d'éclairage encastrés horizontalement dans une large niche - ils éclairent la tête de lit dans la chambre des maîtres. Telle aussi cette ligne courant verticalement sur un mur comme un filet d'eau près du «pont» transparent. Ce point d'exclamation lumineux relie visuellement les deux étages.

Des détails, les vendeurs n'ont pas fini d'en exiger et d'en peaufiner. Ils souhaitent entreprendre un autre projet de construction résidentielle plus audacieux. «On cherche un terrain», conclut notre interlocuteur. Ce professionnel de 40 ans ne gagne pas sa vie dans la construction ou le design. Cela pourrait changer.

Prix demandé: 1 197 000$

Année de construction: 2010

Nombre de pièces: 7 dont 3 chambres " 1 salle de bains " 1 salle d'eau

Évaluation municipale: 475 000$*

Impôt foncier (2011): 4751$

Taxes scolaires (2011): 1066$

Courtier: Joseph Montanaro, Sotheby's International Realty, josephmontanaro.com, 514-660-3050

* réalisée en cours de construction.