Leurs amis les taquinent. Nicole Arsenault et Luc Quenneville sont mordus de rénovation, si bien qu'à chaque projet, ils disent qu'ils vont garder la maison, mais déménagent pour tout recommencer ailleurs.

Là, ils viennent d'acheter un vieil immeuble du Plateau qu'ils vont retaper de A à Z. Leurs yeux brillent quand ils en parlent. «Ça nous prend des projets», dit M. Quenneville, vêtu d'un jersey de cycliste.

Ce retraité aime autant pédaler que bricoler. Son dada, c'est la finition. Pratique quand on change de maison comme on change de maillot.

Leur 9e projet, à Duvernay, avait fait l'objet d'une présentation spéciale en mai 2010. Le mois suivant, ils se lançaient à nouveau dans la poussière et les plans.

«On aime ça, rester dans de belles maisons», explique Mme Arsenault, lèvres peintes rouge vif. Cette spécialiste de la retouche photographique travaille de chez elle. Tout le temps. Autant dire qu'elle passe sa vie entre quatre murs (puisqu'elle ne voyage plus). Il faut que son environnement soit «agréable», qu'il y ait de la «belle lumière». Et pas de bureau au sous-sol s'il vous plaît.

Sept mois de travail

Le couple de 60 ans a conservé l'enveloppe extérieure en cèdre et en acrylique de cette maison lavalloise. Mais à l'intérieur tout a été raffiné, repeint, actualisé.

La cuisine brille comme un sou neuf. Ils ont ajouté une grande fenêtre au-dessus de l'évier.

Des divisions sont tombées, pour ouvrir l'espace du rez-de-chaussée. Devant, à gauche, en arrivant dans la maison, la cuisine forme un vaste espace lumineux en ce matin d'automne. À droite, un manteau en gypse imite le béton.

«Il manquait de clarté ici (...). La cuisine était beaucoup plus petite et sombre. Il y avait cinq essences de planchers», détaille M. Quenneville, accoté à leur nouveau comptoir réfléchissant la lumière - en marbre de Carrare.

Les Quenneville-Arsenault travaillent depuis 15 ans avec une designer d'intérieur. Un incontournable, selon eux: «À chacun son métier. Abattre un mur peut changer la lumière et le coup d'oeil», argue Mme Arsenault.

L'éclairage fut repensé du tout au tout. Un aspect trop souvent négligé. «Il faut que l'éclairage soit bien fait pour qu'on se rende compte qu'il était déficient avant», note Andrée Desrosiers, designer d'intérieur et amie du couple, en entrevue téléphonique. Ses clients lui avaient dit qu'il n'y aurait «pas grand-chose» à faire pour ce 10e projet, mais «ce n'est pas ce qui s'est passé!»

Parmi ses trouvailles, une table à café se déploie comme un papillon au salon. Cette table, on peut la surélever 30 pouces au-dessus du sol. Cela a permis de faire ici l'économie d'une «salle» à diner, explique Andrée Desrosiers.

Les castors bricoleurs n'ont reculé devant rien pour faire d'autres économies.

M. Quenneville est allé jusqu'au Saguenay pour prendre livraison d'armoires de cuisine en stratifié lustré. «Cela nous a coûté 6000$ plutôt que 30 000$ (à Montréal)», estime celui qui les a installées. La location d'un camion, l'essence et le reste n'auraient pas coûté plus de 1000$.

Maison d'architecte

Un architecte avait conçu et habité cette maison du quartier Val des arbres dans les années 1970. Ce n'est pas Habitat 67, mais il y a une parenté d'esprit. «C'est comme trois cubes différents», explique Mme Arsenault.

Vers 17h, un rai de soleil éclaire le rez-de-chaussée, cela grâce à une large fenêtre située tout en haut d'un mur de la façade avant.

Le «cube» supérieur abrite la chambre et la salle de bains des maîtres. La tête de lit dissimule judicieusement le garde-robe de chacun.

La salle de bains attenante n'a presque pas changé. Les propriétaires n'ont fait qu'un changement et non le moindre. Ils ont percé une fenêtre. Baignoire et douche crèchent séparément, comme le veut la tendance du moment.

Autre particularité: les plafonds sont en millfloor. Il n'était pas question que le couple enlève ces divisions structurales. Les plafonds furent donc conservés et peinturés en blanc, procurant texture et caractère aux pièces principales.

Seules une pièce du sous-sol et la chambre principale sont couvertes de moquette. Les treize autres pièces ont du merisier huilé ou de la céramique de porcelaine au sol.

S'ils ont eu des surprises? Oui, dans les murs. Ils étaient (et sont toujours) faits de blocs de béton. En mettre une partie à terre fut la partie la plus ardue du travail.

La cour leur réservait d'autres misères. La piscine n'était pas fonctionnelle. Cela, ils le savaient. «Ça a coûté quand même assez cher de la faire reconditionner», affirme M. Quenneville.

Aux couples qui souhaitent suivre leurs traces, Luc Quenneville et Nicole Arsenault conseillent de travailler avec un designer. De travailler avec un plan et ne pas y déroger. De commencer par une petite rénovation. Et «d'être sûr de son couple». «Parce qu'il y a beaucoup de discussions et de désaccords à prévoir.»

Si leur couple a survécu à 10 rénovations, il y a de l'espoir pour les autres!