Un feu de foyer crépitait. Une soupe mijotait sur le poêle.

Vraiment, la maîtresse des lieux avait mis toute la gomme pour attiser les deux visiteurs intéressés par la maison où elle offrait des cours de cuisine. «Elle nous avait attrapés bien comme il faut», se souvient Geneviève Lefebvre en lançant un regard complice à son mari au-dessus de l'îlot de la cuisine qu'ils se sont depuis appropriée et qu'une fenêtre de toit réchauffe hiver comme été.

Ces jeunes professionnels étaient des locataires à la recherche d'une première maison en 1999. Mme Lefebvre dit avoir eu eu un «coup de coeur» dès la première visite. C'était l'hiver. La femme originaire de Châteauguay aime les vieilles maisons et celle-ci datant de 1875 lui parlait avec ses murs en pierre de taille et sa localisation dans l'ancien village de Bordeaux (arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville), non loin de la rivière des Prairies qu'une passerelle - accessible seulement aux piétons et aux cyclistes - permet d'enjamber tout près, via le boulevard Gouin.

Une fois propriétaires, Geneviève Lefebvre et Mario Cormier ont appris avec délice qu'un ancien conseiller de Bordeaux, Gordien Ménard fils, y avait habité... et que son élection avait été contestée parce qu'il logeait chez ses parents.

La toiture et la tourelle témoignent d'une prestance quelque peu érodée au cours du siècle dernier, jusqu'à ce qu'un Italien en fasse l'acquisition et la rénove dans les années 80, relate M. Cormier. Une galerie de bois, visible sur une illustration d'archives, aurait disparu pour faire place à des balcons lesquels déparaient la façade avant. Ceux-ci ont disparu. Maintenant seules deux rampes en fer, et du lierre, grimpent sur le devant de l'habitation.

Le couple l'a acquise pour moins de 200 000$. Douze ans plus tard, il en demande 729 000$. Le secteur s'est beaucoup apprécié, fait valoir M. Cormier, et le couple de 38 ans a procédé à plusieurs rénovations.

Les rénovations de la salle de bains, à l'étage, leur ont causé quelques soucis. Mme Lefebvre était alors sur le point d'accoucher de jumeaux...

La transformation de la cuisine leur a causé moins d'ennuis deux ans plus tard, les quatre membres de la famille ayant pu cette fois se retrancher dans la salle à manger pendant toute la durée des travaux et continuer d'utiliser l'entrée d'eau de la salle de lessive attenante à la cuisine (également rénovée en 2009).

La grand-mère de Mathis et de Zachary a participé aux rénovations. «Notre conseillère déco, c'est sa mère», dit Mme Lefebvre. Ainsi belle-maman leur a recommandé un plancher en liège. Ce matériau se révèle confortable, absorbant comme la semelle d'une espadrille, silencieux. Surtout, c'est «plus chaud que de la céramique» dans cette annexe «qui date probablement des années 1920».

«Nous pensions rester longtemps ici, alors nous avons fait une cuisine vraiment à notre goût», poursuit M. Cormier: armoires pleine hauteur, surfaces de travail agrandies, Réfrigérateur aussi volumineux que le congélateur. Un îlot dissimule deux bancs escamotables à l'usage exclusif des enfants, avec des rangements à leur portée.

Le père travaille en informatique. De retour chez lui, il aime se détendre au salon, pièce avec foyer qui, à une autre époque, a servi de chambre aux six filles d'une famille, d'après le récit d'un vieux voisin. Le salon actuel et la cuisine sont aménagés de part et d'autre du mur en pierre de l'ancienne façade arrière.

Cadre dans une firme d'ingénierie, la mère n'a pas eu le temps de parler de sa pièce préférée avant de filer vers la garderie. S'agirait-il de la salle de bains au plancher en travertin dans laquelle le couple a réussi tant bien que mal à loger une baignoire thérapeutique? Une fenêtre de toit éclaire cette petite pièce. Au mur, une percée expose le revêtement de pierre et sert de niche pour les bougies qu'affectionne Mme Lefebvre.

Les enfants disposent de deux coins jeu dont l'un au sous-sol (aménagé) mais attention, ce lieu est réservé aux moins de six pieds. Les proprios ont songé à élever la construction et à excaver plus profondément. Ils ont opté pour le statu quo.

À l'extérieur, la famille dispose d'une cour gazonnée au centre de laquelle pousse un érable centenaire. Des cèdres isolent partiellement le terrain d'environ 6000 pieds carrés et la terrasse surélevée. De là on rejoint la cuisine en passant par l'entrée de tous les jours, au plancher en ardoise.

S'ils veulent vendre, c'est pour déménager avec le père de Mme Lefebvre, dans une maison multigénérationnelle, sur l'île Jésus. Apparemment, la flamme brille encore, mais ils sont prêts à passer le flambeau, peut-être à l'un des internautes ayant récemment élu cette maison «coup de coeur» DuProprio de la semaine.

Prix demandé: 749 000$ révisé à 729 000$

Année de construction: 1875

Nombre de pièces: 9 dont 3 chambres + 1 salle de bains + 1 salle d'eau

Évaluation municipale: n. d.

Impôt foncier: 3506$

Taxe scolaire: 730$

Contact: Genevive Lefebvre et Mario Cormier, 514-745-1037