Dans l'atelier de Jean-Pierre Fauteux, des planches de frêne, de hêtre et de tremble reposent sur des tréteaux. Chaque essence passionne l'autoconstructeur de 53 ans et toutes poussent près de son atelier rouge, planté dans un décor boisé en Estrie.

Pour ériger la maison où il habite avec Line Richer et leur fils à Stukely-Sud, il a bûché son bois, qu'il a transporté à la scierie d'une localité voisine. Le couple a réalisé des économies substantielles en utilisant aussi du bois séché et machiné provenant de bûcherons de la région à 40 km de là.

La charpente de la maison est en sapin. L'escalier est en mélèze. Les armoires et les comptoirs de la cuisine sont en cerisier (local lui aussi). Le revêtement des murs extérieurs? Du cèdre de l'est, un bois formidable, imputrescible. Un autre produit local et en plus, «ça sent bon!»

Inspiration scandinave

Les maisons scandinaves ont inspiré Jean-Pierre et Line, pour l'apparence, mais pas seulement. Une longue réflexion et des recherches documentaires au Centre canadien d'architecture ont précédé les premiers coups de marteau en 2000.

Le couple voulait une maison solaire passive avec un vestibule de plain-pied avec l'entrée.

Le vestibule jouxté d'une chambre froide s'avère bien pratique pour décharger des provisions sitôt rentrés de l'épicerie... et pour laisser les «huit sortes de bottes» de tout un chacun. «Au Québec on fait souvent semblant qu'il n'y a pas d'hiver et on préfère dépenser pour ce qui flashe plutôt que pour des choses utilitaires. En Finlande et en Suède, ils savent comment construire des maisons.»

M. Fauteux a privilégié des matériaux durables et recyclables. Exit donc le PVC. Surtout, il insiste sur l'esprit pratique qui devrait présider à l'édification de toute habitation. Exemple: des rangements intégrés aux murs. Chacune des trois chambres en est pourvue. De profonds tiroirs de bois de style Shaker séparent penderies d'hiver et d'été.

Cette maison rustique a un défaut, concède M. Fauteux. La pièce au-dessus de la chambre froide n'est pas bien isolée. Une personne normalement constituée a besoin d'une petite laine pour y travailler à l'ordinateur. Aménagé du côté nord, ce bureau s'ouvre sur un paysage caractéristique des Cantons-de-l'Est par-delà une prairie.

La directrice artistique des Correspondances d'Eastman profite de ces vues en déjeunant sur la galerie en rez-de-jardin.

Son coin lecture est l'un des plus chauds de la maison, dans le séjour du rez-de-chaussée.

Conception solaire passive

Une dalle de béton au sol absorbe la chaleur du soleil 12 mois par année grâce à une fenestration généreuse du côté le plus ensoleillé. C'est le principe des maisons solaires passives.

Un ventilateur-récupérateur de chaleur comme ceux qu'on installe dans des maisons certifiées Novoclimat assure la circulation de l'air aux deux étages, indique Luc Muyldermans, l'ingénieur ayant agi comme mentor auprès de M. Fauteux lors de la construction.

Dans ce type de construction, les ouvertures du côté sud doivent correspondre à 10% de la superficie au sol, précise M. Muyldermans. Ainsi pour une maison totalisant 2000 pieds carrés habitables, il faudra prévoir 200 pi ca d'ouvertures, exclusivement sur la façade sud.

Il y en a un peu moins ici.

«Souvent les gens pensent qu'il faut mettre des vitres du plafond au plancher (pour que cela fonctionne), mais ce n'est pas nécessaire», estime Mme Richer. D'immenses fenêtres peuvent surchauffer l'intérieur, dit-elle, voire entraîner des coûts dans l'achat de toiles solaires hors normes.

Ici, point de climatiseur.

Par une nuit fraîche, il s'agirait de laisser les fenêtres ouvertes pour refroidir la masse thermique.

En été, les rayons du soleil, plus haut sur l'horizon, tombent plus dru qu'en hiver au sol, limitant l'exposition de cet immense «calorifère». Parce qu'en plus de la chaleur solaire, un poêle au bois participe au chauffage; une partie de la chaleur produite par le poêle élève la température de l'eau circulant dans des tuyaux fixés sous le revêtement de sol du rez-de-chaussée.

Il ne faut pas plus de six ou sept cordes de bois annuellement pour chauffer la maison de 2100 pieds carrés, selon M. Fauteux.

La seule source de chauffage électrique se trouve dans la salle de bains (plinthe à convection).

«Ce n'est pas une maison ultrachic, mais bien pensée», résume le vendeur.

Domaine de 120 acres

Elle devrait plaire à des gens soucieux de l'environnement qui «sauront apprécier les économies d'énergie». Des gens qui ne voudront pas d'un sous-sol.

Avis aux skieurs de fond: c'est un domaine qui est à vendre. La propriété s'étend sur 120 acres. Quatre acres sont dégagés. Le reste est boisé.

Il y a un hangar en plus de l'atelier.

Mme Richer et M. Fauteux retournent à la grande ville pour des raisons professionnelles.

Que retiennent-ils de l'aventure? «Que c'est agréable de créer sa maison, de la penser et de la construire soi-même», conclut M. Fauteux.

EN BREF:

Prix demandé : 549 000 $

Année de construction : 2001

Pièces : 9 dont 3 chambres + 1 salle de bain + 1 salle d'eau

Inclut trois bâtiments et un terrain zoné vert de 120 acres

Évaluation municipale : 321 500 $

Vendeur : Jean-Pierre Fauteux, jp_fauteux@cooptel.qc.ca