Il y a de ces coins discrets qu'on ne soupçonne pas, même s'ils se cachent à deux pas des autoroutes. Prenez le secteur Préville-en-Bas, par exemple. Si vous n'êtes pas de Saint-Lambert, vous ignorez probablement que cette petite oasis, à quelques minutes des ponts Victoria et Champlain, abrite un quartier on ne peut plus confidentiel.

Entre les arbres centenaires et les jardins ciselés au manucure se trouvent au moins une vingtaine de maisons joliment disposées, construites au milieu du siècle dernier. Bien sûr, il y a deux ou trois centenaires et des édifices plus modernes, mais la plupart des propriétés datent des années 50. Celle de la famille Mondor-Jean a vu le jour en 1952. Une époque où les terrains étaient beaucoup plus grands (et presque plus importants) que les constructions. La maison, répartie sur six demi-étages, ne fait pas exception. Le terrain fait plus de 25 000 pieds carrés. «C'est ce qui nous a séduits quand on a visité la maison», se souvient Thérèse Mondor. On la comprend. 

De grandes fenêtres à l'arrière de la résidence s'ouvrent sur l'immense jardin. Avec ses îlots fleuris, sa fontaine et son bain romain, le coup d'oeil est impressionnant. Du patio en pierre, on se sent isolé et en pleine campagne. Il n'y a aucun voisin à l'arrière, le terrain adjacent n'est même pas défriché. À droite, c'est un vaste parc public. «C'était le terrain de la bibliothèque municipale, mais elle a été démolie au début des années 70», explique la propriétaire. Enfin, à gauche, un petit chemin donne accès à la maison voisine, le manoir Simard. Il n'y a ni trottoir ni lampadaire dans le quartier. Si ce n'était le bruit agaçant des voitures de l'autre côté des arbres, on se croirait dans un village isolé.

Depuis qu'ils en ont fait l'acquisition, les Mondor-Jean ont effectué plusieurs modifications à leur maison, à la fois pour la mettre à leur goût et pour en conserver la valeur. La maison avait un cachet qu'on retrouve dans les maisons de la campagne anglaise ou dans certains quartiers comme Montréal-Ouest. «On tenait à garder cette même empreinte, avec les boiseries chaleureuses et les teintes ensoleillées», confie Mme Mondor.

La cuisine et les deux salles de bains ont été repensées et améliorées dans cet esprit. Un ébéniste a fabriqué les armoires de la cuisine de style Shaker aux accents de miel ambré. Le choix de couleur s'inspire des boiseries de la maison et des meubles de la salle à manger adjacente. Elles sont huilées ou recouvertes d'un vernis satiné. Le point de départ a sans contredit été le plancher d'origine de la cuisine en tomettes de Vence patinées de teintes diverses s'apparentant au terra cota.Les salles de bains ont subi une solide cure de rajeunissement. Mais il n'y a pas d'inox ni de béton poli ici. Les tuiles sont en marbre brut et la robinetterie, en laiton. La douche vitrée confère une note plus moderne, mais grâce au carrelage décliné en bleu, elle se marie aux tons sobres de la maison.

Il y a plusieurs demi-étages dans cette propriété. Six, claironnaient fièrement les garçons de la famille quand ils étaient petits. Chaque demi-étage a sa vocation. Le rez-de-chaussée est celui des pièces communes: le salon, le séjour, la salle à manger et la cuisine, ainsi que le hall d'entrée. Aux divers étages du haut, on trouve un charmant boudoir dont les fenêtres donnent sur le jardin, une salle de bains, les chambres et un bureau. Il faut grimper quatre ou cinq marches pour passer d'un étage à l'autre. En bas, une grande pièce sert de salle familiale pour les garçons devenus jeunes adultes. «C'était le garage que nous avons transformé en séjour», explique la propriétaire. Le coin lessive est jumelé à la seconde salle de bains. Un sous-sol sert à ranger le surplus qui n'a pas trouvé sa place dans les placards du haut.

Les trois chambres sont de bonne taille. Celle des parents est séparée d'un petit hall par un mur de boiseries vitrées. Une oeuvre inédite qui vient sans doute du premier propriétaire, le renommé architecte Howard Spence-Sales. M. Spence-Sales était également professeur d'architecture à l'Université McGill et avait conçu le projet Préville. Il avait fait construire la maison ainsi que d'autres dans le secteur. On lui doit l'harmonisation entre les constructions et la nature, un thème dont il s'était fait une spécialité. Pour lui, la banlieue représentait le berceau de la civilisation, rien de moins.

La propriété a également connu des rénovations moins apparentes comme la cheminée du salon adaptée à la combustion lente, la réfection des toitures, celle des communications aux égouts municipaux refaites récemment.

La famille quitte Préville-en-Bas, maintenant intégré à Saint-Lambert, pour une maison au bord de l'eau. Elle gardera un pied-à-terre en ville.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Une des salles de bains

LA MAISON EN BREF

> Prix demandé: 779 000$

> Nombre de pièces : dix, dont trois chambres

> Deux salles de bains

> À noter: le cachet et le magnifique terrain de 25 700 pi2

> Agentes: Marie Beauregard et Elizabeth Solek, Royal Lepage Dynastie, 450-672-0321

Photo: Bernard Brault, La Presse

Un bain romain trône au milieu du grand jardin