Pas facile de vendre l'incomparable, l'unique et l'exclusif. Depuis trois ans, l'agent immobilier Daniel Dagenais se démène pour trouver un acheteur à cet immense domaine situé sur l'Île-Bizard, mais en vain.

Pas facile de vendre l'incomparable, l'unique et l'exclusif. Depuis trois ans, l'agent immobilier Daniel Dagenais se démène pour trouver un acheteur à cet immense domaine situé sur l'Île-Bizard, mais en vain.

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 Pourtant, malgré son prix élevé, à 1,5 million$, cette propriété possède, sur papier, tous les éléments pour faire rêver les gens aisés: une grande maison ancestrale datant du XVIIIe siècle, un terrain de 1,5 million de pieds carrés - soit l'équivalent de 23 terrains de football -, 1000 pieds sur les berges de la rivière des Prairies et, en prime, un étang privé.

 Ce type de domaine se trouve normalement à la campagne, sauf que celui-ci se situe à Montréal. «Cette propriété offre les mêmes avantages qu'un domaine de la même taille à Tremblant ou dans les Cantons-de-l'Est, à l'avantage qu'ici, on se trouve à proximité de tout», explique l'agent immobilier.

 Toutefois, cette propriété possède quelques irritants qui font fuir les acheteurs. Son immense terrain de 1,5 million de pieds carrés se trouve, en partie, en zone inondable. Impossible donc d'y construire une seconde propriété au bord de l'eau, face au parc-nature du Cap-Saint-Jacques. C'est ce qui explique les taxes foncières si basses.

 «Cependant, il serait possible de subdiviser le lot en deux pour construire une maison plus près de la rivière, dans une zone non inondable», dit M. Dagenais. Le hic, c'est que dans cette zone, les rives du cours d'eau appartiennent à Hydro-Québec. Les propriétaires ne pourraient donc pas installer un quai, par exemple.

 Quant à la maison, elle a subi des rénovations majeures dans les années 1930 qui lui ont enlevé une partie de son cachet historique. Pour cette raison, elle n'a jamais été classée patrimoniale. Toutefois, pour les futurs acquéreurs, il s'agit peut-être d'un atout, car ils pourront la rénover sans se préoccuper des contraintes du ministère de la Culture et des Communications.

 À l'intérieur, peu d'améliorations ont été apportées au cours des dernières décennies. Donc, pas de luxueuse cuisine, pas de cinéma-maison, pas de bain à remous. Bref, pas ce qui meuble normalement la vie des gens riches et célèbres. D'où le manque d'intérêt des acheteurs, qui peuvent trouver des propriétés au goût du jour, avec tout le confort moderne, à moindre prix, en sacrifiant sur la superficie du terrain.

 Malgré ses points négatifs, cet immense domaine regorge de potentiel. Le terrain est actuellement boisé et traversé par quelques sentiers qui mènent à la rivière des Prairies et à l'étang privé. En l'arpentant, on se croirait perdu dans le fin fond des bois. «Les possibilités d'aménagement sont illimitées. Moi, je pense immédiatement à un parc privé ou un centre équestre», affirme l'agent. Il suffit d'embaucher un Frederick Law Olmsted du XXIe siècle pour transformer les lieux.

 Plantée dans un décor bucolique, la maison conserve quelques attributs architecturaux de la fin du XVIIIe siècle, comme ses imposants murs de pierre de plus de deux pieds d'épaisseur. Elle comptait autrefois quatre foyers, mais un seul est encore fonctionnel. Trois chambres à coucher se trouvent à l'étage et une chambre supplémentaire (ou salon) a été aménagée dans le grenier. Le bureau, doté d'une généreuse fenestration, est splendide et, de l'immense véranda, des vues sur la nature environnante s'offrent aux visiteurs.

 La maison se trouve isolée de la rue Cherrier par une grande haie de cèdre, ce qui lui procure une grande intimité. On y accède par une entrée circulaire, qui nous dirige vers un garage double où se trouve également un appartement pour les domestiques. Ce logement est inhabité depuis des lustres et nécessite des rénovations importantes avant d'y loger ses invités.

 Les lieux ont déjà été convoités par les instances municipales en vue d'y faire un parc, qui aurait fait face au Cap-Saint-Jacques, sur l'autre rive de la rivière des Prairies. «Cependant, le budget n'a jamais été débloqué pour en faire l'acquisition», explique M. Dagenais. Le territoire est présentement zoné agricole, comme à peu près la moitié de cette île.

 Le seigneur de l'Île-Bizard va-t-il se manifester?

 La maison en bref

 > Prix demandé: 1,5 million

> Évaluation municipale: 413 400$

> Nombre de pièces: 8

> Salle de bains: 1

> Salle d'eau: 2

> Arrondissement: L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève

  Illustration(s) :

 Photos Rémi Lemée, La presse

Au rez-de-chaussée, l'immense salon-salle à manger aurait servi de décor à quelques films.

 Travailler dans ce bureau, c'est comme travailler en pleine nature grâce à son imposante fenestration.

 La véranda offre de splendides vues sur la nature environnante.

 Peu d'améliorations ont été apportées à la cuisine au cours des dernières décennies.

 Tous les murs à l'étage sont recouverts de bois, y compris dans la chambre à coucher principale.

 Cette résidence de la rue Cherrier, sur l'Île-Bizard, aurait été construite au XVIIIe siècle, mais aurait subi de profondes modifications dans les années 1930.