L'utilisation des poêles et des foyers au bois sera-t-elle interdite à Montréal en 2018, à la suite de l'adoption d'un règlement municipal pour protéger la qualité de l'air ?

Pas nécessairement. D'abord, une date importante à retenir : le 1er octobre 2018. À partir de ce moment, dans l'île de Montréal, seuls les appareils à combustible solide (poêles, foyers conçus pour brûler les bûches de bois ou toute autre matière solide comme les bûches écologiques, les granules ou le charbon) n'émettant pas plus de « 2,5 g à l'heure (g/h) de particules fines dans l'atmosphère » pourront fonctionner. C'est ce que stipule le règlement adopté par la Ville. Cette norme s'aligne sur celle qui devrait être mise en oeuvre en 2020 aux États-Unis par l'Environmental Protection Agency (EPA).

Les foyers ne seront donc pas tous bannis. Par contre, si votre foyer ne répond pas aux nouvelles normes, il vous sera alors interdit de faire crépiter le feu dans le confort de votre salon. Rien n'oblige toutefois les propriétaires à se lancer dans les travaux : ils ne sont pas tenus de condamner leur appareil et ils auront même le droit de s'en servir dans le cas d'une panne d'électricité qui durerait plus de trois heures.

Comment faire pour savoir si son appareil est conforme ? « Le mieux, c'est de prendre des photos de la cheminée, du foyer ou du poêle et d'aller voir un détaillant spécialisé », recommande Chantal Demers, directrice générale de l'Association des professionnels du chauffage (APC). Afin de ne pas tomber sur des gens qui se proclament spécialistes du chauffage sans l'être réellement, mieux veut se tourner vers des entreprises qui sont dans le domaine depuis au moins deux ans et qui sont membres de l'APC, souligne Mme Demers.

L'annonce de l'adoption de ce nouveau règlement a contribué à augmenter l'affluence chez les vendeurs d'appareils à combustible. Les clients, inquiets, débarquent avec une multitude de questions.

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« Les clients qui viennent nous voir ne sont pas très contents », ajoute Normand Hamel, président fondateur de Poêles et foyers Rosemont. Et avec raison, car ceux-ci ont souvent payé jusqu'à 5000 $ pour l'achat d'un appareil et son installation, et certains apprennent maintenant que leur poêle ne répond plus aux normes. Ils doivent tout changer s'ils tiennent à leur feu de bois.

Et les propriétaires de poêles et foyers ne sont peut-être pas au bout de leur peine. C'est du moins ce que croit Pierre Catellier. Comme l'EPA n'a pas encore officiellement fixé sa norme d'émission de particules fines, il se peut que celle-ci soit finalement inférieure à 2,5 g/h à l'issue de la réflexion en 2020. Résultat : le client qui achète aujourd'hui un appareil à combustible solide émettant 2,4 g/h pourrait bien être encore obligé de le remplacer dans 5 ans, illustre M. Catellier. « Pour ne pas courir de risque, raconte le spécialiste, je recommande de viser 2 g/h et moins. »

FAIRE APPLIQUER LE RÈGLEMENT

Par ailleurs, la Ville de Montréal donne peu de détails sur les mesures coercitives qui seront mises en place contre ceux qui ne respecteront pas le règlement, qui ne concerne pas les appareils fonctionnant au gaz. Des amendes pourraient-elles être données ? « En ce moment, on est plus dans les mesures incitatives », indique Geneviève Dubé, relationniste aux affaires publiques à la Ville de Montréal.

Elle rappelle dans la foulée que les citoyens qui possèdent un poêle ou un foyer au bois ont jusqu'au 22 décembre pour déclarer leur appareil. Il est possible de le faire en ligne ou encore dans les bureaux d'Accès Montréal.

Cette déclaration est obligatoire. Dès janvier 2016, on demandera également aux citoyens de ne pas faire fonctionner leur appareil pendant les épisodes de smog. Des alertes seront diffusées sur le site internet de la Ville et également sur les écrans dans les stations de métro. On compte environ 50 000 foyers et poêles au bois dans les 19 arrondissements de Montréal.