Elles ont de quoi nous rendre fous lorsqu'elles sortent par dizaines d'un plat de fruits dans lequel une banane noircissait depuis un moment. Elles ont beau mesurer moins de 4 mm, les mouches à fruits sont des insectes qui ont le don de nous exaspérer.

Rien de mieux que de connaître son ennemi avant de s'y attaquer. D'abord, leur véritable nom. Si on la surnomme «mouche à fruits», la Drosophila melanogaster, ou mouche drosophile, n'est pas la «vraie» mouche à fruits, explique Marjolaine Giroux, entomologiste à l'Insectarium de Montréal.

«Pour nous, les entomologistes, les mouches à fruits appartiennent à un autre groupe. Ce sont les Tephritidae, de petites mouches dont les ailes sont tachetées de noir. Ce sont de belles mouches», dit-elle.

Parce qu'elles recherchent les fruits bien mûrs pour se reproduire, les drosophiles se sont emparées du titre de «mouches à fruits» (ou encore mouches à vinaigre) dans la langue de tous les jours.

D'où sortent-elles au juste, lorsqu'elles apparaissent en grand nombre dans la cuisine? La plupart du temps, elles arrivent de l'épicerie ou du marché, bien installées sur un fruit avec leurs oeufs.

«L'été, elles peuvent venir de l'extérieur, on en voit par exemple autour du compost dans la cour. Mais la plupart du temps, c'est avec les fruits de l'épicerie qu'on apporte ça à la maison», dit Marjolaine Giroux.

Fraises mûres, pêches meurtries, bananes noircies: les matières en fermentation sont des milieux idéaux pour que les mouches drosophiles y déposent leurs oeufs.

En venir à bout

Vous avez beau avoir bu quelques verres de vin, les dizaines de mouches que vous voyez chercher à se baigner dans votre coupe ne sont pas le fruit de votre imagination.

Lorsqu'elle commence à se reproduire, la Drosophila melanogaster ne chôme pas. La femelle peut pondre jusqu'à 35 oeufs par jour! Une fois adultes, les drosophiles vivent plusieurs semaines. Difficile de tolérer ces colocataires aussi longtemps.

Elle a beau être entomologiste, Marjolaine Rioux a ses trucs pour se débarrasser de ces indésirables. Elle utilise des pelures de fruits qu'elle dépose dans de l'eau savonneuse. «On en met juste assez pour que la mouche reste prise au piège. Elle va se noyer dans l'eau.»

Une autre technique éprouvée consiste à mettre un peu de vin rouge dans un plat qu'on aura recouvert d'une pellicule de plastique percée de petits trous. Les mouches y entreront facilement sans pouvoir en ressortir...

Une raison d'aimer les drosophiles...

La Drosophila melanogaster dérange dans les cuisines, mais pour les scientifiques, elle se révèle d'une utilité incomparable. «C'est la mouche de laboratoire par excellence, dit l'entomologiste Marjolaine Rioux. Comme elle se reproduit rapidement, c'est l'une des mouches les plus étudiées dans le domaine génétique.» La prochaine fois que vous aurez envie de pester contre ces mouches, rappelez-vous que cette espèce a souvent donné son corps à la science!