Le chien d'à côté jappe constamment. Son maître le laisse dehors toute la journée et ne semble pas se soucier du bruit occasionné par la bête. Entre appeler la police ou aller voir directement le responsable, on hésite souvent, de peur d'envenimer les liens de bon voisinage. Pourtant, la plupart des municipalités prévoient des règlements clairs qui ciblent et encadrent spécifiquement ce type de problème.

Dans un monde idéal, tout voisin collabore lorsqu'on lui demande de faire taire son chien. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas. Certains citoyens doivent formuler une requête officielle auprès des autorités municipales pour espérer un changement de comportement lorsque le problème est récurrent.

Avec l'aide de la municipalité

Marie-Claude Perreault, chargée de communication pour l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, dans l'île de Montréal, explique le processus de traitement des plaintes concernant les chiens bruyants. Sur son territoire, le nombre de plaintes reçues se chiffre à 77 pour l'année 2013.

Lorsqu'une plainte est déposée, un dossier est ouvert et le contrevenant potentiel reçoit un avis écrit l'informant de la situation. On lui demande de résoudre le problème dans un délai de 10 à 15 jours suivant la réception de cet avis. L'identité du résidant qui contacte son arrondissement pour une plainte demeure confidentielle.

«Si les jappements persistent, un inspecteur se rendra sur les lieux pour évaluer la situation», explique Mme Perreault. Dans le cas d'un problème qui perdure, un constat d'infraction est remis après une deuxième visite de l'inspecteur. «Lorsque le constat est dressé, la situation est judiciarisée et ne relève plus de l'arrondissement. Les suivis relatifs au constat d'infraction se font à la Cour municipale», conclut la conseillère.

Cette approche par étapes donne beaucoup de temps au propriétaire pour trouver une solution au problème de jappement de son animal tout en mettant à rude épreuve la patience des voisins. Par contre, ailleurs au Québec, des municipalités sont beaucoup moins tolérantes. Selon la réglementation municipale en vigueur, plusieurs villes suggèrent une intervention en personne dès la première plainte.

Un officier municipal, un responsable de la fourrière ou un agent de la paix peut même confisquer le chien dans le cas où le maître ne serait pas sur les lieux au moment de la visite ou s'il refusait de collaborer avec les autorités et de prendre des mesures pour résoudre la situation.

Pour le propriétaire d'un chien un peu trop expressif, il est judicieux de prendre connaissance de la réglementation en vigueur et de bien comprendre le risque que comporte le fait d'ignorer les doléances du voisinage. Pour le plaignant, le processus importe peu, c'est le résultat qui compte: retrouver la quiétude le plus rapidement possible.

Des solutions pour le maître

Pour préserver les bonnes relations entre voisins, il ne faut pas attendre avant d'informer le propriétaire des dérangements occasionnés par son animal. Bien souvent, les jappements excessifs se produisent en l'absence du maître et il se peut qu'il n'en ait pas connaissance.

«L'anxiété de séparation est souvent à la base du premier jappement», explique Frédéric Labbé, maître-chien professionnel de l'école de dressage Brigade canine. Bien entendu, un jappement isolé ne dérange pas et c'est la répétition qui met les nerfs à vif: «Souvent, c'est une réponse du chien à ses propres jappements. Ça devient un jeu pour l'animal et la mauvaise habitude s'installe graduellement», poursuit M. Labbé.

Une fois mis au courant de la situation, le maître doit réagir. «On lui suggère d'isoler le chien par petites périodes, avance le spécialiste. Soit de le mettre en cage ou dans une petite pièce, et de rester dans la maison.» En habituant graduellement son chien à être seul, on peut arriver à contrer le problème d'aboiement.

Dans les cas où la démarche est infructueuse, on se tourne vers des professionnels du comportement animal: «Pour ce type d'interventions, notre taux de réussite est de 96 %», affirme M. Labbé. Et les colliers anti-aboiement? «Nous ne préconisons pas ce type d'appareil. Il ne règle pas le problème, il sert plutôt à le contourner», conclut le maître-chien.