Un peu d'eau, du bois ou du placoplâtre et deux ou trois jours d'oubli: ça y est, les moisissures se manifestent! Souvent nauséabondes, parfois invisibles, inoffensives pour certains, mais pouvant ruiner des vies, elles peuvent faire de gros dégâts. Et une fois que ces microorganismes sont installés, s'en débarrasser n'est pas une mince affaire. Voici comment prévenir et régler quelques-uns des problèmes les plus fréquents liés aux moisissures.

Les ennuis ont commencé sans crier gare, il y a deux mois, dans ce paisible logement relativement neuf - années 90 - de la couronne nord de Montréal. «Ça sentait mauvais dans la cuisine. Ça venait des armoires du bas, mais on ne voyait rien d'anormal», relate le propriétaire, Ghislain*.

Suivant son intuition - et le conseil de son agent d'assurance -, le propriétaire enlève le panneau de mélamine du fond. Horreur! L'odeur est infecte et le placoplâtre, tartiné d'un épais revêtement grisâtre.

Ghislain prend des photos du «cancer» et note la date: 19 août 2012. Sur la recommandation d'une entreprise spécialisée en nettoyage et restauration après sinistre, il calfeutre l'ouverture avec une feuille de plastique et du ruban adhésif. Cette mesure temporaire vise à protéger sa santé et celle de sa femme. «Nous n'avons pas été malades, mais ç'a quand même été dur sur le moral et sur le couple, confie le propriétaire. Ma femme et moi étions découragés.»

Le condo se trouve à l'étage d'un sextuplex. Un tuyau brisé, dans le logement au-dessus, a laissé couler de l'eau dans le mur, entre la cuisine et le salon. «Cette simple fuite a pris des proportions énormes, dit le propriétaire, compte tenu des surfaces à décontaminer et des travaux de réparation à faire ensuite.»

Zone confinée

Le jour 1 du grand nettoyage - le 24 septembre -, les techniciens spécialisés ont d'abord créé une barrière étanche entre la zone à décontaminer et le reste du logement. Puis ils ont mis en marche un capteur de poussière pour créer une pression négative dans cette zone confinée. Ensuite seulement, avec des précautions de chirurgien, ils ont ouvert la «plaie», c'est-à-dire le gypse au fond de l'armoire et celui juste derrière, dans le mur du salon. Une odeur acre intense a envahi la pièce. Les techniciens ont procédé au dégarnissage, c'est-à-dire à l'enlèvement des matériaux atteints. Ils ont enlevé deux pieds de matériau sain au-delà des dernières traces de moisissure visible. Le lendemain, ils ont procédé au nettoyage et à la décontamination des structures restantes: les 2x4, 2x6, soliveaux de plafond. Certains morceaux ont été sablés. Puis on a nettoyé avec un dégraisseur antifongique, à deux reprises, et traité les mêmes surfaces au fongicide, deux fois, avec chaque fois un fongicide différent. Ensuite, toute la zone confinée a été dépoussiérée avec un puissant aspirateur muni d'un filtre HEPA. Le troisième jour, enfin, les techniciens ont défait le confinement et nettoyé le logement au complet.

L'épreuve du labo

Après le nettoyage, on a prélevé des échantillons de surface et d'air pour les faire analyser par un laboratoire indépendant. «Le client doit attendre les résultats - ça prend 10 jours - avant de refermer les murs, explique Marc-André Béchard, d'Opti-Services. Parfois, on doit faire des petites retouches.»

Le propriétaire estime les dommages à entre 20 000$ et 25 000$, dont 6000$ seulement pour les planchers. «Il faut les refaire au complet, car on ne peut pas trouver l'exacte couleur pour remplacer seulement la partie manquante.»

Après leurs journées de travail, les techniciens sont lessivés, mais contents. «Nous ne sommes ni des pompiers ni des policiers, explique Marc-André Béchard. Nous n'améliorons pas non plus l'esthétique comme les designers et les architectes. Mais après une décontamination, nous savons que nous avons vraiment aidé les gens. Nous en tirons une grande valorisation.»

* Nous avons changé le nom du propriétaire.