Un prix de départ. Des offres d'achat remises dans des enveloppes cachetées jusqu'à une date prédéterminée. La vente d'une maison par soumission cachée est une façon de faire peu fréquente au Québec. Elle est réservée aux vendeurs qui sont motivés... et qui n'ont pas peur de prendre des risques!

Depuis un an, Bianca Larochelle et Éric Gaudette essaient de vendre leur luxueuse maison de près de 2,5 millions, à Hudson, sans succès. Afin d'attirer l'attention d'acheteurs potentiels, ils sont disposés à la laisser aller pour la moitié du prix et procèdent par soumission cachée, une façon de faire populaire en Ontario, aux États-Unis et en Australie, mais peu fréquente ici.

«Nous sommes prêts à faire des concessions sur le prix pour faire bouger les choses, explique Mme Larochelle. Nous sommes dans la quarantaine et Éric a le goût de relever d'autres défis en Floride ou aux Bahamas. Les enfants, par ailleurs, ont le bon âge pour partir.»

Designer d'intérieur et entrepreneur en construction, Bianca Larochelle et Éric Gaudette ont accordé beaucoup de soin à la construction, en 2007, de leur vaste demeure, située en bordure du terrain de golf Whitlock.

Pour ne plus avoir à gravir et descendre des escaliers, le couple a choisi de bâtir un bungalow. Leur chambre avec sa salle de bains attenante, la chambre et la salle de bains de leur plus jeune fils, ainsi qu'un bureau, se trouvent sur le même palier que la cuisine, la salle à manger, le salon, la salle familiale et le cabinet de toilette. Les plafonds, de 13 pieds de haut, les caissons, les moulures, les boiseries, les meubles et la décoration contribuent à donner une atmosphère majestueuse aux diverses pièces du rez-de-chaussée, d'une superficie de 4000 pieds carrés. Le sous-sol, avec sa salle de jeu et sa table de billard, son cinéma maison et ses deux chambres, est le fief des deux adolescents de la famille.

Marché au ralenti

Le couple en est à sa deuxième maison dans le quartier huppé Vallées d'Hudson. La première, encore plus spacieuse, avait trouvé preneur dans un délai raisonnable. Mais le marché des maisons de plus d'un million de dollars, à Hudson, est au ralenti. Sept maisons dans cette gamme de prix ont été vendues en 2008. Six autres ont changé de main en 2009. Or, en 2010, une seule a été achetée... et 20 demeures de plus de 1 million sont actuellement sur le marché.

Pour soulever l'intérêt, le couple a accepté de mettre sa maison en vente par soumission cachée à un prix de base de 991509$.

«On procède à l'envers, explique Brigitte Gordian, courtière immobilière de Re/Max Royal (Jordan). Au lieu de demander un prix de départ élevé et de le réduire à plusieurs reprises, en attendant que quelqu'un tombe en amour avec la maison, on établit dès le début le prix minimum que le propriétaire est prêt à obtenir en vendant tout de suite, et on compte obtenir davantage. C'est beaucoup de travail, les activités sont concentrées à l'intérieur d'une courte période, mais on obtient rapidement des résultats.»

Mme Gordian s'est associée pour l'occasion avec Harold Gill, courtier immobilier au sein du Groupe Sutton Performer, qui a fait ce type de transaction sept ou huit fois depuis 2006. Jamais les maisons n'ont toutefois été aussi luxueuses que celle-ci.

«Il faut donner aux acheteurs l'impression d'obtenir une aubaine, indique M. Gill. C'est important que plusieurs soient intéressés, pour faire augmenter les mises.»

Son autre préoccupation: être clair en énonçant de façon explicite les conditions de la vente. Les visites sont sur rendez-vous seulement, avec un courtier. Les offres, par ailleurs, doivent être faites par soumission cachetée, à la suite d'une inspection, et être accompagnées d'un chèque certifié, en fidéicommis, et d'une preuve de la capacité financière de l'acheteur. Les enveloppes seront ouvertes à midi, le 22 décembre, et le couple fera son choix parmi les offres déposées.

«Nous allons considérer le prix, mais aussi les conditions associées à la vente», souligne Mme Larochelle.

La vente par soumission cachée n'est pas fréquente au Québec, mais elle est tout à fait légale, selon l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) et la Chambre immobilière du Grand Montréal. «Il n'y a aucun problème, car les devoirs et obligations du courtier sont respectés», note Stéphanie Fournier, de l'OACIQ.

MLS:  8447354