Pionnières de l'efficacité énergétique, une qualité écologique, les fameuses fluocompactes sont une technologie de transition, un compromis imparfait, estiment les experts. Leur contenu en mercure ainsi que leurs émissions de champs électromagnétiques turlupinent les personnes soucieuses de santé environnementale et humaine.

Mercure: recyclage dérisoireOn doit disposer des AFCs comme d'un déchet toxique: on ne les met pas dans le sac vert, affirment, dans un bel ensemble, fabricants, détaillants et autorités publiques. (La consigne vaut aussi pour les tubes fluorescents.)

Des magasins grande surface et les écocentres les reprennent, mais encore faut-il que les citoyens les rapportent. Seulement 5% des AFCs domestique sont recyclées, selon le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec. Et ce ministère prévoie que le volume de lampes fluorescentes mises au rebut va plus que décupler en cinq ans.

Les AFCs contiennent en moyenne 5 mg de mercure (parfois trois fois plus, dépendant du type de lampe en cause), un élément neurotoxique, rappelle l'Institut national de santé publique du Québec dans un avis scientifique déposé en juillet dernier. Le risque d'exposition pour la santé est très faible, ajoute toutefois cet avis, «étant donné qu'un bris d'ampoule ne survient pas souvent», et que le cas échéant, «la période d'exposition est de courte durée». Le contenu en mercure est cinq fois moindre que dans une pile de montre et 100 fois moindre que dans un vieux thermomètre, selon le même rapport.

Par ailleurs, si on considère le portrait global, l'exposition au mercure des travailleurs chinois qui fabriquent les ampoules fluorescentes a son importance, fait valoir Magda Havas, chercheuse à l'Université Trent, en Ontario.

Enfin, pour les maisons dont l'électricité provient du mazout, lui-même générateur de mercure, l'AFC fait économiser assez d'électricité pour que son bilan soit écologique, d'après Ressources naturelle Canada. L'argument a moins de poids au Québec, royaume de l'hydroélectricité.

Rayonnement électromagnétique

«Les radiofréquences émises par les AFCs, dans l'air et dans le réseau électrique de la maison, peuvent rendre malade, affirme Magda Havas, depuis 20 ans vouée à l'impact des champs électromagnétiques sur la santé, à l'Université Trent, en Ontario. Certaines AFCs sont plus propres que d'autres sur ce point, mais malheureusement, ce n'est pas écrit sur l'emballage. Je suggère que les consommateurs continuent avec les ampoules incandescentes tant que de meilleurs bulbes, comme les DEL, ne seront pas disponibles.»

En France, les autorités et l'industrie se sont entendues pour déclarer impropres à la vente les AFCs qui émettent plus de 3 Volts/mètre (2,39 mw/cm2) à plus de 30 centimètres. «C'est un pas dans la bonne direction, affirme Stéphane Bélainsky, spécialiste de l'hygiène électromagnétique, fondateur de compagnie 3E Expertise Électromagnétique. C'est tout de même un seuil quinze fois plus élevé que celui suggéré par le groupe Bioinitiative (une exposition, à l'intérieur de nos domiciles, de moins de 0,01uw/cm2 ou 0,194 V/m). Cependant, la plupart des ampoules n'ont plus de rayonnement significatif à un mètre de distance.»

Santé Canada suivra-t-il l'exemple de nos cousins d'outremer? Pour le moment, le ministère effectue une étude sur les rayons UV et l'intensité des champs électriques et magnétiques émis par les AFCs. Les résultats, attendus l'automne dernier, ont été ensuite promis pour la fin de janvier 2010. Sur son site web, Santé Canada affirme que les rayons ultraviolets (sauf pour les personnes qui y sont hypersensibles) et les CÉMs émis par les AFCs sont négligeables pour la santé.

Économie d'électricité?

La fluorescente n'émet pas de chaleur, contrairement à l'ampoule traditionnelle, et le besoin de chauffage accru qui en découle sabote en partie l'économie d'énergie réalisée par l'éclairage. Pour une maison située à Montréal, les AFCs font économiser, en moyenne, 20$ par année en éclairage, mais 12$ seulement en électricité, si on tient compte du chauffage et de la climatisation (calculs du Centre canadien des technologies résidentielles). Suivant ces chiffres, un investissement de 40$, pour changer les incandescentes par des fluocompactes, est rentabilisé en 3 à 4 ans.

www.ccht-cctr.gc.ca

www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/iyh-vsv/prod/cfl-afc-fra.php

www.magdahavas.com

www.bioinitiative.org