Depuis l'âge de 10 ans, Yves Poissant a une passion: l'énergie solaire. Elle l'a mené à Paris et à Grenoble, où il a obtenu un doctorat en physique. Elle l'a aussi incité à installer un panneau solaire photovoltaïque et des capteurs solaires thermiques sur le toit de sa toute nouvelle maison, à Saint-Basile-le-Grand. Mieux. Depuis le mois de février, il produit une partie de l'énergie dont sa famille et lui ont besoin.

Il a entraîné dans cette singulière aventure sa conjointe, Nathalie Demers. Ensemble, ils ont pris toutes sortes de décisions qui ont d'importantes répercussions sur leur consommation d'énergie. Car production et consommation d'énergie vont de pair, explique le spécialiste des technologies photovoltaïques. «C'est un tout», précise-t-il.

 

Avant-gardistes, ils font partie des 13 (!!!) clients résidentiels qui participent au programme d'autoproduction d'électricité mis sur pied par Hydro-Québec. Cinq d'entre eux se trouvent dans la région de Montréal, à Brossard, Otterburn Park, Kirkland, Baie d'Urfé... et Saint-Basile-le-Grand. Le principe? Ils produisent leur propre électricité à partir d'énergies renouvelables et injectent leur surplus dans le réseau d'Hydro. Ils obtiennent ainsi des crédits, qui réduisent d'autant leur facture d'électricité.

Des 13 clients résidentiels, 10 produisent de l'électricité à partir de l'énergie solaire, deux à partir de l'énergie éolienne et un à partir de ces deux types d'énergie, révèle Louis-Olivier Batty, porte-parole de la société d'État. La puissance moyenne de la plupart de leurs équipements de production d'électricité varie de 2 à 2,5 kW.

 

De la rue, la maison de Nathalie Demers et Yves Poissant ressemble aux autres. Il faut aller à l'arrière pour voir sur le toit les deux capteurs solaires thermiques qui servent à chauffer l'eau, de même que le panneau solaire photovoltaïque de 10 mètres carrés, qui convertit la lumière en électricité. D'une puissance de 1,3 kW, le système injecte ces temps-ci dans le réseau environ 20 kWh par semaine.«Nous consommons environ la moitié de l'électricité que nous produisons et nous exportons l'autre moitié, explique M. Poissant, qui travaille chez CanmetÉNERGIE, de Ressources Naturelles Canada, un des plus importants centres de recherche au pays sur les énergies renouvelables.

Entendons-nous. Il n'y a aucun gaspillage d'énergie chez les Demers-Poissant. Le couple, qui a un petit garçon de 2 ans, Ludovic, et attend un autre enfant en décembre, a adopté diverses mesures afin de consommer l'énergie de la façon la plus efficace possible.

Le cottage de 2500 pieds carrés (en comptant le sous-sol, mais pas le garage) est certifié Novoclimat. «C'était la première étape, souligne M. Poissant. Nous nous sommes assurés que la maison était étanche à l'air et bien isolée.»

Les propriétaires ont par ailleurs tiré profit de l'énergie solaire passive. La vaste salle familiale au rez-de-chaussée, par exemple, orientée vers le sud-est et le sud-ouest, est dotée de grandes fenêtres qui laissent entrer les chauds rayons du soleil. Au nord, par contre, il y a peu de fenêtres. L'hiver, le cottage étant bien isolé et hermétique, les propriétaires ne mettent pas le chauffage le jour lorsqu'ils ne sont pas là, ni la nuit.

Ajoutez à cela une thermopompe, un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC), un système de récupération de chaleur des eaux grises Power-Pipe, deux capteurs solaires et un panneau solaire photovoltaïque. Considérant l'impact environnemental de chacune de leur décision, ils ont investi environ 7% du coût de construction de la maison dans l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables (environ 25 000$ sur une maison d'environ 350 000$, excluant le terrain). Leur budget? Les 30 000$ épargnés en renonçant à des murs de brique sur les côtés et à l'arrière. Chacun coûtant 10 000$, ils les ont remplacés par des murs en clin de vinyle.

Résultat? «Nous consommons trois fois moins que nos voisins, dans une maison de même taille», révèle fièrement Yves Poissant. Et ils cherchent sans cesse à s'améliorer!

Quelques chiffres

> Coût de construction de la maison: 350 000$

> Investissement dans l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables: environ 25 000$

> Coût pour être conforme à la certification Novoclimat: 5000$ (2000$ ont été remboursés par l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec)

> Thermopompe: environ 5000$

> Ventilateur récupérateur de chaleur (VRC): 1500$

> Système de récupération de chaleur des eaux grises Power-Pipe: 800$ (Ils n'ont pas profité de la remise de 200$ que fournit Hydro-Québec jusqu'au 30 sept.)

> Deux capteurs solaires thermiques sur le toit et chauffe-eau solaire domestique: 4700$ (Ils n'ont pas profité de l'aide financière qu'accorde actuellement l'Agence de l'efficacité énergétique)

> Panneau solaire photovoltaïque de 10 mètres carrés: 10 000$ (installation incluse)

> Économies totales anticipées, grâce à toutes les mesures adoptées: environ 2000$ par année

> Rentabilité de l'investissement: 8% par année (non imposable)

Photo: Robert Mailloux, La Presse

La maison de Nathalie Demers et Yves Poissant à Saint-Basile-le-Grand.