Votre maison est presque neuve. À peine 10 ans et son revêtement de toit en bardeau d'asphalte noircit. Cela vous choque, vous démoralise même. Vous allez jusqu'à croire qu'il est «fini» et qu'on vous a refilé un mauvais produit. En fait, ce sont des cyanobactéries (algues) qui l'ont assombri sans toutefois hypothéquer son espérance de vie utile. Heureusement, il y a moyen de s'en débarrasser.

Le bardeau d'asphalte de votre toit, au nord, disparaît sous de longues traînées noirâtres formant des ombres. Vous trouvez ça laid. Pire, vous croyez votre revêtement fatigué et êtes persuadé de la nécessité de le remplacer. «Il a fait son temps», capitulez-vous. Peut-être avez-vous tort.

 

«Le noircissement du bardeau, après 10 ans d'âge d'ordinaire, est fréquent sur les toitures orientées au nord et assiégées par des arbres», déclare Mario Grondines, inspecteur en bâtiment au service d'Habitation Expert Conseil de Loretteville.

L'humidité, captive sous le ramage de feuillus, par exemple, donne lieu à la colonisation du revêtement par une algue nommée Gloeocapsa. D'où le déploiement de noir. L'Association des fabricants de bardeau d'asphalte du Canada (AFBAC), pour sa part, révèle que les cellules de cette algue altèrent la couleur claire ou pâle du revêtement. Sans l'abîmer, toutefois.

«Pareil dérangement esthétique ne se produisait pas il y a 40 ans car le noir était la couleur standard du bardeau», rappelle Mario Grondines. Pas plus qu'il ne s'avère sur les bardeaux foncés actuels. On les croit exempts de cyanobactéries. Pourtant, ils en contiennent. Mais cela ne paraît pas.

 

Ce n'est pas un défautLe noircissement n'est pas un défaut du bardeau, pas plus qu'il ne raccourcit son espérance de vie utile. Pas pour la peine, en tout cas.

«Avant que vous n'ayez besoin de les remplacer, vous aurez sans doute changé ceux qui sont orientés sud et ouest, et qui peinent à résister aux assauts du soleil», croit M. Grondines. Ces bardeaux seront desséchés, auront commencé à perdre leur granulat de céramique, tandis que les fibres de leur feutre seront désunies.

Entre-temps, vous pouvez conserver votre bardeau tout en le débarrassant des algues qui l'assombrissent.

Pour ce, recommande l'AFBAC, préparer une solution comprenant un quart de gallon d'eau de Javel et trois quarts de gallon d'eau à laquelle on incorpore un quart de tasse de triphosphate de sodium (STP), produit en vente chez la plupart des marchands de matériaux.

En faisant en sorte que le détachant ainsi composé n'atteigne aucune autre partie de la maison ou qu'il ne dégouline pas sur les plantes au sol, appliquez-le délicatement au moyen d'une brosse à poils doux et souples. Rincez ensuite, mais doucement, au moyen d'un boyau d'arrosage. En revanche, ni pour le lavage ni pour le rinçage, on ne doit employer un jet d'eau sous pression. De peur de faire partir les granules de céramique.

Et comme l'eau de Javel peut rendre le toit glissant, il est préférable de travailler à partir d'une échelle bien assujettie au sol. À moins qu'on ne mette une planche pour éviter de marcher sur le revêtement, tout en étant soi-même attaché. Si, par ailleurs, la pente de la toiture est haute et abrupte, il faudra demander l'aide d'un entrepreneur ou d'un couvreur.

Cependant, les effets du nettoyage ne sont pas permanents, prévient l'AFBAC. «Il faudra répéter l'opération dans quelques années», dit-elle.

Élaguer

D'un autre côté, si des branches d'arbre effleurent la toiture, il faudra, sur une hauteur de quelques pieds, «élaguer pour favoriser la pénétration de la lumière et créer un couloir d'air pour chasser l'humidité», reprend Mario Grondines.

Il faut agir, cependant, avant qu'un terreau subtil ne se forme et ne donne lieu, après 20 ans par exemple, à un couvert chevelu (mousse). Pour le cas où votre toit en serait déjà affligé, il n'est pas indiqué de l'enlever car il aura pris racine dans les bardeaux mêmes. Vaudra mieux se hâter de les remplacer au complet. Après avoir rénové le pontage du toit qui a pu mollir, voire pourrir par-ci par-là.

La formation de mousse est de nature à se produire dans des quartiers et secteurs éminemment humides. Là où, comme à proximité des stations de ski, les arbres sont abondants et contigus aux propriétés.

«Les résidus, brindilles, samares, le pollen, les aiguilles des mélèzes en particulier, qui sont les plus agressantes, échouent sur les toits, se décomposent et forment un terreau», explique le conseiller en bâtiment.

Chaque automne, recommande-t-il, il faut débarrasser les lieux des débris végétaux à la brosse avant qu'ils ne s'incrustent.

Photo: Le Soleil

L'ombre des «champignons» s'étend ainsi sur de nombreux toits. Heureusement, cela n'écourte pas vraiment l'espérance de vie utile du bardeau.