Les propriétaires ne devraient pas prendre à la légère la présence de radon dans leur maison, croit l'Association pulmonaire du Québec.

Les propriétaires ne devraient pas prendre à la légère la présence de radon dans leur maison, croit l'Association pulmonaire du Québec.

 L'organisme lance cette semaine une campagne pour sensibiliser la population au radon, un gaz radioactif et cancérigène.

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 «Il faut sensibiliser les gens, mais sans les faire paniquer, déclare Louis P. Brisson, directeur général de l'APQ. Le problème survient après une longue exposition, par exemple plus de quatre heures par jour pendant 15 ou 20 ans.»

 Mais comme le radon est la deuxième cause de mortalité par cancer du poumon, il faut s'en préoccuper.

 Santé Canada recommande aux propriétaires de mesurer la concentration de radon dans leur maison à l'aide d'un dosimètre. Il doit être installé dans une pièce du niveau le plus bas de la maison où les résidants passent plusieurs heures par jour. S'il existe une chambre, un bureau ou une salle de jeu au sous-sol, c'est à cet endroit qu'il faut mesurer.

 Selon les évaluations préliminaires, jusqu'à 30 000 maisons pourraient être touchées au Québec. Mais personne ne connaît réellement les zones à risque, sauf la région d'Oka, reconnue telle dès le milieu des années 90.

 Des teneurs élevées de radon ont aussi été détectées à Mont-Saint-Hilaire, à Saint-André-d'Argenteuil et, plus récemment, dans quatre municipalités de la région de Mont-Laurier.

 Il y a du radon partout au Québec, d'autant plus que le sous-sol de la province est riche en uranium. Comme le gaz est inodore et incolore, la seule façon de le détecter est d'en mesurer la concentration.

 «Ce n'est pas parce que votre voisin n'a pas de radon dans sa maison que vous n'en avez pas non plus», souligne M. Brisson.

 Idéalement, il faut prendre les mesures pendant une période de trois mois à un an, principalement pendant les mois d'hiver, lorsque les pièces sont moins ventilées.

 S'informer avant de se lancer

 La publicité au sujet du radon semble avoir des effets pervers. Certaines compagnies tentent de profiter de la manne pour facturer le gros prix sans respecter les normes de Santé Canada, a constaté l'Association pulmonaire du Québec, qui exhorte la population à la vigilance.

 Il n'existe actuellement aucun programme de certification au Canada pour la détection du radon. Santé Canada reconnaît donc les programmes américains, soit le National Environmental Health Association (NEHA) et le National Radon Safety Board (NRSB). Certains spécialistes québécois sont par ailleurs en voie d'obtenir une certification chez nos voisins du Sud.

 Pour prévenir les problèmes, l'Association pulmonaire du Québec a décidé de se procurer des dosimètres reconnus qu'elle vend aux particuliers. Les propriétaires n'ont qu'à en installer un dans leur maison pendant la période prescrite puis à l'envoyer à Accustar, un laboratoire américain reconnu, à des fins d'analyse.

 L'association espère ainsi obtenir un portrait plus précis du radon dans la province. «Nous demandons aux gens d'autoriser le laboratoire à nous divulguer les résultats confidentiellement, de façon à pouvoir dresser une carte du radon au Québec», explique M. Brisson.

 Sensibilisé aux risques liés au gaz radon, Michel Desnoyers, un résidant de Sainte-Julie, est de ceux qui ont fait mesurer la teneur en radon de leur maison.

 La première lecture, au cours d'une période d'un mois, a révélé une concentration de 392 Bp/m³. «Ce n'était pas terriblement élevé, mais quand même assez pour nous faire dresser les cheveux sur la tête», lance-t-il.

 Il procédera maintenant à des mesures à plus long terme. «Le risque est quand même faible, mais comme la santé est un élément très important pour moi et ma famille, on a voulu faire une deuxième mesure. Si la moyenne est encore élevée, c'est sûr qu'on va entreprendre des travaux pour évacuer ce gaz à l'extérieur de la maison», ajoute M. Desnoyers.

 Parmi les travaux recommandés, il est possible de colmater les fissures au sous-sol et d'installer des capteurs qui ventilent le radon à l'extérieur des maisons. La facture peut varier de 800 à 2500$.

 Pour des mesures supérieures à 600 Bp/m³, Santé Canada recommande de procéder aux travaux dans un délai d'un an. Pour une concentration de 200 à 600 Bp/m³, les travaux devraient être faits en moins de deux ans.

LE RADON DANS L'AIR

 Le radon est un gaz radioactif, incolore et inodore qui provient de la désintégration naturelle de l'uranium présent dans les sols, les roches et l'eau souterraine. Les concentrations de radon qui se retrouvent à l'air libre sont trop faibles pour produire un effet nocif. Mais lorsque le gaz s'infiltre à l'intérieur des habitations, il peut atteindre des concentrations beaucoup plus élevées. Il peut ainsi contaminer l'air intérieur, en particulier dans les pièces confinées où l'air circule peu.

 LE RADON DANS L'EAU

 L'eau souterraine passe souvent à travers des roches renfermant de l'uranium naturel et du radium produisant du radon, gaz qui se dissout facilement dans l'eau. C'est pourquoi l'eau provenant de puits profondément creusés contient normalement des concentrations de radon beaucoup plus élevées que les eaux de surface dans les rivières, les lacs ou les ruisseaux. La relation entre la concentration de radon dans les sources d'approvisionnement d'eau et la concentration de radon dans l'air à l'intérieur dépend de plusieurs facteurs, dont le taux et le type d'utilisation de l'eau (boisson, douche, lessive...), la perte ou le transfert de radon de l'eau vers l'air et les caractéristiques de ventilation de la maison.

 LE RADON DANS LE SOL

 Le radon pénètre dans les maisons et autres bâtiments surtout à partir de la roche ou du sol sousjacents. Il a tendance à s'accumuler dans les pièces les plus basses et les moins ventilées des habitations, par exemple au soussol, où il peut atteindre des concentrations élevées.

 Le gaz peut s'infiltrer par les fissures des murs de fondation, les vides sanitaires, les drains de sol et les puisards.

 LE RADON EN CHIFFRES

 200 Bq/m3: C'est la limite acceptable de radon au Canada, en becquerels par mètre cube. Elle a longtemps été de 800 Bq/m3.

 30 000: C'est le nombre de maisons qui pourraient être touchées au Québec, selon des estimations préliminaires.

 10%: Le gaz radon a été responsable de 10% des 6300 décès liés au cancer du poumon au Québec l'an dernier.

 3000 à 4000: D'ici trois ans, entre 3000 et 4000 édifices fédéraux seront inspectés dans la province afin que l'on y mesure la concentration en radon.