Mario Lessard ne se sent plus coupable lorsqu'il arrose sa pelouse. Il a encore droit au regard accusateur de ses voisins qui jugent qu'il gaspille trop d'eau pour l'entretien de son gazon, mais lui sait que sa source d'approvisionnement est un réservoir d'eau souterrain alimenté par l'eau de pluie.

Mario Lessard ne se sent plus coupable lorsqu'il arrose sa pelouse. Il a encore droit au regard accusateur de ses voisins qui jugent qu'il gaspille trop d'eau pour l'entretien de son gazon, mais lui sait que sa source d'approvisionnement est un réservoir d'eau souterrain alimenté par l'eau de pluie.

«Je me suis déculpabilisé. Ma pelouse, j'aime ça quand elle est verte, alors je l'arrose souvent. Certains me regardent encore de travers parce qu'ils ne savent pas que c'est avec de l'eau de pluie. Mais la Ville a produit des pancartes que l'on peut mettre sur notre terrain pour dire qu'on récupère l'eau de pluie», indique l'homme d'affaires de Thetford Mines.

Avec deux partenaires, il a mis au point une façon de récupérer l'eau de pluie il y a quatre ans. Aux gouttières de la maison, il installe un capteur auquel un tuyau est rattaché. L'utilisateur peut décider de diriger l'eau captée par ce tuyau vers sa haie de cèdres ou encore sa piscine pour la remplir.

Mario Lessard et ses partenaires, copropriétaires de l'entreprise Sovotech, comptent commercialiser ce procédé dès l'an prochain. Il reconnaît toutefois que la récupération de l'eau pluviale n'est pas encore une tendance populaire. «Au Québec, les gens ne sont pas prêts à ça. Ce sont surtout avec les Villes que nous travaillons, mais les démarches sont longues.»

Jean-Charles Ostrowsky, entrepreneur en aménagement paysager de Sainte-Cécile-de-Milton, est aussi d'avis que le Québec tarde à s'initier à ce mode de récupération. «Les Québécois dorment sur la switch», lance-t-il.

Depuis une dizaine d'années, le paysagiste propose à ses clients de diriger l'eau de leurs gouttières vers un réservoir souterrain où celle-ci s'accumulera, leur permettant d'arroser leurs plantes. «Le réservoir, c'est facilement 1000$ de plus pour l'aménagement paysager. Ceux qui sont en ville et qui ont un service d'eau potable ne sont pas prêts à payer ce montant.»

«L'usine d'épuration, ça coûte cher. Ça a un impact important sur le compte de taxes des citoyens», explique M. Ostrowsky. Le paysagiste demeure optimiste et continue de croire que tôt ou tard, le gouvernement obligera les contribuables à récupérer l'eau de pluie pour leurs usages quotidiens. «C'est l'avenir», souligne-t-il.

Pas compliqué

Des moyens simples existent pour récupérer l'eau de pluie. Un simple bac de plastique avec un robinet à la base, vendu dans la plupart des quincailleries, suffit pour récolter l'eau lors d'une averse. Les gouttes accumulées peuvent être utilisées pour arroser les plantes.

Le Granbyen Didier Plaat a quant à lui détourné sa gouttière afin que l'eau qui s'en échappe lors d'averses coule dans sa piscine. Au bout de sa gouttière, il a installé un bas de nylon recyclé afin de retenir les feuilles et résidus qui pourraient s'en échapper. M. Plaat s'adonne à cette pratique depuis plus de 10 ans et jamais sa piscine n'a manqué d'eau.