Monsieur a tout de suite remarqué le garage pratico-pratique et madame, l'immense cuisine où elle s'imagine enfourner un gâteau après l'autre. Lorsqu'on magasine une maison en couple, la décision doit être prise à deux. Mais la salle de séjour insonorisée que l'un a longuement espérée ne vient pas automatiquement avec la spacieuse penderie dont rêve sa douce moitié.

Monsieur a tout de suite remarqué le garage pratico-pratique et madame, l'immense cuisine où elle s'imagine enfourner un gâteau après l'autre. Lorsqu'on magasine une maison en couple, la décision doit être prise à deux. Mais la salle de séjour insonorisée que l'un a longuement espérée ne vient pas automatiquement avec la spacieuse penderie dont rêve sa douce moitié.

La décision d'acheter une maison se prend dans les 90 premières secondes, explique Ginette Vincent, professionnelle en mise en valeur de la propriété, pratique communément appelée home staging. «C'est une décision émotive. On tombe en amour. Si on est dans une maison et que l'entrée semble embourbée, sombre et qu'il n'y a pas de bonnes odeurs, on n'aimera pas», soutient-elle.

Si l'entrée est aérée et que l'ambiance est chaleureuse, le vendeur met les chances de son côté. Le reste dépend des préférences personnelles, qui varient souvent selon le sexe de l'acheteur...

Tant les hommes que les femmes choisissent d'abord leur nouvelle résidence en fonction du quartier, croit Suzanne Bienvenu, professionnelle en communications et mise en marché de projets immobiliers. Mais pas nécessairement pour les mêmes raisons.

«Les femmes regardent beaucoup la sécurité, les voisins, la proximité des services tels le marché d'alimentation, le nettoyeur et la pharmacie, tandis que les hommes choisissent le quartier également en raison de sa proximité avec leur lieu de travail ou avec les grands axes routiers», avance-t-elle.

Les pièces favorites

Le jeu de la séduction débute à l'extérieur de la demeure convoitée, selon Mme Vincent. Au premier contact, l'homme recherche des matériaux qui demandent peu d'entretien. La femme penche plutôt pour le charme de matériaux comme le bois.

Une fois à l'intérieur, ajoute-t-elle, la femme se concentrera sur la cuisine alors que son conjoint étudiera le sous-sol et le garage.

Le salon (40 %) et la cuisine (25 %) sont les pièces préférées des propriétaires, selon un sondage de Léger Marketing mené pour la Société d'habitation du Québec (SHQ) en 2006.

Toutefois, lorsqu'on recherche du luxe, c'est la cuisine qui prend le dessus. Un rapport sur les propriétés de luxe de Maison de prestige publié en 2006 par les services immobiliers Royal LePage avance qu'une cuisine de style commercial est la caractéristique la plus importante pour 26 % des femmes et 15 % des hommes qui optent pour une résidence cossue.

Monsieur recherche aussi des pièces pour installer son équipement électronique : cinéma maison, ordinateur, chaîne stéréo. «Il va préférer des pièces plutôt fermées pour pouvoir l'installer au sous-sol ou dans une pièce extérieure pour pouvoir mettre le son beaucoup plus fort», constate Mme Vincent.

«Pour les femmes, plus il y a de portes, d'issues, de grandes fenêtres, plus elles sont attirées par la propriété», souligne la spécialiste de mise en valeur. Cette dernière estime également que madame a besoin d'une importante fenestration pour se sentir à l'aise, voir à l'extérieur et profiter de la lumière.

Couleurs, déco et rénovations

Selon Ginette Vincent, l'homme ne s'intéressera pas vraiment à la couleur des murs de la propriété visitée, mais pourra être attiré par les belles boiseries. De leur côté, les femmes considéreront davantage l'esthétique des lieux.

La déco prend néanmoins de plus en plus d'importance pour la gent masculine, soutient Mme Vincent : «Ils ont développé des goûts plus personnels, mais toujours moins que les femmes. Je ne sais pas si c'est le phénomène du célibat qui a amené ça.»

Mais encore, les acheteurs sont davantage portés à payer plus cher pour leur maison de rêve qu'à investir du temps pour la rendre à leur goût. Environ 41 % des hommes contre 30 % des femmes se disent disposés à payer plus cher pour une maison dont la décoration a été rafraîchie, selon un sondage de Royal LePage sur l'embellissement des maisons mené en 2006.

Les rénovations, une affaire de gars ? Pas tant que ça. Le quart des femmes en quête d'une maison disent en rechercher une en mauvais état avec l'intention de faire les travaux elles-mêmes, d'après un rapport sur les acheteurs de sexe féminin publié par les services immobiliers Royal LePage en avril.

Les hommes seraient aussi plus influencés par leur odorat. Selon un sondage canadien sur les attitudes par rapport à l'immobilier résidentiel publié par les services immobiliers Royal LePage en 2001, 37 % d'entre eux contre 32 % de femmes disent que l'odeur alléchante d'un pain qui cuit dans une maison qu'ils visitent pourrait faire pencher la balance en faveur de l'achat.

Les deux sexes ne sont toutefois pas en désaccord perpétuel. La situation géographique, par exemple, rallierait les deux membres d'un couple, selon Mme Vincent, puisque c'est l'âge qui pousse à choisir entre l'atmosphère trépidante de la ville et la quiétude de la campagne.

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  Avant tout, une affaire de personnalité

Le choix d'une maison est fortement influencé par la personnalité de l'acheteur puisqu'une demeure sert souvent à confirmer l'identité et le statut de son propriétaire.

«Certains acheteurs aiment montrer leur identité et classe sociale à l'extérieur. Les maisons unifamiliales et leurs meubles sont un bon moyen pour l'exprimer. Elles sont marquées de la psychologie individuelle des acheteurs, de leurs émotions, rôles, mode de vie, etc.», explique Unsal Ozdilek, professeur au département de stratégie des affaires de l'Université du Québec à Montréal.

Dans notre société, l'identité d'une femme est davantage reliée à la maison qu'elle habite que celle de son mari, croit M. Ozdilek. Les femmes seraient plus attachées à leur maison, ce qui les amènerait à la marquer, au fil du temps, de leurs signes et leurs goûts.

Mouvements sociaux

Le marché doit également s'adapter aux préférences des acheteurs. Les acteurs de la construction résidentielle conçoivent des projets en prenant le pouls du marché immobilier, soutient le professeur. Ils ne peuvent pas l'ignorer, ni procéder par leurs croyances personnelles : «On pourrait bien vouloir construire des unités très luxueuses, à des prix très élevés. Mais, si personne ne les achète, ce n'est pas un bon investissement.»

Les maisons évoluent donc au gré des changements sociaux et des rapports entre les hommes et les femmes.

Par exemple, la cuisine, qui est traditionnellement associée aux femmes, est normalement séparée des autres pièces de la maison. M. Unsal précise toutefois que, comme le statut des femmes s'est amélioré et que la formalité dans le ménage décline, les cuisines à aire ouverte deviennent de plus en plus populaires.