Les 45 étudiants des universités McGill et Concordia et les trois professeurs qui ont participé au Décathlon solaire de Chine 2018, au cours de l'été, ont remporté 3 premiers prix au terme de la compétition dans laquelle se sont affrontées 20 équipes provenant de 34 universités, dans 10 pays, qui présentaient leur vision du logement durable de l'avenir.

Et les efforts déployés par les membres de Team MTL au cours des trois dernières années pourraient avoir des suites: des démarches vont bon train pour pousser plus loin les recherches et construire de trois à cinq maisons en rangée à haute performance dans l'arrondissement du Sud-Ouest.

Un concours chaudement disputé

Rien n'a été facile à Dezhou, où les 20 équipes présentaient la maison alimentée à l'énergie solaire qu'elles avaient chacune conçue pour une famille. Les bâtiments étaient évalués selon des critères qualitatifs et quantitatifs dans 10 disciplines.

La coquille de l'habitation à haute performance de Team Mtl, qui se voulait à énergie positive (produisant plus d'énergie qu'elle n'en consomme), avait été expédiée en pièces détachées. En incluant la journée perdue pour mettre à niveau la fondation fournie par les hôtes chinois et les 3 jours requis pour assembler les 67 panneaux hyper isolés, la construction s'est échelonnée sur 22 jours.

«Ce furent 22 très longues journées, confie Michael Jemtrud, professeur agrégé à l'École d'architecture de l'Université McGill, qui a piloté le projet. On a travaillé 16 heures par jour, sauf 3 jours où nous avons dû arrêter de 12 h à 16 h parce qu'il faisait tellement chaud, 50 °C avec l'humidité, que c'était dangereux. L'une des trois fois où il a plu avec l'intensité d'un typhon, le toit n'était évidemment pas installé!»

Vaillants, les étudiants des universités McGill (en architecture et en ingénierie) et Concordia (en ingénierie et en beaux-arts) comptaient dans leurs rangs quelques étudiants du Collège Vanier et de Polytechnique Montréal. Se serrant les coudes, ils ont été les seuls à bâtir eux-mêmes leur prototype.

«Les étudiants des autres équipes étaient sur leurs ordinateurs, à l'air climatisé. Ils ont confié la construction de leur habitation à des ouvriers chinois. Leurs souliers étaient encore luisants à la fin de la compétition. Pas les nôtres», indique Rémi Dumoulin, étudiant à la maîtrise en génie du bâtiment à l'Université Concordia.

Résultat: leur bâtiment a été le mieux construit, indique Michael Jemtrud, extrêmement fier du travail d'équipe effectué du début jusqu'à la fin. En plus des trois premiers prix pour l'architecture, la viabilité commerciale et les communications, l'équipe montréalaise est revenue avec deux troisièmes prix pour l'ingénierie et l'innovation. De belles récompenses pour la centaine d'étudiants qui a participé à l'aventure au fil des trois dernières années, estime M. Jemtrud.

«Nous avons remporté le prix le plus prestigieux, pour l'architecture, précise-t-il. C'est l'épreuve à laquelle le jury accorde le plus de temps, de jour et de nuit.»

Un modèle montréalais

Plutôt que de concevoir une maison unifamiliale détachée, comme requis, Team Mtl a présenté une maison en rangée typique du marché montréalais, répondant aux besoins d'une population urbaine en constante évolution.

L'habitation de deux étages comportait deux espaces séparés pour offrir une plus grande flexibilité. Les deux sections pourraient être occupées par une seule famille ou par une famille désirant habiter près de parents âgés. La partie à l'arrière pourrait aussi servir de bureau à domicile ou de logement pour des clients Airbnb, par exemple.

PHOTO FOURNIE PAR TEAM MTL

Lors du Décathlon solaire de Chine 2018, Team Mtl a été la seule équipe à bâtir elle-même son habitation de très haute performance énergétique. Trois jours ont été requis pour assembler les 67 panneaux hyper isolés, qui formaient la coquille du bâtiment.

Le rez-de-chaussée, étroit et profond, était éclairé par un puits de lumière judicieusement installé au-dessus de l'escalier, situé au coeur du bâtiment. Les panneaux photovoltaïques, qui recouvraient le toit, n'empêchaient nullement la lumière de pénétrer à l'intérieur. Une spacieuse terrasse à l'étage procurait aussi un immense apport en luminosité.

«L'idée était de construite une maison à haute efficacité énergétique, autonome, abordable, à faible teneur en carbone, adaptée au contexte socio-économique montréalais. [...] Elle s'inscrivait dans une vision globale du développement durable», explique Ben Wareing, candidat au doctorat en architecture à l'Université McGill.

Hydro-Québec, qui a parrainé l'équipe, a mis les participants en relation avec ses chercheurs au Laboratoire des technologies de l'énergie, s'assurant du même coup que leur maison de l'avenir s'intègre bien dans son réseau électrique.

«C'est important de participer à des projets innovateurs, surtout dans des milieux universitaires, pour anticiper les besoins de l'avenir», indique Marie-Andrée Hénault, ingénieure à la direction - intégration des nouvelles technologies d'Hydro-Québec, qui s'est rendue en Chine afin de voir ce qui se fait dans les autres universités à l'échelle internationale.

De peine et de misère, Team Mtl est parvenue à atteindre une consommation énergétique nette zéro... malgré la centaine de visiteurs qui ont déambulé chaque jour dans la maison, exerçant une pression supplémentaire, imprévue, sur les systèmes. Le défi d'alimenter une voiture électrique, tout en simulant une utilisation normale de la résidence, en recevant par exemple deux groupes de huit personnes à souper et en faisant un nombre déterminé de brassées de lavage, a été relevé.

Des pourparlers sont en cours, autant avec Hydro-Québec qu'avec la Ville de Montréal, l'arrondissement du Sud-Ouest et divers organismes, afin de poursuivre les recherches dans le cadre d'un laboratoire vivant (living lab), se réjouit Michael Jemtrud. «Nous regardons à long terme, dans un cadre interdisciplinaire, et voulons impliquer aussi le secteur privé», précise le professeur agrégé de l'Université McGill. À suivre.

PHOTO FOURNIE PAR TEAM MTL

On voit ici une partie de l'équipe qui a vaillamment participé au Décathlon solaire de Chine 2018. Les étudiants provenant en grande majorité des universités McGill et Concordia, accompagnés de trois professeurs, ont construit leur habitation à haute performance en dépit de l'intense chaleur et d'épisodes de pluie torrentielle.