La «santé hypothécaire» des propriétaires immobiliers demeure relativement saine, au Québec, si on se fie aux toutes dernières statistiques publiées au Registre foncier du Québec.

En résumé, les propriétaires de maisons unifamiliales, de condos ou de «plex» demeurent relativement peu nombreux à devoir remettre les clés à leur créancier, faute de pouvoir acquitter les paiements hypothécaires. Même que leur nombre n'a jamais été aussi peu élevé depuis près de 10 ans.

«Le portrait d'ensemble est positif, constate l'économiste Joanie Fontaine, de la firme JLR Solutions foncières. Nous sommes très loin du sommet de 2009, alors que les propriétaires immobiliers étaient très nombreux à connaître des difficultés financières.»

«La crise financière avait donné du mal à de nombreux emprunteurs, qui avaient dû, dans bien des cas, renoncer à leur propriété, ou essayer de trouver des arrangements», ajoute-t-elle.

7744: nombre de préavis d'exercice (- 9 %)

2430: nombre de délaissements (- 8 %)

1752: nombre d'avis de vente sous contrôle de justice (- 18 %)

Source: Registre foncier du Québec - de mai 2017 à avril 2018)

Éviter la saisie

L'économiste souligne que les banques ont plutôt tendance, depuis nombre d'années, à reporter l'échéancier avant de «reprendre» les maisons de leurs clients emprunteurs incapables de payer l'hypothèque.

«Il y a normalement plusieurs préavis d'exercice avant d'arriver à l'étape ultime de la saisie de la maison, précise-t-elle. Ce n'est pas un processus linéaire.»

Un préavis d'exercice, dans le jargon spécialisé, est un acte qui «avertit le propriétaire que le prêteur pourrait saisir son immeuble après un certain délai en l'absence de solution». C'est généralement un avis de 60 jours.

«Les banquiers ne souhaitent pas nécessairement reprendre possession de la maison en raison, notamment, des frais de gestion très élevés lors d'une reprise de finance. Bien souvent, des négociations entre le client et son banquier vont permettre d'en arriver à un compromis.» 

Dans la région de Québec

Il y a toutefois des régions du Québec - notamment à Québec et dans Chaudière-Appalaches - qui ont connu leur part de difficultés, sur le plan hypothécaire.

Dans Chaudière-Appalaches, le nombre de préavis d'exercice a bondi de 17 % sur 12 mois et les délaissements ont augmenté de 7 %. La lenteur du marché de la revente, dans l'unifamiliale, expliquerait cette tendance haussière.

À Québec, le nombre de délaissements de condos a grimpé de 10 %. «Il faut comprendre que les ventes de condos sont plus lentes dans cette ville, explique Joanie Fontaine. Cela met de la pression sur les vendeurs, qui peuvent se retrouver en difficulté.»

Elle ajoute: «On ne parle pas de gros chiffres, tout au plus 150 cas de délaissement et de préavis d'exercice, mais ça démontre une réalité.»

À l'inverse, dans la région de Montréal, on note une baisse de 10 % du nombre de délaissements et de préavis d'exercice.

Prêts en souffrance

L'économiste de la firme JLR n'a pas de boule de cristal pour prédire la prochaine hausse des taux hypothécaires. Elle soulève toutefois «le danger» de voir des propriétaires se retrouver en défaut de paiement en cas de flambée des taux d'intérêt.

«On achète un paiement hypothécaire, et pas un prix, quand on veut devenir propriétaire, fait-elle valoir. Ça peut nous placer dans une position précaire le jour où nos finances se fragilisent et qu'on a du mal à remplir nos obligations hypothécaires, à la suite d'une hausse des taux.»

Bonne nouvelle, toutefois: selon les derniers chiffres de l'Association des banquiers du Canada relayée par la firme JLR, le taux de prêts hypothécaires «en souffrance» dans l'ensemble du Canada est passé de 0,32 % au deuxième trimestre de 2017 à 0,30 % au troisième trimestre, toujours en 2017.

À titre d'exemple, ce taux a déjà atteint 1 %, au début des années 90.