La fonction publique fédérale est le premier employeur de la population de Gatineau. La ville a donc vécu des moments fort difficiles lorsque le gouvernement Harper a décidé de réduire les dépenses en supprimant 19 000 postes en 2012. Le beau temps est toutefois revenu depuis l'arrivée au pouvoir du Parti libéral, puisque les embauches ont recommencé, ce qui a entraîné une effervescence du côté de l'immobilier.

Luc Bédard, courtier immobilier depuis 20 ans pour RE/MAX dans le secteur de Gatineau, a le sourire aux lèvres. Depuis le début de l'année 2018, ses affaires se portent bien. «L'année a commencé en lion. C'est mon meilleur trimestre depuis six ou sept ans. L'optimisme est généralisé», soutient-il. Les chiffres lui donnent raison, puisque selon les données de la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ), le nombre de ventes a connu une hausse de 6 % en 2017 par rapport à 2016, soit la troisième augmentation annuelle de suite, tandis que l'offre a quant à elle diminué de 10 % par rapport à 2016.

Au-delà de la fonction publique

De 265 350 en 2011, la population gatinoise est passée à 284 373 habitants en 2018. Bien que la fonction publique emploie 30 % de la population, elle n'est pas l'unique raison qui explique l'afflux de nouveaux résidants. Gatineau peut se targuer d'être une plaque tournante du secteur de la haute technologie. «Des deux côtés de la rivière, il y a 1800 entreprises dans ce secteur d'activité, dont 500 uniquement sur notre territoire. On parle du bureau de Motorola, CGI, etc., et de plusieurs entreprises en défense et sécurité», précise Jean Lepage, directeur général d'ID Gatineau. 

L'agroalimentaire, le tourisme, l'hôtellerie et des manufacturiers de matériel de construction figurent également parmi les principaux employeurs de la région. «En tout, il y a 7000 entreprises sur notre territoire. Notre taux de chômage en mars dernier était de 4,7 %, ce qui n'est pas très élevé. Ce qu'on constate, c'est que plusieurs secteurs affichent une pénurie de main-d'oeuvre», affirme le directeur d'ID Gatineau.

Considérée comme une ville-dortoir il y a 30 ans, Gatineau, la quatrième ville en importance au Québec, s'est affranchie de son voisin. Gatineau possède sa propre économie, et les commerces y foisonnent. «Les gens font leurs achats et se procurent des services localement. On retrouve un équilibre, on n'est plus dans une situation de fuite commerciale», constate Jean Lepage.

Bilinguisme et maisons plus abordables

Le prix médian des maisons unifamiliales a enregistré en 2017 sa hausse la plus considérable en cinq ans, avec une augmentation de 4 %, pour s'établir à 242 000 $. Une situation qui n'inquiète guère Luc Bédard. «Il y a une hausse, mais les prix ne vont pas exploser en raison des taux d'intérêt. Je vends même certaines maisons au même prix qu'en 2012. On vend évidemment un mode de vie, mais encore largement un paiement mensuel. C'est encore un marché équilibré d'acheteurs.»

D'ailleurs, de nombreux Ontariens qui travaillent à Ottawa, séparés de la ville québécoise par une simple rivière, ont fait le choix de résider à Gatineau en raison justement du prix des maisons, qui y est en moyenne de 25 à 30 % moins élevé que dans la capitale nationale. «Il y a une perception comptable que vivre en Ontario est plus avantageux. C'est exact que les impôts sont plus élevés au Québec, mais il faut aussi prendre en considération les frais de garderie, l'électricité, les taxes, l'eau, l'université et le prix des maisons qui est moins cher. Il faut aller voir son comptable pour avoir un véritable portrait financier», explique Louis-Claude Boulard, courtier immobilier pour Via Capitale Outaouais.

Cette population majoritairement anglophone qui s'installe bien souvent dans le secteur Aylmer a favorisé une diversité culturelle dont se réjouit sa population et qui fait en sorte que Gatineau affiche le plus haut taux de bilinguisme au Québec.

Des condos à profusion

Contrairement à Ottawa, plusieurs terrains sont encore à mettre en valeur dans le secteur de Gatineau. On y compte de nombreux projets pour la construction de maisons unifamiliales et de jumelés. 

Quant aux projets de condos, ils n'en finissent plus de se multiplier. Fait particulier, malgré une hausse des ventes de 12 %, les courtiers sur le terrain sont d'avis que l'offre est beaucoup trop grande par rapport à la demande. «Il se passe quelque chose dans ce segment de marché. On sent une vague des baby-boomers, mais la construction de ces condos est arrivée trop tôt sur le marché. Les prix baissent, alors les constructeurs se tournent vers la location», constate Louis-Claude Boulard. 

En chiffres

> 284 373: Nombre d'habitants à Gatineau en 2018

> 83 646 $: Revenu médian en 2015

> 83 jours: Délai de vente moyen

> 67 %: Proportion de propriétaires

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Sources: Ville de Gatineau et Centris

Photo fournie par Tourisme Outaouais

De nombreux Ontariens qui travaillent à Ottawa, séparés de la ville québécoise par une simple rivière, ont fait le choix de résider à Gatineau en raison du prix des maisons, qui y est en moyenne de 25 à 30 % moins élevé que dans la capitale nationale.