Selon un sondage mené par Léger en 2016, 71 % des premiers acheteurs souhaiteraient demeurer plus de cinq ans dans leur future propriété. Plusieurs d'entre eux espèrent même y passer leur vie. Or, les experts constatent qu'une première propriété est mise en vente après quatre ou cinq ans en moyenne.

La plupart des premiers acheteurs pensent à très long terme, selon Maxime Tardif, courtier chez Royal LePage Altitude. «Certains ont une idée romantique de la vie, y compris en immobilier, dit-il. Notre travail est de les ramener sur terre et de leur expliquer que le premier achat est souvent un achat de compromis. Généralement, ils ne trouveront pas la propriété de leurs rêves répondant à tous leurs critères dès le départ, à moins d'avoir un budget illimité. Ce qui est très rare.»

Même son de cloche pour le courtier Georges Bardagi. «Les premiers acheteurs rêvent de rester longtemps dans la même maison, entre 5 et 10 ans, explique le courtier chez Remax. Mais la vie les rattrape. Il n'y a pas moins de séparations qu'avant. Et les plans changent.»

Vision utopiste

Issu de la génération X, M. Tardif observe quelques différences de comportements chez les milléniaux. «Je vois plusieurs couples de premiers acheteurs qui se sont mariés très jeunes et qui veulent une grosse maison unifamiliale rapidement pour accueillir les enfants à venir. Ils veulent accélérer la stabilité dans leur vie. Alors que chez les X, on voulait généralement investir et bâtir avant de passer à cette étape.»

Cette vision parfois utopiste des jeunes acheteurs se reflète également dans leur planification financière. «Ils sont bien informés sur les règles du marché immobilier, mais plusieurs d'entre eux n'ont aucune idée de ce qu'ils peuvent se permettre, souligne Stéphanie Simpson, courtière hypothécaire. Comme ils ont souvent un emploi récent, ils n'ont pas nécessairement eu le temps d'économiser une grosse mise de fonds et ils ont souvent des dettes d'études.»

Un contexte qui, lorsqu'ils sont placés devant la réalité, les pousse à faire des compromis pour leur première propriété, qu'ils habiteront ensuite moins longtemps que prévu.

«Les gens prennent des prêts hypothécaires de cinq ans, mais en moyenne, ils ne se rendent pas jusqu'à la fin, car ils ont de nouveaux objectifs.»

Dans les faits, les jeunes sont plus mobiles que les générations précédentes. «Ils n'ont jamais vécu de grande récession, note Georges Bardagi. Ils n'ont pas peur du marché immobilier. Depuis 20 ans, outre quelques exceptions, le marché est en croissance constante. Alors, quand la vie les pousse à chercher un produit différent, ils n'ont pas peur du changement.»

Maxime Tardif revoit d'ailleurs ses jeunes clients après cinq ans en moyenne. «Ils ont envie d'acheter plus gros ou de changer en lien avec un nouveau projet de vie, que ce soit l'arrivée d'un enfant ou une nouvelle destination professionnelle.»

Il encourage d'ailleurs les premiers acheteurs à demeurer flexibles pour l'avenir. «Ça peut être bien de voir sa première propriété comme un tremplin donnant accès à quelque chose de plus intéressant dans l'avenir, dit-il. Comme le marché va très vite et qu'il va continuer à augmenter, particulièrement dans la région de Montréal, un bon premier achat peut devenir un levier pour la suite.»