Trois-Rivières a longtemps traîné la réputation de capitale du chômage avec un taux qui a déjà avoisiné les 14 %. Aujourd'hui, la ville a fait un virage à 180 degrés. Les Trifluviens vivent dans un milieu où le taux de chômage est d'à peine 4 % et où le prix des maisons est parmi les plus bas au Canada. En plus, selon une étude de Statistique Canada réalisée en 2015, la ville figure au deuxième rang national quant à la satisfaction à l'égard de la vie dans les régions métropolitaines.

En 2012, lorsque la centrale nucléaire Gentilly-2 a fermé ses portes à Bécancour, les contrecoups se sont fait durement sentir dans les municipalités environnantes, dont Trois-Rivières. «Près de 200 maisons de plus se sont retrouvées sur le marché», se souvient Garry Gaudreault, courtier immobilier chez RE/MAX. Aujourd'hui, il y a un retour à l'équilibre, au point que le nombre d'inscriptions a baissé de 11 % en 2017. Les maisons s'y vendent rapidement, en 94 jours en moyenne.

Ce qui avantage Trois-Rivières, c'est d'abord le prix des propriétés. «En moyenne, les maisons ont été construites dans les années 50-60, et ce sont de bonnes constructions. On peut facilement trouver une propriété pour 150 000 $. Même si les taxes peuvent être onéreuses, Trois-Rivières est un endroit qui donne une chance aux familles de s'établir», constate Hassan Chellah, courtier pour Via Capitale et président de la Chambre immobilière de la Mauricie.

C'est le secteur Cap-de-la-Madeleine qui s'est démarqué le plus au cours de la dernière année avec une progression de 10 % des ventes au dernier trimestre de 2017. «C'est un peu loin du centre-ville et certaines maisons y sont modestes, mais on peut s'y loger pour 90 000 $», explique Garry Gaudrault.

Un «gros village qui bouge»

Depuis 10 ans, Trois-Rivières compte en moyenne 1000 nouveaux résidants de plus par année. Plusieurs raisons les incitent à choisir la capitale de la Mauricie. Entre autres, on y trouve trois hôpitaux, deux cégeps, une université et une multitude d'infrastructures culturelles et sportives. Le parc national de la Mauricie est aussi tout près. «Nous sommes situés à mi-chemin de Montréal et de Québec. Des activités sont offertes toute l'année, et on trouve beaucoup de restaurants au pouce carré. Nous avons tout ce que les grandes villes ont, sans les inconvénients comme les bouchons. Trois-Rivières, c'est encore un gros village, mais qui bouge», soutient Hassan Chellah.

De nouveaux quartiers

Trois-Rivières n'est pas une ville de condos, mais certains projets misent sur ce type d'habitation. C'est le cas de Trois-Rivières sur Saint-Laurent, qui a commencé il y a quatre ans. Son développement se poursuit et il comportera prochainement une tour de 16 étages et une résidence pour aînés.

Le District 55, un projet immobilier de 800 millions de dollars, continue de prendre forme. Se développant sur les 15 prochaines années au pied du pont Laviolette, ce complexe compte déjà des commerces et des condos. Bientôt, un futur complexe de deux patinoires et un hôtel viendront s'ajouter au paysage.

Le nord de Trois-Rivières est un autre secteur qui continue de prendre forme. Cette effervescence n'a d'ailleurs pas été sans conséquences puisque la Ville a dû ralentir le développement de trois nouveaux quartiers. «L'usine d'eau potable n'a pas été conçue pour fournir l'ensemble de la ville fusionnée. Nous avons investi plus de 50 millions de dollars pour effectuer une mise à niveau des équipements. Un autre 40 millions est prévu pour accroître la capacité des réservoirs», mentionne Yvan Toutant, porte-parole de la Ville de Trois-Rivières.

Des PME créatrices d'emplois

Du côté économique, Trois-Rivières n'a pas à rougir. Mario De Tilly, directeur d'Innovation et développement économique (IDE) Trois-Rivières, estime que les projets économiques vont atteindre le milliard de dollars en deux ans. «Nous ne sommes plus dans une économie mono-industrielle. Il y a une éclosion de PME, et ce sont elles qui emploient 9 personnes sur 10.»

L'économie va si bien que les travailleurs qualifiés comme ceux qui détiennent un diplôme d'études secondaires sont recherchés. Les secteurs où la demande est la plus forte sont la métallurgie, l'aéronautique, les technologies de l'information, les pâtes et papiers, et les services. Le prochain salon de l'emploi, qui aura lieu le 28 mars, affichera plus de 600 emplois répartis au sein de 90 entreprises. «Ce qui nous inquiète est la possibilité d'une faible affluence. Notre défi est d'attirer des gens de l'extérieur. C'est pourquoi nous faisons une version virtuelle le lendemain. On veut que les gens viennent vivre et travailler chez nous. La ville est vivante, le bonheur, élevé, et on y retrouve une qualité de vie sans pareille», assure Mario De Tilly.

Trois-Rivières en chiffres

134 413: Nombre d'habitants que comptait Trois-Rivières en 2016

51 850 $: Revenu médian en 2015

94 jours: Délai de vente moyen d'une propriété

56 %: Proportion de propriétaires

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Sources: Statistique Canada et Centris

Photo Ivanoh Demers, Archives La Presse

Un complexe de commerces et de condos prend forme au pied du pont Laviolette.