Les maisons ne sont plus «achetables» à Vancouver, c'est connu. Le marché immobilier de cette ville s'est encore une fois retrouvé au troisième rang parmi les moins abordables de la planète en 2016, derrière ceux de Hong Kong et de Sydney, révèle un classement publié cette semaine.

Selon les critères utilisés par l'institut américain Demographia, un marché est considéré comme «abordable» lorsque le prix médian d'une propriété équivaut à moins de trois fois le revenu brut médian des ménages. À l'autre bout du spectre, il devient «sévèrement inabordable» lorsque les familles doivent allonger plus de 5,1 fois leur salaire annuel pour acquérir une résidence.

Le ratio observé à Vancouver est dans une classe à part: il se situe à 11,8. Le prix médian des propriétés y atteint 830 000 $, alors que le revenu médian des ménages est de 70 500 $, indique Demographia. Toronto arrive de son côté au 13e rang parmi les marchés les moins abordables du monde, avec un ratio de 7,7.

Et qu'en est-il de Montréal? La métropole arrive au 33e rang des villes les plus chères avec un ratio de 4,8, ce qui la place dans la catégorie «sérieusement inabordable» du palmarès. Le prix médian des propriétés atteint 284 700  $ dans la région métropolitaine, alors que le revenu médian des ménages est de 59 500 $, souligne l'étude.

Malgré cette position relativement peu enviable, l'accessibilité ne s'est pas dramatiquement dégradée à Montréal depuis la première parution du palmarès de Demographia, en 2004. À l'époque, le ratio se situait autour de 3.

À Vancouver, le ratio a plutôt été multiplié par deux au cours des 13 dernières années.

Montréal se démarque

Cette relative accessibilité du marché immobilier montréalais fait partie des nombreuses forces de la ville mises en lumière par Bloomberg la semaine dernière. Dans un long reportage, le très sérieux site d'information financière consacre Montréal comme «leader surprise de l'emploi» à l'échelle canadienne.

Malgré son abondance de problèmes - pensons aux embouteillages systématiques, aux pannes récurrentes du métro ou à la surgouvernance - , Montréal affiche un essor qui commence à faire jaser au-delà des frontières du Québec, constate Bloomberg.

L'article souligne que le Québec a créé 85 400 emplois à temps plein l'an dernier (pour la plupart à Montréal), soit davantage que toutes les autres provinces réunies.

Les entreprises technos, comme Ubisoft ou Breather, comptent pour une bonne partie de la création récente d'emplois à Montréal. La croissance de cette industrie permet de compenser en partie les licenciements effectués dans le secteur manufacturier, par exemple chez Bombardier, qui a annoncé 1500 suppressions de postes.

Qui plus est, les obligations émises par le gouvernement du Québec ont été les plus performantes au pays l'an dernier. L'assainissement des finances publiques québécoises est de plus en plus remarqué sur Bay Street, souligne le dossier.

Soutien pour l'immobilier

Les prévisions pour 2017 sont assez optimistes en matière de création d'emplois à Montréal, ce qui devrait soutenir le marché immobilier local. Malgré un ralentissement lié aux nouvelles règles hypothécaires fédérales, la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ) s'attend à ce que les ventes baissent moins à Montréal que dans le reste du Québec (- 5 % contre- 7  %).

Paul Cardinal, directeur de l'analyse de marché à la FCIQ, a cité récemment la forte création d'emplois à Montréal pour expliquer ce déclin moins prononcé du marché de l'habitation.

Les prix devraient même augmenter tout légèrement cette année dans la métropole (+ 1  %), alors qu'ils stagneront dans le reste de la province, prévoit la FCIQ.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Les entreprises technos, comme Ubisoft ou Breather, comptent pour une bonne partie de la création récente d'emplois à Montréal.