Donald Trump, le controversé président désigné des États-Unis, aurait amassé une fortune de plusieurs milliards grâce à ses projets immobiliers qui ont des ramifications jusqu'au Canada. Ses frasques et propos incendiaires de la dernière année ont toutefois créé un mouvement de ressac... au point où certains immeubles changeront bientôt de nom.

L'exemple le plus éclatant se trouve à New York, dans un secteur chic du quartier Upper West Side. Un complexe de trois tours résidentielles - appelé « Trump Place » - est en train de larguer le nom du président désigné, après que 600 résidants eurent signé une pétition à cet effet.

Equity Residential, le propriétaire du luxueux immeuble locatif, a confirmé cette semaine que les lettres dorées qui ornent le bâtiment vont disparaître pour de bon. Des ouvriers se sont affairés à cette tâche mercredi. L'entreprise avait l'obligation d'utiliser le nom de Trump - le promoteur initial du projet - pendant une certaine période, qui vient d'arriver à échéance.

« Il ne s'agissait pas d'une protestation faite au hasard, mais bien d'une protestation très ciblée », affirme Linda Gottlieb, l'une des résidantes à l'origine de la pétition, citée par Bloomberg.

Comme des millions de gens à travers le monde, Mme Gottlieb a été scandalisée par les propos racistes de Donald Trump ainsi que par les nombreuses allégations d'agressions sexuelles dont il a fait l'objet pendant la campagne électorale. Les locataires des trois immeubles du complexe - qui seront renommés 140, 160 et 180, Riverside Boulevard - se sont dits « embarrassés » d'habiter dans une tour arborant le nom de Trump.

Déconfiture au Canada

Il n'y a pas que dans sa ville de résidence que l'ex-vedette de téléréalité connaît des ennuis immobiliers. À Toronto, la Trump Tower, inaugurée en 2012, a été placée en liquidation judiciaire cette semaine en raison d'importantes difficultés financières.

Ce premier immeuble à porter le nom de Trump au Canada a été marqué par de nombreux ennuis dès son ouverture. Des morceaux de verre se sont détachés de l'immeuble et plusieurs investisseurs du gratte-ciel de 65 étages - qui comprend des condos et un hôtel - se plaignent d'avoir perdu une fortune dans le projet, frappé par de nombreux délais et dépassements de coûts.

Plusieurs des locaux de l'immeuble sont vides et de nombreux copropriétaires disent avoir été forcés de vendre à perte. Des procédures sont aussi en cours en vue de dissocier le nom de Trump de l'immeuble torontois, et d'empêcher sa société de gérer l'hôtel à l'avenir.

À Vancouver, l'inauguration prochaine de la Trump Tower a également été marquée par un mouvement d'opposition citoyenne. Plusieurs ont milité pour que le nom du bâtiment soit modifié, ce à quoi le promoteur Holborn Group semble complètement fermé.

L'ouverture officielle du gratte-ciel de 63 étages a été repoussée à janvier 2017, un retard qui n'aurait rien à voir avec l'élection du controversé homme politique, assure le promoteur du projet.

À Montréal

Et qu'en est-il de la présence du nom de Trump à Montréal ? En entrevue avec l'auteur de ces lignes en 2012, Donald Trump Jr., qui joue un rôle central dans l'entreprise de son père, disait avoir un oeil sur la métropole québécoise.

Il affirmait avoir déjà étudié « deux ou trois » projets à Montréal, et toujours considéré la ville comme un « marché intéressant » pour son groupe. Vu la tournure récente des événements pour la marque Trump au Canada, cette possibilité apparaît aujourd'hui de moins en moins probable.

Photo Joe O’Connal, Archives La presse canadienne 

La Trump Tower de Toronto, inaugurée en 2012, a été placée en liquidation judiciaire cette semaine en raison d'importantes difficultés financières.

Photo Darryl Dyck, La Presse canadienne 

La semaine dernière, des manifestants ont protesté contre l'inauguration prochaine de la Trump Tower à Vancouver.