Après la chute du prix des pâtes et papiers en 2008-2009, la ville de Dolbeau-Mistassini, au Lac-Saint-Jean, a vu le nombre de propriétés mises en vente sur son territoire augmenter de 40 %. À la même époque, en Abitibi-Ouest, les ventes de propriétés résidentielles ont baissé de 29 %.

La Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ) regorge de statistiques illustrant l'effet direct des fluctuations du prix des ressources naturelles sur l'emploi et l'immobilier. Les régions les plus susceptibles d'être touchées sont le Saguenay-Lac-Saint-Jean, le Nord-du-Québec, l'Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, selon Paul Cardinal, économiste à la FCIQ, qui fait le point.

Pourquoi l'industrie des ressources naturelles influence-t-elle autant le marché immobilier?

Lorsqu'on assiste à une baisse importante du prix des matières premières, on observe un frein d'embauches et une diminution des emplois. Dans ce contexte, les ventes diminuent, car les gens sont moins disposés à acheter et le nombre de travailleurs attirés par les régions est en baisse. Aussi, ceux qui choisissent de quitter la région, faute de travail, font augmenter le nombre de propriétés à vendre.

Après un certain temps, la situation entraîne une diminution des prix. Quand l'offre est importante et que la demande est limitée, l'acheteur a le gros bout du bâton dans la négociation. Il peut alors faire en sorte qu'une propriété affichée à 315 000 $ lui soit vendue 285 000 $. Et dans la foulée, les délais de vente augmentent.

Outre les moratoires et les fermetures de mines et d'usines, quels autres facteurs influencent l'immobilier?

Quand de grands pays en développement, comme la Chine, diminuent leur demande de plusieurs métaux, le prix de la matière première est déprimé et toute l'économie s'en ressent. Dans les régions minières, le marché est aussi influencé par les projets d'investissement et d'exploration minière qui sont reportés, parce qu'ils apparaissent soudainement moins rentables.

Est-ce que certaines villes des régions ressources réagissent à ces fluctuations mieux que d'autres?

Rouyn-Noranda et Saguenay s'en sortent bien, parce que leur base industrielle est diversifiée. À l'inverse, plus une région est mono-industrielle, plus son économie locale et son marché immobilier seront touchés. En cas de pertes d'emplois, les travailleurs n'ont pas ou ont peu de possibilités de se replacer. Mais il ne faut pas oublier que plusieurs personnes sont attachées à leur région et qu'ils ne la quitteront pas après avoir perdu leur boulot. Certains vont attendre une relance d'usine, une augmentation de production ou le lancement d'un projet, plutôt que de tout vendre et de partir.