Ah, le Mile End. Ses restos, ses artistes, ses pâtisseries casher, ses boutiques, et on en passe. S'y retrouve un savant dosage de vieux et de neuf qui en a fait le quartier le plus branché en ville. Avec l'arrivée d'Ubisoft et des autres boîtes qui se sont installées dans d'anciennes manufactures, les prix des propriétés y ont explosé. Beaucoup ont envie d'habiter aujourd'hui dans ce qui a toujours été un quartier d'immigrants, mais peuvent-ils se le permettre?

Le choix de Raphaëlle Catteau

L'histoire de Raphaëlle Catteau et de son mari Rodolphe tend à prouver qu'il reste des aubaines dans le quartier. Encore faut-il avoir du flair, et un peu de chance. Parents de jumelles de 3 ans, ces deux pigistes français à l'aube de la quarantaine sont arrivés à Montréal il y a deux ans et viennent de faire l'acquisition d'un condo dans le Mile End. Raphaëlle nous raconte leur histoire.

Où habitez-vous actuellement et quand avez-vous acheté?

On habite près du métro Jean-Talon. On vient tout juste de signer le contrat de vente et d'obtenir les clés. On a payé 380 000 $ pour un condo rue Hutchison, au coin de Villeneuve. On a trois chambres, 1240 pi2, au deuxième étage.

Pourquoi le Mile End?

En fait, ce n'était pas du tout au programme, même si on adorait le quartier. Ce n'était pas du tout abordable pour nous. Au départ, on n'a pas choisi le Mile End, on s'orientait vers Villeray ou Rosemont-La Petite-Patrie. Cet appartement s'est présenté parmi toutes les offres et il était en vente depuis plus d'un an, avec un prix absolument abordable, différent des autres. Donc on l'a visité, évidemment! Et la négociation a commencé. L'emplacement étant exceptionnel, juste au pied de la montagne, quand on a obtenu un prix qu'on juge inférieur au marché, on n'a pas hésité. Le vendeur n'a eu qu'une proposition en un an et c'était nous!

On s'est très bien entourés, cela dit, avant d'acheter, afin de faciliter la chose, car je trouve que ça va très, très vite, ici, l'achat d'une propriété. On a embauché un inspecteur, une très bonne courtière immobilière, un représentant bancaire, et puis tout a été très vite.

L'appartement va exiger un peu de travaux. On a un budget rénovation de 20 000 $, pour la cuisine et la salle de bains. Des rénovations personnelles, je dirais. Mais l'inspection a montré que ce n'était pas si pire que ça. Le condo a une bonne base et il est en bon état. Une partie du budget de rénovation sera aussi affectée aux travaux communs comme les balcons et le toit.

Que prévoyez-vous aimer du Mile End?

Je trouve qu'on a l'impression d'être à la campagne en ville. Au niveau où on est sur Hutchison, au pied du mont Royal, la rue est bordée d'arbres, ce qui est commun à Montréal, vous me direz, mais on adore! La rue est paisible, il y a un sentiment de calme, de sérénité, il y a peu de passants, il n'y a presque pas de voitures. Pour un Français, c'est la paix absolue! C'est comme le Neuilly parisien! On est bien là-bas, avec les petites rues à côté, les bagels, etc. 

Que prévoyez-vous aimer moins? 

On est loin du métro. On a fait le choix de ne pas être près du métro, même si on a deux petites de 3 ans. On ne peut pas tout avoir! Les taxes ne sont pas si chères que ça, on s'est beaucoup posé la question, mais elles ne sont pas si élevées.

Le mot du courtier

«À première vue, ces gens semblent avoir payé très peu pour ce qu'ils ont obtenu», explique François Bissonnette, courtier immobilier et président fondateur de l'agence Realta. 

«C'est vraiment dans le coeur de Montréal, et le Mile End, qui fait partie de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, est un secteur plus hot que le Plateau lui-même, poursuit-il. Le Mile End est plus demandé que jamais. Ubisoft a le vent dans les voiles, et il y a beaucoup d'autres sociétés qui viennent s'installer dans le quartier. Le niveau de restauration augmente sans cesse, on dirait qu'il y a un nouveau restaurant ou un nouveau café qui ouvre ses portes tous les mois!»

Pour M. Bissonnette, l'activité commerciale est donc un peu le baromètre d'un certain niveau de vie, ce qui, nécessairement, pousse le prix des propriétés vers le haut. Mais il n'y a pas que ça. 

«Ce qui fait de la pression sur les prix, c'est l'inventaire qui est plus bas. Le délai de vente moyen a recommencé à baisser cette année dans le Mile End, et on a le même nombre de ventes.»

«L'an dernier, ç'a été la meilleure année depuis 2010, et on est sur la même lancée en 2016. On s'approche d'un marché en équilibre, les acheteurs sentent un peu plus la pression. Tranquillement, il y a un effet de rareté qui s'installe», indique le courtier.

Entre 2014 et maintenant, donc, le Mile End est passé d'un marché d'acheteurs à un marché en équilibre. Si la tendance se maintient, on sera dans un marché de vendeurs à la fin de l'année ou au début de 2017. 

«Il y a une effervescence dans ce coin-là, conclut M. Bissonnette. Il n'y a aucun relâchement.»

En chiffres

313: Nombre de ventes résidentielles de janvier à août 2016 dans le Mile End.

360 000 $: Prix médian d'une copropriété de janvier à août 2016 dans le Mile End.

905: Nombre de ventes résidentielles lors des 12 derniers mois dans Le Plateau-Mont-Royal.

335 000 $: Prix médian d'une copropriété lors des 12 derniers mois dans Le Plateau-Mont-Royal.

Sources: FCIQ et Centris (statistiques fournies par François Bissonnette)

Photo André Pichette, La Presse

Raphaëlle Catteau et son mari Rodolphe viennent de faire l'acquisition d'un condo dans le Mile End.