Pour le meilleur ou pour le pire, économie et immobilier marchent main dans la main. Parlez-en aux acteurs du marché de Saguenay, qui subissent les contrecoups d'une économie qui vacille et qui n'offre pas encore les signaux d'une relance attendue.

Le lock-out de près de trois ans chez les concessionnaires automobiles de la région, qui a touché des centaines de familles, l'incertitude dans l'industrie forestière et dans la production d'aluminium réduisent l'appétit des acheteurs qui aimeraient faire l'acquisition d'une première demeure ou emménager dans une nouvelle.

« Le contexte économique est très difficile. Il y a beaucoup de pertes d'emploi et il s'en crée très peu », explique Gisele Julien, courtière immobilière Sutton. « Les gens ont de la difficulté à épargner et cela a une conséquence directe sur leur capacité à déposer une mise de fonds. Nous sommes dans un marché d'acheteurs, mais ces derniers n'ont pas nécessairement les moyens d'acquérir une propriété », indique quant à lui Thierry Desbiens, courtier immobilier chez Services immobiliers Image 2000.

Quelques embellies se pointent tout de même à l'horizon dans le Royaume en ce début d'année, alors que de nombreux locataires feront le grand saut prochainement. « Nous sommes dans une petite reprise en ce moment, car beaucoup de gens quitteront leur appartement en juillet. C'est normal. Dans l'ensemble, le marché immobilier de Saguenay est plus lent. Les acheteurs prennent beaucoup plus de temps pour réfléchir à leur achat qu'il y a quelques années », dit M. Desbiens. De son côté, Gisele Julien dit observer une hausse du nombre d'acheteurs par rapport à la même période l'année dernière.

Selon Gisele Julien, il y a en ce moment 1 acheteur pour 18 vendeurs à Saguenay, ce qui oblige ces derniers à diminuer leurs attentes, et même parfois à accepter de faire une croix sur les profits. Et le nouveau rôle d'évaluation municipal ne les aide en rien : « La Ville de Saguenay a récemment augmenté l'évaluation des maisons, sans qu'il y ait nécessairement eu d'améliorations. Ces augmentations ne sont pas réalistes. Par exemple, une maison que je vendais avant Noël était évaluée à 174 000 $. Au retour du congé des Fêtes, elle était évaluée à 194 000 $. Je dois dire à mes clients qu'ils doivent vendre sous l'évaluation municipale ».

Selon Thierry Desbiens, la différence moyenne entre le prix demandé et le prix final est de 7 %, à l'avantage des acheteurs. Malgré tout, ceux qui vendent une maison unifamiliale moins de 200 000 $ sont plus susceptibles de séduire les premiers acheteurs. Au-delà de 200 000 $, les délais de vente peuvent s'étirer jusqu'à huit mois, dit Gisele Julien.

« En fait, dit Thierry Desbiens, les acheteurs prennent le temps de vérifier leur budget deux, même trois fois. Ils ne craignent plus de perdre le produit immobilier qui les intéresse s'ils prennent plus de temps pour réfléchir. C'était complètement différent il y a quelques années. »

Source : Fédération des chambres immobilières du Québec, par l'entremise du système Centris

Sources : Institut de la statistique du Québec, Fédération des chambres immobilières du Québec