Un promoteur de Montréal transforme un duplex centenaire en spacieux condos contemporains. Bilan : des espaces très privés qui se chauffent presque tout seuls, des murs végétaux étalés sur deux étages et de nouveaux éléments patrimoniaux en façade. Description d'une métamorphose.

Comment offrir de l'espace à une jeune famille qui veut rester en ville ? On peut convertir un duplex en maison unifamiliale ou un triplex en duplex. On peut aussi procéder autrement, comme l'a fait KnightsBridge pour ce duplex centenaire de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, à Montréal. D'un coup de baguette architecturale, le promoteur montréalais a fait disparaître les anciens appartements pour leur substituer deux grands condos contemporains. 

Le constructeur voulait que chaque famille ait l'impression d'habiter une maison indépendante, autrement dit un espace très privé. « Tout un défi ! », lance Simon Boyer, associé principal. Ingénieur en structure et « passionné d'architecture », désireux par ailleurs d'occuper l'une des unités, il a lui-même dessiné les plans préliminaires. KnightsBridge visait de plus des normes écologiques élevées.

AGRANDIR

La surface habitable du bâtiment a été augmentée de 45 % par quelques interventions. Le carré de maison a été agrandi par un recul de la façade arrière (une vingtaine de pieds) ; la cave de terre battue a été creusée et aménagée en sous-sol ; enfin, on a ajouté une construction sur toit - ou mezzanine -, invisible de la rue.

Il en résulte deux spacieuses copropriétés unifamiliales baignées de lumière naturelle : un condo de 2600 pi2 et quatre chambres à coucher, en bas, et un autre de 2100 pi2 et trois chambres à coucher, en haut.

COMBIEN ? 

Le prix de ces travaux d'envergure revient à 172 $ le pied carré, tout inclus (entrepreneur général et taxes), en plus de l'achat de la propriété. Simon Boyer fait valoir que chacun des deux ménages propriétaires a payé moins cher pour son unité que s'il avait acquis le duplex entier transformé en maison unifamiliale.

FAMILLE 

« Nous cherchions depuis trois ou quatre ans une résidence plus grande », relate Catherine Lambert, qui habite le logement du bas depuis le mois de mai, avec son amoureux Jean-Daniel Gervais et leurs trois enfants : Mathias, 10 ans, Justine, 8 ans, et Charles-Émile, 4 ans. « Ici, tout est lumineux et neuf ! En prime, nous avons une ruelle verte dans laquelle les enfants jouent beaucoup. »

« Par les fenêtres, on est toujours en contact avec les éléments, soleil ou tempête de neige », se réjouit Simon Boyer.

Au sous-sol, les fenêtres des chambres, côté ruelle, donnent sur un aménagement à paliers par lequel s'engouffre la lumière du jour ainsi qu'un peu de verdure. Pour plus de vie encore, un imposant mur végétal déploie sa verdure à l'intérieur, dans la cage d'escalier, aussi présent au sous-sol qu'au rez-de-chaussée. Le concept est repris dans le domicile du haut, où un mur vert s'étale de l'étage à la mezzanine.

INTIMITÉ 

Au rez-de-chaussée, l'entrée principale ouvre sur le salon, qui communique avec l'espace cuisine et salle à manger, fermé par d'immenses fenêtres qui donnent sur quelques marches montant vers la terrasse, côté ruelle. Cette terrasse est construite sur le toit du garage. Ce dernier, une nouvelle construction détachée du bâtiment, dessert les deux copropriétés.

L'autre terrasse, qui appartient au logis du haut, occupe le toit du côté de la rue, prolongeant de plain-pied l'espace salon-cuisine-salle à manger créé par la mezzanine. « On ne se voit pas d'une terrasse à l'autre, se félicite Simon Boyer. L'intimité de chaque ménage est totale. »

ÉNERGIE 

Malgré les immenses fenêtres, chaque unité ne coûte presque rien à chauffer, affirme Simon Boyer, « grâce au soleil, à une isolation supérieure et à une grande étanchéité ». Parlant d'étanchéité, la maison obtient un résultat de 0,32 CAH au test d'infiltrométrie (CAH : changement d'air à l'heure à 50 pascals de pression), indice d'une construction très soignée. En guise de repère : la norme Novoclimat 2 place la barre à 1,50 CAH et moins. Le bâtiment est également doté de coffrages isolants aux murs de fondation et d'une dalle de béton radiante électrique à chaque niveau, celle du sous-sol étant isolée par le dessous avec 3 po d'uréthane (facteur d'isolation R-21).

« Des matériaux durables et une enveloppe très performante, ça coûte plus cher au départ, mais ça rapporte, puisque ça évite les rénovations à répétition. Moins de tracas pour le propriétaire et moins de déchets dans l'environnement ! », dit Simon Boyer. 

D'autres gestes écologiques ont été faits, comme le choix de chauffe-eau instantanés au gaz (pas de chauffage inutile ni de pertes thermiques), d'un récupérateur de chaleur des eaux usées à chaque douche et de peinture sans émanation toxique. 

« Nous avons réalisé ma maison de rêve, dit Simon Boyer. Une maison dans laquelle on se voit pour longtemps. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Trois niveaux vus de la terrasse du bas, à l’arrière. En descendant quelques marches, on accède au condo du bas, qui occupe le rez-de-chaussée et le sous-sol.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le mur végétal de cette habitation fait 7 pi de largeur sur 20 pi de hauteur.